PandémieLa France reste prudente – un oui au déconfinement, sauf si …

Pandémie / La France reste prudente – un oui au déconfinement, sauf si …
Dans les trains, et plus que tout dans les bus et métros aux heures de pointe, il sera impossible de conserver la fameuse „distanciation sociale“ Photo: AFP/Geoffroy van der Hasselt

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Edouard Philippe a présenté hier après-midi à l’Assemblée nationale, siégeant en configuration réduite (75 députés seulement) pour cause de pandémie, son plan pour le déconfinement devant commencer le 11 mai.

Ces précisions étaient très attendues, s’agissant en particulier de cette rentrée scolaire si particulière, de la réouverture des commerces, et de la liberté de circuler. Ceux – certainement nombreux – qui attendaient du premier ministre un discours rassurant, et des annonces tendant à alléger ce que l’on pouvait déjà savoir ou deviner du grand rendez-vous du 11 mai, n’auront pu qu’être déçus hier.

Non que le chef du gouvernement ait brossé, en réalité, un tableau exagérément sombre de la réalité sanitaire de l’Hexagone. Il a même, au contraire, rappelé que le bilan des morts et des hospitalisations aux urgences pour cause de Covid 19 s’allégeait (lentement, a-t-il tout de même glissé au passage); mais parce qu’à l’évidence, il ne partage pas vraiment l’optimisme d’Emmanuel Macron sur la suite des opérations.

Là où, par exemple, l’homme de l’Elysée laissait entendre dans ses dernières déclarations qu’à compter du 11 mai, une vie relativement normale reprendrait, y compris sur le plan scolaire, et que le déconfinement serait général et non pas conditionné à l’âge ou à la situation géographique des Français, Edouard Philippe s’est montré beaucoup plus limitatif.

Des départements „rouges“ et „verts“

D’abord sur la date même de ce déconfinement: avant ce fameux lundi de „libération“ tant attendu, il y aura, le jeudi 7 mai, une grande évaluation de la régression de la pandémie. Et si les réalités sont décevantes, à plus forte raison les perspectives, selon l’estimation des scientifiques, le déconfinement sera reporté. Naturellement, il y a dans cette menace le souci de faire en sorte que les Français ne se démobilisent pas trop tôt, et n’aillent pas anticiper – leur traditionnelle indiscipline aidant – le retour à la liberté de circulation, au risque de relancer la contamination.

En outre, a annoncé M. Philippe, il sera tenu compte de la situation sanitaire des départements, qui seront bientôt officiellement classés entre „verts“ et „rouges“, les premiers faiblement contaminés et les seconds, au contraire, à hauts risques. L’ampleur concrète du déconfinement dépendra aussi de ce classement. Quant à la liberté de circulation, qui avait été annoncée comme totale à compter du 11 mai, quitte à faire appel au civisme et au bon sens des éventuels voyageurs, elle sera finalement limitée à cent kilomètres – autant dire presque rien à l’échelle de la France.

Sur le plan des établissements scolaires, de même, le premier ministre a manifestement été impressionné par les mises en garde du Conseil supérieur de la santé à propos de leur réouverture, du mouvement de protestation des maires, et de l’inquiétude croissante de nombreux parents. Le calendrier qu’il a présenté est sensiblement plus détendu que celui qui avait été annoncé auparavant: les collèges pourraient rouvrir le 18 mai là où l’épidémie s’est montrée très faible, les lycées devant en toute hypothèse faire l’objet d’une décision particulière fin mai pour début juin.

Ecole: pas de masques pour les „petits“

Les „petits“ seront accueillis sans masques, contrairement à leurs aînés, mais avec un maximum de 15 élèves par classe, et sur la base du volontariat des parents. Le premier ministre s’est tout de même voulu rassurant à propos des tests médicaux et des masques: sur l’un et l’autre front, objets de furieuses attaques depuis des semaines contre la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement, il a assuré que la France serait (enfin) en mesure de faire face à ses besoins dans les semaines qui viennent.

Et en particulier pour le déconfinement, qui va évidemment se traduire – c’est même son but majeur, même s’il n’est pas toujours avoué – par une reprise relativement massive du travail pour les salariés. Le sujet de la reprise économique n’a d’ailleurs guère été évoqué par Edouard Philippe; si ce n’est par le biais, certes très important, des transports publics. Car dans les trains, et plus que tout dans les bus et métros aux heures de pointe, il sera évidemment impossible, même avec la meilleure volonté du monde, de conserver la fameuse „distanciation sociale“, même d’un seul mètre, entre les voyageurs.