FranceFin d’une session parlementaire hors norme

France / Fin d’une session parlementaire hors norme
L’Assemblée nationale au Palais Bourbon: la première session parlementaire après les législatives en juin va s’achever ce week-end Photo: AFP/Julien de Rosa

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Ce week-end va s’achever une session parlementaire hors norme, puisque marquée par l’absence d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale à la suite des dernières élections législatives, qui en ont privé le macronistes. C’est cependant sur un nouveau compromis entre ces derniers et la droite que le Parlement va entrer en vacances jusqu’au début octobre.

Et ce compromis, acquis au sein de la commission mixte paritaire qui réunit des représentants de l’Assemblée et du Sénat pour tenter de dégager un accord entre les deux corps du législatif, porte sur un sujet qui avait d’abord été très âprement discuté au Palais Bourbon: le projet de loi de finances rectificative pour 2022. Le rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale – lui-même un élu macroniste – n’a pas manqué de s’en féliciter: „On nous disait, il y a un mois, qu’il ne serait pas possible de réunir une majorité sur un texte budgétaire, or on le fait!“

Cet arrangement, qui en suivait d’autres entre la majorité relative et les députés LR, a aussitôt suscité, en revanche, les protestations de la NUPES, qui y a vu „une vraie convergence idéologique“, hypothèse qui ne devrait d’ailleurs point trop peiner l’Elysée ou Matignon … Mais l’ire de la gauche et de l’extrême gauche vient surtout du fait que dans ce budget rectificatif d’un montant global de 44 milliards d’euros figure la possibilité, pour les salariés, de faire racheter par leur employeur une partie de leurs congés supplémentaires dits „RTT“ (Réduction du temps de travail) si on le souhaite de part et d’autre.

Ces congés avaient été mis en place par les lois Aubry en 1998 et 2000 – sous un gouvernement de gauche, donc, celui de Lionel Jospin – et à peu près constamment et unanimement accusés depuis par la droite et les milieux économiques de plomber la compétitivité des entreprises françaises, par rapport à leurs concurrentes allemandes notamment. La gauche politique et syndicale voit dans cette faculté accordée aux salariés au nom de la défense de leur pouvoir d’achat une sorte de „cheval de Troie“ de la droite contre ce dispositif Aubry.

Parmi les autres mesures contenues dans la loi de finances rectificative figurent notamment la suppression de la redevance audiovisuelle, l’augmentation de l’aide à l’achat de carburant de 18 à 30 centimes d’euro par litre, le rehaussement du plafond de défiscalisation des heures supplémentaires de 5.000 à 7.500 euros, ainsi qu’une enveloppe d’aides de 600 millions d’euros aux collectivités territoriales.

Sans être nécessairement hostiles à toutes ces mesures, les élus regroupés au sein de la NUPES, en particulier les mélenchonistes de LFI, auront beaucoup ferraillé au Palais Bourbon pour qu’il leur soit préférée une augmentation massive des salaires, et que „les superprofits des grands groupes pétroliers, à commencer par ceux de Total“, fassent l’objet d’une ponction fiscale significative.

Le paradoxe des Républicains

Au terme de cette première session de l’après-législatives, chacun tente en tout cas de tirer les enseignements de la façon dont se sont passés les débats. Du côté de la majorité relative macroniste, on se garde de pavoiser, et l’on note qu’il faudra développer à la rentrée la concertation avec l’opposition: l’examen du projet de loi sur les délinquants étrangers va ainsi être retardé et fera l’objet d’un grand débat à la rentrée, que Marine Le Pen promet „chaude“. Mais le gouvernement peut se féliciter d’avoir pu faire valider, fût-ce dans le tumulte, plusieurs autres textes importants.

Le RN, justement, a poursuivi sa stratégie de mutation en un futur parti de gouvernement, involontairement mais puissamment aidé par l’opposition absolue et vociférante des mélenchonistes, tout à leur souci de montrer qu’au fond, ils constituent la seule vraie force contre le macronisme. Tandis que Mme Le Pen navigue (Plus subtilement? L’avenir le dira) entre le souci d’afficher sa responsabilité politique et celui de rester une force d’opposition résolue: „On soutient ce qui aide les Français, on combat tout le reste“, explique-t-elle.

Restent les Républicains. Défaits par les dernières élections, mais pas anéantis, et coincés entre deux chants des sirènes – venus des lepénistes et des macronistes – ils tentent de persévérer dans l’être en attendant des jours meilleurs, et en préparant une réorganisation de leur propre maison. Ils ont connu des attentes plus exaltantes. Mais le paradoxe de leur situation, voire leur consolation, est que le nouveau rapport de forces parlementaire leur donne finalement plus de pouvoir que dans la précédente assemblée … où ils étaient largement plus nombreux.