France / De Taïwan à l’Ukraine: la tension monte à l’intérieur de la NUPES
Les relations entre La France Insoumise et les autres formations regroupées au sein de l’alliance électorale de la NUPES, pilotée de l’extérieur du Parlement par Jean-Luc Mélenchon, se sont récemment tendues. À l’origine de ces frictions: les propos du leader de LFI en faveur des intentions annexionnistes de Pékin en direction de Taïwan … mais aussi un contentieux plus profond.
Que M. Mélenchon ait jugé la visite à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi comme „une provocation“, tout comme une partie au moins de l’extrême droite, n’aura surpris ni choqué grande monde: nul n’ignore, parmi ses supporters comme parmi ses contempteurs, que l’antiaméricanisme est l’un de ses ressorts politiques essentiels. Et d’autres à gauche, plus modérés, ont au moins jugé que le moment était mal choisi.
Mais qu’il ait ajouté que „les Chinois régleront le problème entre eux“ (rappelons que la dictature chinoise dispose d’une des plus grandes armées du monde, dotée d’un arsenal nucléaire considérable, d’un très vaste territoire et d’une population d’environ 1,4 milliard d’habitants, face à la petite démocratie insulaire de Taïwan), a profondément choqué le reste de la gauche. Où l’on souligne notamment, comme le secrétaire national des Verts Julien Bayou, que „cette vision assez datée“ relève d’un „vrai cynisme géopolitique de la part de M. Mélenchon“, tandis que le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, jugeait que si „l’opportunité de la visite de Nancy Pelosi à Taïwan peut être jugée discutable, la volonté des Taïwanais de vivre en démocratie, elle, ne l’est pas“.
Cette césure très nette vient confirmer combien, malgré leur assez grande unité parlementaire, les différents partis qui se sont regroupés en vue des législatives au sein de la NUPES sont au contraire divisés sur les grands dossiers géopolitiques. Après le malaise suscité à gauche par la compréhension de M. Mélenchon à l’égard des islamistes, l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février avait déjà souligné les différences de vues entre des socialistes et écologistes réclamant des livraisons d’armes aux Ukrainiens, d’une part, et d’autre part les mélenchonistes les refusant au nom d’un „non-alignement sur les Etats-Unis“. Comme si le fait de défendre le droit des Ukrainiens à disposer d’eux-mêmes relevait d’une louche allégeance à Washington.
Bonjour l’union …
Ces dissensions se sont aussi manifestées lors du vote de ratification par l’Assemblée nationale des protocoles d’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, toujours dans le contexte de l’invasion russe en Ukraine: au sein de la NUPES, les députés socialistes et écologistes ont voté pour, et les élus LFI contre. Ce qui a fait dire au député socialiste européen Raphaël Glucksmann que „la vision du monde incarnée par Mélenchon, dont l’antiaméricanisme est érigé en boussole, conduit à épouser la cause des tyrans“. Bonjour l’union …
Tout se passe en fait comme si, après avoir indéniablement profité d’une „dynamique Mélenchon“ – quoique battu pour la troisième fois à la présidentielle, le chef de LFI avait réussi une forme d’union de la gauche en vue des législatives – un certain nombre de cadres et d’élus de la gauche modérée commençaient à se rendre compte qu’ils se sont placés, pour sauver au Palais-Bourbon ce qui pouvait l’être, sous la férule d’un homme dont ils sont très loin de partager toutes les idées.
Tout particulièrement sur le plan international, auquel les valeurs de gauche ont toujours accordé toute l’importance qu’il mérite. Ce qui est d’autant plus préoccupant pour ces inquiets tardifs, c’est que les mélenchonistes veulent maintenant réitérer l’opération pour les élections européennes de 2024. C’est-à-dire sur un terrain où l’entente est à peu près nulle entre la gauche modérée et La France Insoumise, très anti-européenne; et forte, au contraire, entre celle-ci et le Rassemblement national.
Certains, avec résignation ou cynisme, expliquent qu’après tout l’échéance est encore relativement lointaine, et que les grandes controverses mondiales ne trouvent guère d’écho à l’Assemblée nationale. Mais d’autres, sans oser encore le dire ouvertement, commencent à se demander si la gauche française, en s’en remettant au type d’opposition absolue et vociférante incarnée par LFI, n’a pas renoncé pour longtemps à redevenir une grande force d’alternance, autrement dit de gouvernement.
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