Covid / De mauvais chiffres obligent la France à durcir sa stratégie

Face à une nouvelle flambée de l’épidémie du Covid-19, la France s’apprête à prendre des mesures supplémentaires applicables dès ce week-end
Les chiffres en attestent: non seulement l’épidémie de coronavirus n’est pas maîtrisée, mais elle tend même à accroître encore sa pression sur la France et ses gouvernants.
A commencer par le premier d’entre eux: Emmanuel Macron voit s’effriter chaque jour un peu plus les chances de gagner le pari qu’il avait pris fin janvier en écartant l’hypothèse d’un nouveau confinement, expliquant aux Français qu’ils n’avaient plus que „quatre à six semaines à tenir bon“.
Le premier ministre Jean Castex l’a d’ailleurs reconnu lui-même mardi soir à l’Assemblée nationale: „L’épidémie joue les prolongations. La France est entrée dans une forme de troisième vague du coronavirus.“ De fait, les dernières statistiques publiées par l’organisme Santé publique France font état, sur le plan national, pour la journée de mardi, de 408 nouveaux morts et de 29.975 nouveaux cas détectés en 24 heures. Et le total des décès imputables au Covid dans l’Hexagone depuis l’an dernier avoisine les 92.000.
Encore ces chiffres globaux sont-ils, dans certaines régions, plus alarmants encore. C’est tout particulièrement le cas de l’Île-de-France, où, en un mois, le „taux d’incidence“ (autrement dit le nombre de nouveaux cas quotidiens pour 100.000 habitants) a pratiquement doublé, puisqu’il est passé de 236 le 16 février à 420 hier, alors que le seuil d’„alerte maximale“ fixé par les autorités sanitaires est de 250. Les services régionaux de réanimation sont saturés, locaux et soignants manquent.
Plusieurs départements de la région parisienne s’inscrivent parmi les plus touchés de France: la Seine-Saint-Denis, le Val-d’Oise et le Val-de-Marne dépassent maintenant les Alpes-Maritimes et le Pas-de-Calais, soumis, eux, à un reconfinement partiel depuis plusieurs week-ends. Cette hausse spectaculaire est notamment attribuable, selon les spécialistes, à la virulence du variant britannique.
Castex: „Le moment est venu“
C’est bien pourquoi, dans le flot actuel des rumeurs et des suppositions qui vont bon train à propos des intentions gouvernementales sur ce redoutable terrain sanitaire – rumeurs entretenues par le pouvoir lui-même, dont plusieurs représentants laissaient entendre hier qu’on était de toute façon sur le point de prendre de nouvelles mesures contraignantes face à l’aggravation de la situation – beaucoup concernent plus précisément l’Île-de-France, qu’il s’agisse de la capitale proprement dite ou de sa banlieue.
Hier matin s’est à nouveau tenu un Conseil de défense consacré à ces questions, dont les conclusions devraient être présentées ce jeudi soir par M. Castex, lequel n’a pas caché que „le moment est venu d’envisager des dispositions pour la région parisienne“.
Mais reconfiner purement et simplement (même en laissant éventuellement les écoles ouvertes) cet ensemble de quelque douze millions d’habitants, au rôle économique majeur pour l’ensemble du pays, même si les scientifiques paraissent très majoritairement le souhaiter, poserait aussi beaucoup de problèmes économiques, sociaux, psychologiques … En tout cas si cette mesure valait pour tous les jours de la semaine, et non pour le seul week-end. Une telle décision pourrait aussi, dit-on, être envisagée pour les Hauts-de-France, où les chiffres de contamination sont également très inquiétants.
Une dimension très politique
En outre, ces choix, au-delà de leur aspect technique, comportent aussi, bien sûr, une dimension très politique. Les Français avaient su gré à M. Macron de leur avoir, il y a six semaines, évité de replonger dans un confinement généralisé – d’avoir, en somme, cherché, disait-il alors, à „gagner du temps“ (même si la plupart des médecins considèrent au contraire qu’on en a perdu). Devoir, aujourd’hui, revenir sur ce choix, surtout après avoir d’abord semblé pouvoir gagner son pari, ne saurait évidemment aller sans dégâts dans l’opinion. A quoi s’ajoute, du côté du pouvoir, la crainte de ne plus être suffisamment obéi, par rapport aux deux premiers confinements nationaux: l’„acceptabilité“ d’une telle mesure fait aujourd’hui débat.
Et cela d’autant plus qu’en suspendant, à l’imitation d’autres pays dont l’Allemagne et en attendant un éventuel feu vert de Bruxelles, l’usage du vaccin AstraZeneca, dont l’arrivée massive avait permis à la France de rattraper un peu son retard, l’exécutif a porté à sa propre stratégie un terrible coup supplémentaire – sans parler de l’effet produit au sein d’une population dont une partie relativement importante manquait déjà d’enthousiasme à l’idée de se faire vacciner. Et cela alors même que Jean Castex, devant les députés encore, venait d’assurer que la vaccination était „toujours au premier rang des moyens mis en œuvre pour tenter d’endiguer la pandémie …“
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