FranceCiotti ou Retailleau comme nouveau président de LR? De toute façon, à droite toute!

France / Ciotti ou Retailleau comme nouveau président de LR? De toute façon, à droite toute!
Eric Ciotti et Bruno Retailleau se disputent la présidence du parti Les Républicains Photo: AFP/Christophe Archambault

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

C’est ce dimanche que les 91.110 membres du parti des Républicains (LR) finalisent leur vote sur leur nouveau président, après le premier tour du week-end dernier, lequel avait vu la victoire d’Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, arrivé premier avec 45,2% des suffrages, et de Bruno Retailleau, président du groupe au Sénat, avec 34,4%, sur leur jeune challenger Aurélien Pradié, député du Lot.

Ainsi éliminé, celui-ci, qui disait vouloir proposer aux électeurs de la droite modérée une stratégie d’ouverture et de modernisation, n’a pas souhaité donner de consigne de vote à ses électeurs du week-end dernier. Pour ne pas compromettre son avenir personnel au sein du parti, sans doute, mais aussi pour des raisons de fond. Car le choix des militants est désormais circonscrit à deux figures emblématiques de la droite résolue, quoiqu’à des degrés un peu différents.

Bruno Retailleau, ex-supporteur de François Fillon et, pour cela notamment, brouillé avec Sarkozy, lequel jure qu’il quittera LR si le sénateur en prend la tête, incarne un absolu conservatisme social, et même sociétal. Eric Ciotti, lui, caracole sans aucun complexe, depuis la dernière élection présidentielle (il était alors arrivé en tête – déjà – du premier tour de la primaire, avant d’être devancé au second par l’infortunée Valérie Pécresse) sur le front des troupes de la droite franchement réactionnaire, et fière de l’être.

Il fait aujourd’hui figure de favori, même si l’écart n’est pas tel que son rival Retailleau ait perdu tout espoir de l’emporter finalement, bien au contraire: il s’est employé jusqu’au bout à battre le rappel de ses troupes. Accusant même le député des Alpes-Maritimes d’avoir fait procéder, dans plusieurs communes de sa puissante fédération départementale, qui compte plus de militants „en carte“ que celle de Paris, à des inscriptions aussi massives que suspectes de nouveaux membres tout acquis à sa cause, pour accentuer son avance.

Mais surtout, Ciotti est désormais sous le coup d’une instruction judiciaire pour avoir, selon l’accusation, procuré différents emplois publics à son ex-épouse, qui les aurait en outre cumulés dans des proportions éhontées. Pour autant, les participants à l’élection interne de LR ne pouvaient déjà l’ignorer le week-end dernier, et cela ne les a pas empêchés de mettre Ciotti en tête du ballottage. En attendant mieux encore demain?

Au service de Wauquiez pour 2027?

Ce qui est clair en tout cas, car annoncé par l’intéressé lui-même, c’est que l’éventuelle victoire de Ciotti – à laquelle ont notamment appelé plusieurs personnalités de la droite parisienne, l’ancienne ministre Rachida Dati en tête – se traduirait par une mise de l’appareil des Républicains au service, dans la perspective de 2027, des ambitions présidentielles du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, lequel se situe lui aussi, quoique de façon sans doute un peu plus prudente, à la droite de la droite.

Mais dans un cas comme dans l’autre, Ciotti au Retailleau, l’ancrage de LR dans une opposition de droite résolue, concurrente du RN, va se trouver confirmé. Le parti est convaincu que son grand retour sur la scène nationale ne passera aucunement par un ralliement même conditionnel à Macron, jugé perdu à brève ou moyenne échéance, mais par un combat frontal.

Deux problèmes se posent cependant pour lui. Le premier est qu’à défaut d’oser joindre ses voix à celles des lepénistes ou des mélenchonistes à l’Assemblée, du moins sur des sujets essentiels, cette opposition-là risque de rester plus théorique que réelle, plus verbale que décisive. Le second est ce que cette élection interne aura illustré jusqu’à la caricature – une évidente absence de chef charismatique. Sous la Ve République, se sont des choses qui comptent …