FranceLes sondages prédisent le succès de la liste lepéniste en Provence-Alpes-Côte d’Azur

France / Les sondages prédisent le succès de la liste lepéniste en Provence-Alpes-Côte d’Azur
Avec un passage à Toulon Marine Le Pen y a apporté son soutien à Thierry Mariani Photo: AFP/Christophe Simon

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Les Français sont appelés aux urnes dimanche pour le premier tour des élections régionales et départementales qui prendront le pouls d’un pays éreinté par la crise du coronavirus, où le Rassemblement national espère une percée significative à dix mois de la présidentielle.

Les élections régionales des 20 et 27 juin revêtent dans la région PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur) une importance qui est devenue nationale. L’extrême droite, conduite par l’ancien ministre sarkoziste Thierry Mariani, a en effet des chances assez sérieuses de l’emporter, face à la droite traditionnelle emmenée, elle, par le président sortant, Renaud Muselier, allié aux macronistes.

Certains – à commencer par M. Muselier lui-même – n’hésitent plus: c’est l’avenir des modérés qui se joue là. Sous l’œil d’une gauche certes narquoise, mais en lambeaux, quoique conduite par le Vert Jean-Laurent Félizia, tête de liste du Rassemblement écologique et social, qui a essayé de la rassembler. Et terriblement désolée d’en être réduite au rôle de spectatrice, voire d’arbitre incertain entre un Rassemblement national dont elle ne veut surtout pas, et d’un macronisme de droite qui ne lui est pas beaucoup plus sympathique.

Il faut dire que localement, la pré-campagne pour les élections régionales a ressemblé à un vaudeville politique. Dans un premier temps, et face à des sondages difficiles, Renaud Muselier, candidat jusqu’alors naturel de LR mais qui, comme son ami Christian Estrosi, le maire de Nice, n’appartenait pas à l’opposition radicale à Macron, a accepté, voire sollicité, un accord avec la liste favorable à la majorité présidentielle. Pour faire face au RN, mais aussi parce qu’il avait eu, durant son mandat, de plutôt bons rapports avec le pouvoir central.

Tollé dans son propre parti, qui l’a convoqué à Paris avec menace d’exclusion. Les réactions de l’opinion ayant été plutôt hostiles à cette procédure très médiatisée on en est revenu à une vision plus apaisée. Muselier conduirait bien sa liste avec le soutien de LR, et donc sans être exclu du parti – lequel aurait été bien en peine de bâtir une autre liste régionale, de toute façon, d’autant plus qu’Estrosi avait, entre temps, démissionné – mais sans participation de ministres macronistes.

La gauche „voiture-balai“?

Mais ce laborieux pas de deux, à l’occasion duquel Renaud Muselier avait pu afficher une certaine fermeté, n’a finalement profité qu’à son adversaire lepéniste. Au fil des sondages, Thierry Mariani a dépassé, un peu puis plus largement, son adversaire modéré. Dans la perspective du premier tour, ce qui était déjà préoccupant pour le président sortant, mais aussi dans celle du second.

Le dernier sondage l’atteste: le candidat du Rassemblement national, donné en tête au premier tour (41 % des intentions de vote contre 34, et 17 à l’ensemble de la gauche), vaincrait au second Renaud Muselier, et cela même si la gauche s’effaçait entre les deux tours pour tenter de lui faire barrage. Certes, le score des deux principaux protagonistes, dans l’hypothèse où ils seraient restés seuls survivants le soir du 20 juin, serait le 27 des plus serré: 51% contre 49. Mais la tendance est là.

En outre, il n’est pas dit que la gauche, dans la région PACA comme peut-être dans d’autres, accepte de jouer une nouvelle fois les supplétifs de la droite modérée face à la droite extrême, ce qui signifierait se priver de toute représentation régionale pour six ans … „Je n’ai pas l’intention de servir de voiture-balai à Muselier“, dit ainsi Jean-Laurent Felizia.

Une victoire qui serait doublement dévastatrice

La victoire de la liste Mariani serait en tout cas dévastatrice tant pour les Républicains que pour la majorité macroniste. Les premiers se verraient en effet privés d’un statut qu’ils ont beaucoup revendiqué jusque-là: celui de meilleur rempart contre l’extrême droite. Plus grave encore pour eux: dans le vif débat qui agite actuellement leurs rangs, ce succès marquerait le triomphe d’une stratégie sur une autre, celle de l’alliance avec le RN, contre celle qui consiste à ne pas rejeter en bloc tout ce qui vient des macronistes.

Quant à ces derniers, à commencer par le locataire de l’Elysée, ils auraient plus que jamais du souci à se faire: pour Marine Le Pen, même si elle n’est pas personnellement candidate en PACA, une victoire de ses amis à la tête d’une région de plus de cinq millions d’habitants, acquise après voir réduit la droite classique et écrasé la gauche, donnerait à sa candidature présidentielle un élan supplémentaire. Pas plus sans doute, mais pas moins; et l’avenir n’en deviendrait, pour tous les autres, que plus incertain encore.