Carnet de festivalLamas industriels et angoisse covidienne

Carnet de festival / Lamas industriels et angoisse covidienne
Ouverture du festival avec l’équipe d’„Annette“ de Leos Carax (à gauche) Vianney Le Caer/Invision/AP/dpa

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Sécurité. On n’en est pas à un paradoxe près. Du côté des mesures de sécurité prises contre toute possibilité d’attentat terroriste, les organisateurs ont fait très fort, là où les mesures anti-covid, on le verra plus loin, laissent à désirer. Ainsi, outre les éternels contrôles dignes de ceux qu’on peut trouver dans les aéroports, le nombre de policiers disséminés devant l’enceinte du Grand Palais est impressionnant, à la fois en nombre et en variété. On y observe tantôt des gendarmes qui montent des chevaux, ces derniers montrant très bien qu’ils se font chier, puisque leurs défécations décorent les pavés à quelques mètres du tapis rouge, tantôt des soldats et des policiers équipés d’un arsenal considérable – un jeune flic tenait tant bien que mal une sorte d’énorme mitraillette dans ses mains et paraissait tout droit sorti d’une sorte de pastiche du Terminator. Pour qui considère tous ces efforts un tantinet exagérés, rappelons qu’on se trouve quand même dans un pays où les attentats terroristes ont visé plus d’une fois la culture occidentale – ce que me rappelle „La mythomane du Bataclan“ d’Alexandre Kauffmann, que je lis entre les séances et qui raconte l’histoire choquante d’une mythomane qui embobine l’association Life for Paris, crée par et pour les victimes du Bataclan, en se faisant fallacieusement passer pour une amie d’une victime afin d’extorquer des sous au Fonds de garantie qui dédommage pécuniairement les victimes.

Lamas industriels. A priori, pour accéder au festival, il faut disposer d’un pass sanitaire qui témoigne, comme pour le Covid-Check luxembourgeois, d’une vaccination, d’une genèse du Covid ou d’un test antigénique ou PCR valide. Pour ceux qui n’en disposent pas, un centre de dépistage a été installé à côté de la gare maritime. Là, grande nouveauté, on ne subit ni un frottis nasal ni un prélèvement d’échantillon dans la gorge: on vous fait faire un test de crachat. Equipé d’un tube, on s’installe dans un petit recoin et on suit les instructions: collectionner de la salive dans sa bouche pendant 30 secondes, cracher puis répéter l’opération jusqu’à ce que le tube soit bien rempli, le candidat testé étant obligé d’inspecter en permanence son propre crachat pour attendre que la mousse descende – un peu comme quand on se fait servir une bière, mais en beaucoup plus dégueu – afin de voir si la quantité salivaire atteint bien le seuil minimal indiqué par des traits sur le machin en plastique. C’est assez infect, oui. Mais bon, entre infect et infection, le choix est vite fait.

Covid-Party? La France, connue partout dans le monde pour sa rigueur administrative et sa logique organisationnelle, a pu démontrer son sens des responsabilités sanitaires lors de ces débuts de festival. A priori, pour accéder aux salles, dont la capacité d’accueil est de 100 pourcent – en gros, la distanciation sociale dans la salle Bazin, par exemple, est de cinq centimètres sur la gauche, cinq centimètres sur la droite, de vingt centimètres devant vous et vingt derrière vous –, il faut donc présenter un pass sanitaire. Sauf pour les salles Lumière, Debussy, Soixantième et Cinéum, auxquelles on peut accéder sur présentation d’une simple accréditation et d’un billet. La logique dans tout ça, me demandez-vous? Eh bien, je n’en vois pas. Peut-être que le virus n’aime ni la musique de Debussy ni le cinéma des frères Lumière et que du coup, pas besoin de pass sanitaire pour ces salles-là, puisqu’il les fuirait comme (excusez la blague) la peste? En tout cas, même moi, qui n’a jamais été peureux en questions covidiennes, je me sens pas trop à l’aise dans tout ça. Alors, petit appel aux organisateurs: si déjà, je dois attraper le virus, que ça soit au moins au cours d’un film sensationnel, qui mériterait qu’on me coupât le souffle. Jeudi soir, Joachim Trier y a presque réussi, avec son magnifique „The Worst Person in the World“.


La deuxième journée du festival :
Survivre n’est pas vivre
Naissance d’un Woody Allen français
Autoportrait d’un (plus si jeune) homme en feu