PortraitJemp Michels, architecte moderniste

Portrait / Jemp Michels, architecte moderniste
Luxembourg: Rotonde de la Foire internationale Photo: Batty Fischer 1956 Photothèque de la Ville de Luxembourg

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Il y a tout juste un an que „Luxexpo The Box“ présentait ses avant-projets pour la construction d’un nouveau centre d’exposition avec ferme urbaine. L’architecte Jemp Michels, directeur de la Société des foires internationales de Luxembourg a joué un rôle important dans la désignation du site au Kirchberg pour la construction du parc des expositions au Circuit de la Foire internationale et la rédaction du cahier des charges. Si de nos jours, il est question d’aménagement d’un ferme urbaine, Jemp Michels rêvait à l’époque de la création d’un jardin zoologique urbain.

Jemp Michels est né à Esch-sur-Alzette, le 1er avril 1906 comme fils du bourgmestre, industriel et député (1914-1916) Jean-Pierre Michels. Ancien élève de l’ancienne école industrielle d’Esch il s’inscrivait à l’Ecole nationale supérieure des arts décoratif à Paris. Il complétait sa formation par des séjours en Allemagne (1930-1932). Dans les années 1930, il s’établit comme architecte indépendant. En 1939, il s’acquitta de la coordination des travaux d’aménagement du pavillon du Luxembourg à l’Exposition universelle à New York. En décembre 1940, il réaménageait les salles du rez-de chaussée de l’Hôtel Alfa à la gare de Luxembourg. Il les dotait notamment d’une scène pour spectacles et concerts et d’un éclairage indirect. Dans ses travaux il fut secondé par le ferronnier d’art, lauréat du Prix Grand-Duc Adolphe, Michel Haagen. Les années de guerre lui furent une rude épreuve, où il exploitait un commerce d’antiquités et d’objets d’arts à la rue Chimay. En décembre 1945, il participait au retour à Luxembourg du cadavre du Gauleiter Gustav Simon qui s’était suicidé à Paderborn1.

Jemp Michels
Jemp Michels Photo: Wikimedia

Au lendemain de la guerre, il participait, notamment dans la région de Beaufort, à la reconstruction des villages dévastés au cours de l’offensive des Ardennes. A partir de 1949, il représentait le Luxembourg à l’Association pour l’organisation d’expositions nationales et internationales et au sein de l’Union des foires internationales. Il fut nommé directeur de la Société des foires internationales de Luxembourg. Président honoraire de la Fédération nationale des architectes, président du Syndicat d’initiative et du tourisme de la ville de Luxembourg, président du Cercle artistique luxembourgeois (1962-1968), Jemp Michels s’est éteint le 16 août 1989 à Luxembourg.

L’artiste

Lors de ses études, il avait fait connaissance d’Auguste Trémont et avec qui il partageait la passion de la sculpture. Au niveau de la peinture Michels avait manifesté à l’âge de 20 ans une prédilection pour représenter les coins pittoresques du vieux Paris, sujet qui lui fut cher également dans ses dessins de vieux quartiers de sa ville natale. En 1928 l’Ecole des arts décoratifs le distingua de la médaille d’or pour son étude illustrée de la sculpture française au XVIIIe siècle. Rapidement, son talent se fit aussi remarquer au Luxembourg où, comme cadet, il exposa à l’hôtel de ville de la capitale, avec Joseph Kutter et Henri Rabinger, qui en 1921 avaient participé à la conspiration artistique de la Sécession. Participaient à cette même exposition les artistes Claus Cito, Nico Klopp, Gust Trémont, Jean Schaack, Jos Sunnen, J.-J. Thiry.

A propos de son exposition, en 1938, au „Westeschgaart“, le critique d’art caractérisait son œuvre de la façon suivante: „(…) Kraft und Wucht und Jugendlichkeit (im besten Sinne) kann man ihm nicht absprechen, ebenso wenig wie den Drang zum Schöpferischen und Konstruktiven, der aus allen Landschaftsbildern quillt und leicht und überzeugend zu Kunst wird (…).“2 En 1951 il fonda la société des beaux-arts „CAVO“ organisant des expositions promouvant à Luxembourg de jeunes artistes internationaux. Il était à multiples reprises l’illustrateur de la revue culturelle Les cahiers luxembourgeois.

J.-P. Michels, Paysage 1965-A-87 
J.-P. Michels, Paysage 1965-A-87  Photo: Tom Lucas/MNHA

Il fut membre du jury de plusieurs concours pour les affiches de la Loterie nationale. Avec Foni Tissen il illustrait l’étude de Joseph Flies, „Vieil Esch“ en 1956. Pendant les années de présidence au Cercle artistique luxembourgeois (1962 à1968), Jemp Michels fut la cheville ouvrière pour mettre en place, dans le cadre des fêtes du Millénaire „Le salon 1963 du Cercle artistique“, qui avec 600 objets avait trouvé un cadre plus vaste et plus prononcé que les autres années. Michels prit également l’initiative de créer le „Prix de la jeune peinture“ réservé à des artistes de moins de 30 ans.

Le président du CAL parvint également à arranger des résidences à la Cité des arts à Paris pour des artistes luxembourgeois. En 1964, le Cercle présentait une exposition d’artistes luxembourgeois à Trèves, geste qui fut interprété par la Trierische Landeszeitung comme „Ereignis von Ländervebindendem Charakter“. Michels proposait au Gouvernement d’inclure l’artisanat d’art dans ses efforts de promotion du Luxembourg lors de ses participations aux foires et salons internationaux. Sous sa présidence, le CAL se fit l’intermédiaire pour l’exposition internationale „Charme et beauté de la femme en Europe“ qui mettait en valeur de jeunes artistes issus des six pays membres de la Communauté européenne du charbon et de l’acier. En 1963, Michels ouvrait pour sa fille Ronny Michels, céramiste, une galerie d’art à la route d’Echternach à Dommeldange, accueillant également d’autres artistes luxembourgeois, dont Ben Heyart, Charles Kohl, Will Dahlem, Yola Reding, Mett Hoffmann, Jean Georges, Maggy Neyens-Stein. En 1967, Michels créa la Maison des artistes au Grund, à la rue Plaetis. Comme président du Syndicat d’initiative et du tourisme il militait au cours des années 1959 et 1961 pour la création d’un zoo au Baumbusch, projet qui finalement allait voir le jour au Senningerberg.

L’architecte d’intérieur

Luxembourg, Maison Santos 
Luxembourg, Maison Santos  Photo: Robert Philippart

Son engagement en tant qu’architecte d’intérieur ne fut pas moindre. Lors de l’exposition artistique au Cercle municipal, en 1930, les critiques furent pleins d’éloges pour son travail. Il fut mentionné parmi les „führende Innenarchitekten“3. En 1931, Jemp Michels et Henri Rabinger organisaient une exposition commune à Esch-sur-Alzette. Michels y présentait du mobilier qu’il avait lui-même conçu et qui complétait l’œuvre picturale de Rabinger. En 1933, Michels signait le décor et l’intérieur du premier salon national d’art photographique. Michels s’occupait de l’aménagement intérieur du pavillon luxembourgeois à l’Exposition universelle de New York en coopération avec son collaborateur, l’architecte Léon Leclerc, et Michel Stoffel, président du Cercle artistique luxembourgeois. Leur talent et l’esprit d’originalité leur avait valu une belle troisième place, après la France et l’Angleterre, au classement des pavillons nationaux. Jemp Michels se vit même distingué comme citoyen d’honneur de la ville de New York.

La presse luxembourgeoise appréciait autant ses réaménagements du rez-de-chaussée de l’Hôtel Alfa (1940) en concluant: „Nicht Du bist in dem Ort, der Ort ist in Dir.“4

Son talent d’architecte d’intérieur s’était également fait remarquer lors de l’ouverture de la deuxième foire internationale d’après-guerre en 1949. „Der erste Eindruck: moderne Raumauffassung. Eine sonder Zweifel von Jemp Michels vorgezeichnete Generallinie, die überall strikt eingehalten wurde. Resultat: gediegene und einheitliche Ausgestaltung der Stands. Sogar das ganz Abstrakte (…) prägte sich ganz konkret dem Gedächtnis ein. (…)“ notait le Tageblatt lors de l’ouverture de l‘exposition5.

Intérieur Jemp Michels
Intérieur Jemp Michels Jean Jaans/„Lëtzeburger Land“ (1957)

Pour la cité „Eugène Reichling“ à Esch-sur-Alzette, Michels avait conçu les meubles à caissons, modulables, banquettes et tables de cuisine et les armoires ventilées.

Les couleurs vives plein d’optimisme de l’après-guerre caractérisaient ses intérieurs à l’éclairage indirect, au néon ou aux spots électriques. Pour des maisons de maître, il conçut des jardins d’hiver qui se prolongeaient en jardins extérieurs. „Bunte Flächen an den Wänden, farbenfrohe Spannroller halten grelles Sonnenlicht ab, prachtvolle Grünpflanzen hier und dort im Raum verteilt … Im Eßzimmer (…) fängt ein Eßtisch aus Beton den Blick, der wuchtig und trotzdem elegant den Raum beherrscht und prädestiniert scheint zu gewaltigen Gelagen à la Rabelais“6. Jemp Michels aimait les nouvelles techniques du bâtiment en intégrant le chauffage au sol, respectivement au plafond. Il visait optimiser toute la surface disponible en l’exploitant par l’aménagement de placards. Il adorait l’aluminium, les briques de verre, les panneaux linex, le polyester scobalit, le papier-peint en fibres végétales, les plaques acoustiques.

Adepte du modernisme

„Ihn stören die Vorwürfe nicht, welche von Wohnkasten sprechen oder von ,totalem und brutalem‘ (…) Und diese Ansprüche forderten Licht, viel Sonne, und eine preiswerte Bauweise“, notait Jean Jaans en 1957 à propos de la maison que Michels s’était fait construire à Dommeldange.

Si l’architecte rejoignait déjà très jeune le camp des modernistes en art, il en fut de même pour son architecture. En 1938, Jemps Michels et Léon Leclerc (1903-1966) allaient construire, à Esch-sur-Alzette, le grand magasin Rosenstiel avec 600 m2 de surface commerciale. L’immeuble représentait un cube flottant sur 22 m de vitrines. Une verrière de 96 m2 assurait un parfait éclairage zénithal des rayons. Le bâtiment (4.830 m3) élevé au bout de seulement huit mois recourait amplement aux ossatures métalliques produites au Luxembourg.

Jemp Michels se mit ensuite à construire plusieurs villas à Belair. Sa résidence reflétait aux mieux ses idées: l’immeuble flottait sur des pilotis en béton, laissant le sol, riche en sources, intouché. L’architecte agrandit les halls de la Foire internationale par l’adjonction de deux halls, dont la particularité résidait dans une toiture ouvrable. En 1949, Michels réalisa la „Maison Santos“ à la Grand-rue à façade en briques de verre et éclairée au néon. La cité ouvrière „Eugène Reichling“ surprit les contemporains: „Die sehr moderne Architektur mutet für unsere Begriffe etwas ungewohnt an.“7 Avec Léonard Knaff il participait à la construction des grands magasins Monopol à Luxembourg-ville. En 1955, Michels agrandit la foire de Luxembourg à Limpertsberg d’un troisième hall et y rajouta le restaurant construit en forme de rotonde, avec sa cage d’escalier en briques de verre si particulière.

En 1969 il établit les avant-projets pour la construction de nouveaux halls de foires avec un centre de congrès à Kirchberg. Le projet fut réalisé en 1972-74 par les architectes Etienne Galowich et Arthur Thill. Michels accompagnait la réalisation jusqu’à sa retraite en 1975. En 1982, Jemp Michels s’adonnait à son dernier projet, la construction de halls d’expositions au Liban. Des raisons de guerre n’ont pas permis de les réaliser.

3e hall des Foires internationales
3e hall des Foires internationales Photo: Théo May/Photothèque VdL

1Gauleiter Simon verübte Selbstmord in Paderborn, in Escher Tageblatt N°291  21. Dezember 1945 p. 1
2Ausstellungsraum Westeschgârt, Jemp Michels vom 26. November- 5. Dezember, in Luxemburger Wort, 28. November 1938, Luxembourg, 1938.
3Kunstausstellung im Cercle in Luxemburger Wort, 3 juin, 1930, Luxembourg, 1930.
4Silvester im Hotel Alfa, in Luxemburger Wort, 31. Dezember, 1940.
5Ausstellung auf dem Limpertsberg und Turnschau im Stadion, in Escher Tageblatt, 7 novembre 1949, Esch-sur-Alzette, 1949.
6JAANS, Jean, Besuch bei Jemp Michels, in d’Lëtzeburger Land, 12 avril, 1957, Luxembourg, 1957.
7Cité ouvrière in Escher Tageblatt, 20 décembre 1950, Esch-sur-Alzette, 1950.

Jeff
16. Januar 2021 - 18.20

J'ai Jamals compris rue la Rotonde des anciens halls d'exposition était détruite dans les année 80 et remplacée par und horrible construction.

trotinette josy
13. Januar 2021 - 11.54

Jemp Michels était un des meilleurs architectes luembourgeois de son époque et au-delà. Un méritant précurseur de son art .