L’épidémie de Covid-19 (le terme peut être employé au féminin ou au masculin comme le précise Le Petit Larousse) a chamboulé nos vies et notre langage. „Réa“, „sérologique“, „téléconsultation“ … ces mots, entrés dans le langage courant, ont trouvé une place dans les pages du dictionnaire. De même que „SARS-CoV-2“, „confiné“, „click and collect“ ou encore „coronapiste“, qui désigne une piste cyclable provisoire aménagée lors du „déconfinement“, faisant, lui aussi, partie des petits nouveaux. Certains mots existaient déjà, mais ont été adaptés en fonction de leur usage récent. A titre d’exemple, l’adjectif „asymptomatique“ qualifiait auparavant une maladie, il désigne désormais une personne. Le virus peut également être „aéroporté“, alors que jusqu’ici seules des troupes l’étaient. Peu utilisé jusqu’à présent, le verbe „télétravailler“ ne figurait pas au Petit Larousse. Il y fait également son entrée. La pandémie a provoqué une explosion de nos vies numériques. Ainsi, le signe „VPN“, qui désigne un „réseau privé assurant l’anonymat et la sécurité des informations échangées en ligne“, intègre le Petit Larousse, tout comme „émoji“.

Au niveau sociétal, on notera l’arrivée du terme „racisé“ qui „se dit de quelqu’un qui est l’objet de perceptions ou comportements racistes“. Et, dans l’enjeu environnemental, l’apparition des mots „décarbonation“ et „plasticroûte“ („croûte de matière hybride, minérale et plastique, formée par l’incrustation de petits débris de plastique à la surface des rochers du littoral“). Les mots de la crise du coronavirus sont très rapidement entrés dans notre vocabulaire et … dans le dictionnaire. En temps normal, il faut trois ans pour qu’un mot s’installe. Mais comment est-il arrivé dans le sacro-saint dictionnaire? Qui décide que c’est le bon moment ou non? La décision vient d’un comité de sélection, composé de 40 personnes, 20 en interne et autant de conseillers externes dans plusieurs domaines (technologie, gastronomie, …). Chaque spécialiste se penche sur l’utilité ou non d’intégrer un nouveau terme. Ils ont à leur disposition „une banque de mots, soit une dizaine de milliers repérés dans les médias, les romans, les essais, etc. 1.200 à 1.500 sont passés au tamis pour n’en retenir qu’une centaine. Cette édition bat des records avec 170. Ces nouveautés se distinguent par leur créativité et un faible taux d’anglicismes. On note tout de même que „cliqué-retiré“ n’a pas pu résister au „click and collect“ (les deux sont dans le dictionnaire). „Cluster“ (nouveau venu) s’impose à tous tandis que „drink“ et „tracing“ ont disparu … Comme chaque année, Le Petit Larousse illustré enrichit ses noms propres de nouvelles personnalités. John Travolta, Philippe Torreton, Thierry Mugler, Louise Glück et le Prix Nobel de littérature 2020 Arnold Charles Ernest Hintjens (dit Arno) … ont le bonheur de découvrir leur nom dans l’édition 2022. Une consécration?