Epilogue épidémiologiquePour le blocus frontalier, merci les „amis“!

Epilogue épidémiologique / Pour le blocus frontalier, merci les „amis“!
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Lorsque j’appris sur LCI que pour les obsèques du pourtant très irrévérencieux humoriste Guy Bedos, une messe allait être célébrée, le jeudi 4 juin dans la très vénérable église de Saint-Germain, située dans un quartier toujours aussi branché, j’ai tout de suite eu l’idée de me rendre à Paris pour aller lui rendre un dernier hommage et l’accompagner à sa dernière demeure avant de me raviser dans les secondes qui suivaient …

J’avais failli oublier qu’il nous est pour l’instant toujours interdit à nous autres petits Luxos d’outrepasser les limites de notre minuscule petit pays en direction du territoire de la „Grande Nation“.

Bien que citoyen, qui plus est atypique …, d’un pays soi-disant ami – parole, parole, comme le chantait si bien Dalida … – je me suis rendu compte que je n’aurais de ce fait pas le droit de m’y rendre sans risquer une amende peu honorable. Ma spontanéité se retrouvant quasiment étouffée dans l’œuf, je dus me contenter de pester contre une certaine France, qui me fit confirmer l’adage qu’on n’est jamais aussi bien trahi que par les „siens“, voire les bons amis …

Ce fut en plus trop tard pour demander un papier dérogatoire, que de toute façon on aurait risqué de me refuser, vu que le fait de vouloir assister aux funérailles d’un humoriste, railleur entre autres de la République et de ses politiques, n’aurait pas été considéré comme une raison valable et impérieuse. Bien que me considérant, toutes proportions gardées, un peu de la même famille, mais en l’absence de documents prouvant officiellement aux douaniers-policiers zélés que je pouvais être un très lointain petit cousin du défunt, je n’aurais cette fois-ci pas pu dépasser les bornes et me rendre – le cas de „farce majeure“ n’étant pas reconnu – au Père Lachaise pour un ultime salut au gisant, le pourfendeur de la bêtise humaine, qui jadis s’était produit au théâtre de la ville d’Esch et qui nous y avait ravi.

Le Luxembourg, un espace réduit confiné, coincé entre trois grands pays

Alors qu’il y a quelques jours encore, les Français se retrouvèrent confinés, pour un grand nombre d’entre eux dans l’espace très réduit de leurs studios-cagibis, voire petits pavillons de banlieue, on s’estimait de notre côté et pour notre part, logés à meilleure enseigne, vu qu’on était soumis à un confinement moins drastique et abusivement autoritaire qu’au pays de la liberté écrit avec un grand L sur le fronton des mairies. Mais ceci en apparence seulement, vu qu’après coup et alors que les mesures restrictives à l’intérieur du pays susmentionné commencent, comme un peu partout, à se relâcher, nous continuons à nous trouver dans l’étau du „maintien des mesures frontalières à rester en vigueur jusqu’au quinze juin au moins“ (sic) décrétées en langage de bois diplomatique par le gouvernement omnipotent français qui n’a que faire du petit Luxembourg-Cattenom de Dieu – l’espace Schengen se retrouvant rabaissé à son seul petit patelin frontalier du même nom, le grand petit Est prenant le pas sur l’Europe toute entière! Ne faudrait-il pas à l’échelle de la France, considérer le Luxembourg dans son intégralité, un lopin de terre par rapport à l’étendue de l’Hexagone, comme une toute petite habitation, de la taille d’un studio trois pièces ou d’un petit pavillon de banlieue, desquels pendant tout ce temps, il était interdit à ses proprios-locataires de sortir au-delà de leurs clôtures et grillages rapprochés, nous mettant d’une certaine façon dans la même situation peu enviable que les petits Français moyens confinés sec dans leurs barres HLM et autres cages à lapin!?

La grande nation, en persistant à interdire le passage de ses frontières national(ist)es, aux „Luxos“, considérerait-elle le nain luxembourgeois comme une plaque tournante, une sorte de nœud de contamination, pour emprunter une expression du jargon ferroviaire, à l’instar de celui de Frasne situé en pleine cambrousse franc-comtoise, où se croisent des trains internationaux venus des quatre horizons et ralliant toutes les capitales et destinations. Partant du principe bien ancré dans leur mentalité, que tout ce qui n’est pas français est étranger, il est possible que le blocus français décrété au détriment du, par ailleurs si inoffensif Luxembourg, situé pareil à la croisée des chemins de fer et de bitume européens et donc potentiellement susceptible de transporter le virulent virus vers l’Hexagone, pourrait se justifier aux yeux des décideurs parisiens recroquevillés derrière leur néo-ligne Maginot imaginaire pour ces mêmes raisons démesurément hypocondriaques … Ils devraient pourtant savoir que le virus actuel, comme celui tout aussi envahissant de mai 40, sait parfaitement contourner les chicanes, qu’elles soient sophistiquées comme jadis, ou tout simplement dérisoirement bêtes comme aujourd’hui, ne peut être arrêté, ni aux postes frontières, ni par ce genre de gestes barrières arbitraires!

Dans l’autre sens, il en va d’ailleurs de même pour les effluves de la centrale de Cattenom franchissant allègrement, cette fois-ci notre frontière à nous, même si de cela, ils n’en ont toujours rien à faire! Toujours est-il, que pendant des semaines on s’est trouvés en „quarantaine“, isolés comme des nantis sur notre îlot d’à peine 2.500 km2 et nos quelque 600.000 habitants, auxquels J.-C. Juncker voudrait bien en voir rajoutés encore au moins 400,000 d’ici peu.  Au cas où les Allemands finalement pris de remor(t)s, et les Belges, nos partenaires commerciaux attitrés et roublards de prédilection, ne nous auraient pas permis sur le tard, voire plus tard encore, de franchir leurs frontières, on aurait eu du mal à tenir le siège, ne devant notre salut qu’aux seuls gros porteurs charitables de la Cargolux nous ravitaillant en masques et denrées, un peu à la façon des „Rosinenbomber“ berlinois d’antan. Il n’y eut plus ni TGV ni Luxair pour s’envoyer en l’air, ni même les poussifs rapides de Lorraine, voire les hideux bus jaunes nous permettant d’aller manger des frites à tue-tête … à quelques encablures de Pétange ou faire nos emplettes, une fois n’est plus coutume, au marché d’Arlon. Que parmi nos trois nations voisines, ce soit précisément la France qui ait continué à faire obstruction et à ne pas nous laisser entrer sur son territoire, m’a personnellement en tant que Français de cœur, très profondément marqué et atteint! En attendant que l’ancien Département des forêts sous Napoléon, à son tour passe au vert, nous continuerons à broyer du noir. Globalement et sans aucun discernement suspectés de colporter le Covid au-delà des frontières françaises, nous n’avons cependant rien à déclarer à leurs douaniers remontés.

Robert Schuman et Jean Monnet reniés

Une fois les gestes barrières, au premier degré exécutés, de l’Europe on évite de parler dans les médias français. C’est comme si à la télé et dans la presse écrite d’expression française, on s’était donné le mot pour escamoter le sujet – qui, il est vrai, pourrait fâcher et de ce fait ne même plus se risquer à l’évoquer … Et en avant le sentiment franco-français galopant! Rien que de ne pas dire qu’il n’est toujours pas possible de se rendre d’Esch à Audun comme par le passé, afin d’en débattre sinon s’en offusquer et de se concentrer seulement sur la seule réouverture des restos et cafés, ressemble très fort à de la désinformation par omission et je crains fort que les amitiés françaises, déjà en souffrance au paravent pour d’autres raisons, en pâtiront, car il ne peut pas en être autrement!