Paradis fiscaux: Juncker accuse les USA avant le G20

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Le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, dont le pays a été durement mis en cause dans l'offensive contre les paradis fiscaux en vue du sommet du G20, a contre-attaqué mardi en demandant qu'on s'en prenne aussi aux Etats-Unis dans ce domaine.

Zone euro: pas de risque de faillite d’un Etat

L’Eurogroupe, forum qui rassemble les ministres des Finances de la zone euro, ne voit pas de risque de faillite d’un Etat ou d’éclatement de cette zone, a indiqué mardi son président Jean-Claude Juncker, en réponse aux craintes en ce sens.
„Nous estimons que le risque de voir un pays quitter l’espace euro et introduire sa propre monnaie nationale (…) est un risque qui ne se pose pas“, a estimé M. Juncker, lors d’une audition devant la commission des Affaires économiques du Parlement européen. „Le défaut de paiement d’un Etat membre de l’espace euro lui aussi n’est pas un risque que nous pourrions courir“, a-t-il ajouté. „Aucun état de la zone n’éprouve pour le moment des difficultés pour trouver des financements sur les marchés, quoique certains Etats n’arrivent à se financer que moyennant des +spreads+ (écarts de taux des emprunts d’Etat, ndlr) élevés“, a-t-il ajouté. Il faisait en référence au fossé qui s’est creusé ces derniers mois entre les taux nationaux au sein de la zone euro, avec des écarts sans précédents. La réputation budgétaire de certains Etats européens, comme la Grèce ou l’Irlande, a commencé à pâlir ces derniers mois, du fait de la gravité de la crise et de l’explosion des déficits. Ce qui a eu pour conséquence d’augmenter les taux d’intérêt qu’ils doivent verser lorsqu’ils empruntent sur les marchés obligataires.


„Je voudrais que des courageux en Europe, ceux qui ont beaucoup insisté pour que les trois pays membres de l’UE pratiquant le secret bancaire (la Belgique, le Luxembourg et l’Autriche, ndlr) l’abandonnent, fassent preuve du même courage à l’égard des Etats-Unis“, a lancé M. Juncker, lors d’une audition devant la commission des Affaires économiques du Parlement européen. Il faisait ainsi allusion à l’Allemagne et à la France, deux pays ayant mené la fronde contre les pays européens aux politiques fiscales très avantageuses, à commencer par le Luxembourg, en les menaçant d’être inscrits sur une liste noire de paradis fiscaux, et du même coup mis au ban de la communauté internationale lors du G20, au cas où ils ne modifieraient pas leurs pratiques. „Le G20 est une entreprise sans crédibilité aucune si sur la liste dite +noire+ (des paradis fiscaux), il n’y a pas le Delaware, il n’y a pas le Wyoming, il n’y a pas le Nevada, plus des îles plus éloignées des Etats-Unis que les Etats que je viens de citer“, a argumenté M. Juncker, qui est également président de l’Eurogroupe, le forum des ministres des Finances de la zone euro. „Si liste il doit y avoir, l’Amérique doit trouver sa bonne place“, a-t-il insisté. En raison de sa fiscalité très faible, le Delaware est un Etat américain très prisé des sociétés off-shore, c’est-à-dire non résidentes. Elles y établissent leur siège social sans y exercer d’activité et sans que leurs dirigeants y soient domiciliés. Selon le site spécialisé „Paradisfiscaux.com“, spécialisé dans les informations aux entreprises sur les pays à fiscalité réduite, le Delaware est un paradis fiscal, privilégié par les entreprises pour leur immatriculation. Aujourd’hui, plus de la moitié des 500 plus grosses fortunes et 43% des sociétés cotées à la Bourse de New York sont domiciliées dans le Delaware, selon ce site. Il n’y a pas d’impôt sur les bénéfices, pas plus que l’obligation de tenir une comptabilité, mais chaque année les entreprises doivent s’acquitter du paiement d’un impôt forfaitaire très limité. „Je n’entends aucun Premier ministre à part moi (…) évoquer ce problème“, a accusé M. Juncker mardi, en demandant que le chef du gouvernement britannique Gordon Brown, hôte du sommet du G20 de Londres, „dise (au président américain Barack) Obama de mettre un terme aux paradis fiscaux qui se trouvent sur le territoire américain“. Plusieurs bastions du secret bancaire en Europe, l’Autriche, le Luxembourg et la Belgique dans l’UE, mais aussi le Liechtenstein ou la Suisse, ont annoncé récemment des mesures visant à assouplir leur secret bancaire, sous la menace d’être inscrits sur une „liste noire“ des juridictions non coopératives, établie à l’occasion du sommet du G20 jeudi. Ce sommet doit se pencher sur la question des paradis fiscaux et sur les moyens de renforcer la transparence du système financier international.