Ces criminels de guerre qui crispent le pouvoir

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Prise de position de l’auteur de l’article „Vor 77 Jahren: Die Luxemburger Armee verlässt Luxemburg“.

Prise de position de l’auteur de l’article „Vor 77 Jahren: Die Luxemburger Armee verlässt Luxemburg“.

De Mil Lorang

Dans leur réponse à la question parlementaire n°3515 du député Franz Fayot au sujet de la recherche sur les Luxembourgeois enrôlés de force, MM. Bettel et Hansen se réfèrent à un article que j’ai publié dans le Tageblatt le 1er décembre 2017*. Ils ont raison de dire qu’il ne s’agit pas d’une „étude historique“, terme choisi par l’auteur de la question parlementaire. Il s’agit, en fait, d’un article journalistique de type analytique. Le premier objectif d’un article de presse est d’informer le lecteur, dans ce cas, d’exposer des faits pas ou peu connus.

Les auteurs de la réponse me donnent également l’occasion de clarifier que je ne suis pas un historien de formation, même si, dans mes recherches, j’essaie de procéder de manière empirique, c.-à-d. de ne rien affirmer qui ne peut pas être justifié par un document historique, voire une publication sérieuse. Ainsi, l’article en question comprend 60 annotations, chose rare pour un article de presse.

Tout en saluant que dans la réponse il est souligné que la recherche sur le sujet doit continuer, que l’Université jouit de l’autonomie, que l’histoire contemporaine est une des priorités et que l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP) dispose de moyens substantiels, je vais, dans ce qui suit, me prononcer uniquement sur la partie de la réponse qui concerne l’article en question.

Hamburg am 21.6.1942: 14 Luxemburger fahren mit dem Reserve-Polizeibataillon 101 nach Polen. Dieses Bataillon war im besetzten Polen fortlaufend an der Ermordung und Deportation von Juden beteiligt.

C’est étonnant que les auteurs aient choisi le terme peu sérieux de „racoleur“ pour qualifier le titre de l’article. Je tiens à préciser que mon titre de travail était le suivant: „Wie Luxemburger in Osteuropa zu Teilnehmern am Judenmord wurden“. Un journal n’étant pas une revue scientifique, il est tout à fait légitime pour une rédaction de mettre en avant dans le titre principal un autre aspect de l’article.

Je suis content que les auteurs reconnaissent au moins que l’article „résume des faits et discussions“ relatifs au départ de la „Fräiwëllegekompanie“ le 4 décembre 1940. L’article précise bien que ce corps armé n’était pas une armée régulière mais une compagnie de 425 soldats volontaires. Citons: „Wegen seines Neutralitätsstatus verfügte der Staat Luxemburg seit 1881 nicht über eine ’normale’ Armee, sondern lediglich über eine Freiwilligenkompanie (FK).“

Sur le constat que „le long article n’apporte rien de neuf“ il est intéressant qu’un des plus éminents historiens luxembourgeois que MM. Bettel et Hansen mentionnent dans leur réponse ait écrit à l’auteur: „den Artikel gefällt mer gutt, Dir hutt e puer Saache fonnt, déi mir entgaang waren“.

Un autre historien de grande renommée internationale, également mentionné dans la réponse de MM. Bettel et Hansen, a écrit à l’auteur: „many thanks for sending me a copy of your excellent article“.

L’historien allemand Dr Stefan Klemp qui est probablement l’expert numéro un en matière d’implication de la „Ordnungspolizei“ dans les massacres de masse des Juifs en Europe de l’Est et à qui j’avais envoyé l’article pour avis avant la publication, m’a écrit le 12 novembre 2017: „Ein wirklich guter Artikel. Wann wird er erscheinen?“ Cet historien est l’un des rares historiens allemands à avoir étudié le cas très spécifique de la „Fräiwëllegekompanie“ luxembourgeoise.

Et enfin, un haut fonctionnaire du ministère d’Etat très impliqué dans les questions de souvenir de la Deuxième Guerre mondiale, était étonné lorsque je lui ai parlé il y a à peu près six mois du fait que j’avais constaté que 51 membres de la „Fräiwëllegekompanie“ avaient été recrutés début novembre 1940, c.-à-d. lorsque cette dernière était déjà sous l’autorité de l’occupant nazi sans qu’aucune pression n’ait été exercée sur eux.

Le Lieutenant en 1er Jean Brasseur a écrit dans un mémoire que ces 51 „donnèrent leur consentement, librement et sans avoir été assujettis à la moindre pression“ (Jacoby/Trauffler, Freiwëllegekompanie 1940-1945, ISP, 1986, page 60). Peut-on, dans ce cas, parler d’enrôlés de force?

Mais pour éviter tout malentendu ou toute mauvaise interprétation de mes intentions par rapport à la „Fräiwëllegekompanie“, je tiens à citer un paragraphe de la conclusion de mon article:

„Die Luxemburger Freiwilligenkompanie ist ein hervorragendes Beispiel für mutigen Widerstand im Rahmen einer gezwungenen Eingliederung in fremde Streitkräfte. Immerhin kamen 264 Mitglieder der FK ‚in deutsche Gefängnisse und Konzentrationslager; 48 haben dies nicht überlebt‘ (Dostert).

Somit ist mehr als die Hälfte der ursprünglichen Luxemburger Soldaten und Offiziere in Konflikt mit der deutschen Hierarchie geraten und musste Strafmaßnahmen wegen Ungehorsams, Sabotage, Befehlsverweigerung und Meuterei über sich ergehen lassen. Vergleichsweise lag diese Quote bei den Zwangsrekrutierten in die Wehrmacht nur bei 20%.“

S’il est vrai que du point de vue „recherche historique“ l’article n’apporte pas beaucoup de nouveautés pour les quelques „initiés“, il est aussi vrai que la très grande majorité de la population luxembourgeoise d’aujourd’hui n’avait aucune connaissance de ces faits.

Mis à part le fait que les deux volumes sur la „Fräiwëllegekompanie“ (Jacoby/Trauffler) sont peu digestes pour le non-initié, ces ouvrages sont épuisés depuis bien longtemps. Le seul article scientifique à avoir été publié dans le passé sur les Luxembourgeois du „Reserve-Polizeibataillon 101“, en l’occurrence celui de l’historien Paul Dostert, a paru en 2000 dans la revue d’histoire „Hémecht“, une publication peu connue du grand public et a fortiori avec peu d’impact sur l’opinion publique.

En conclusion, j’espère que les auteurs de la réponse ne souhaitent pas suggérer que lorsqu’un historien a une fois traité un sujet délicat et publié ses recherches dans une revue spécialisée à tout petit tirage, l’affaire soit close pour les temps à venir.


La réponse des ministres Bettel et Hansen

Réponse de Monsieur le Premier ministre, ministre d’Etat,
et de Monsieur le Ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à la Recherche à la question parlementaire no 3515 de Monsieur le Député Franz Fayot au sujet de la recherche sur les Luxembourgeois enrôlés de force.

Nous avons l’honneur d’apporter les précisions suivantes en réponse à la question parlementaire no 3515 de Monsieur le Député Franz Fayot:
La contribution de M. Mil Lorang, parue dans les colonnes du Tageblatt du 1er décembre 2017 sous le titre racoleur „Als die Luxemburger Armee das Land verlassen musste – Wie Luxemburger in Osteuropa zu Teilnehmern am Judenmord wurden“ n’est pas une étude historique puisque cette présentation ne fait que résumer des faits et discussions autour du départ, le 4 décembre 1940, de la compagnie des volontaires luxembourgeois à Weimar (en lux. Fräiwëllegekompagnie) – qui n’était pas l’armée luxembourgeoise ni en droit, ni dans les faits. Le long article n’apporte rien de neuf par rapport aux publications des Browning, Goldhagen et Dostert des années 1980 à 2000, ni sur le sort peu enviable des plus de 400 soldats volontaires dont l’écrasante majorité ont connu les camps de concentration et les geôles nazis en raison de leur attitude patriotique et résistante, ni sur les crimes de l’unité de police 101 (Reserve-Polizei-Bataillon) dans laquelle avaient été affectés d’office 15 membres de l’ancienne compagnie des volontaires.

Nous tenons pour une évidence que la recherche scientifique doit continuer tant sur cette compagnie des volontaires, forte de 420 hommes, que sur les enrôlés forcés (plus de 12.000 garçons et filles luxembourgeois entre 1942 et 1944) et n’exclura bien sûr pas ceux qui s’étaient portés volontaires pour entrer dans la Wehrmacht ou même dans des compagnies SS. Nous ferons tout pour appuyer politiquement l’acquisition de copies d’archives y relatives et leur mise à disposition des chercheurs.

Nous tenons également à souligner que, selon l’article 1er de la loi modifiée du 12 août 2003 portant création de l’Université du Luxembourg, l’Université jouit de l’autonomie scientifique. L’histoire contemporaine du Luxembourg est considérée comme un des trois domaines thématiques prioritaires du centre interdisciplinaire „Institut d’Histoire du Temps Présent“ (IHTP) auprès de l’Université du Luxembourg. L’IHTP dispose de moyens financiers substantiels de l’Etat, à savoir de 3,8 millions d’euros pour l’année 2017 et de plus de 5 millions d’euros par an pour les années 2018 à 2021 tel qu’arrêté dans le plan pluriannuel de l’Université pour les années 2018 à 2021.

 

Scholnier
20. Januar 2018 - 15.14

En letzebuerger Kz'ler sot emol:" Mir Letzebuerger woren méi Preis wéi Preis.Virum Krich, am Krich nom Krich." Haut verstinn ech wat hien gemengt huet. Häer Lorang weider esou.

Bernard
19. Januar 2018 - 21.37

Je pense que faire la synthèse d'événements complexes en se basant sur des sources sérieuses, et rendre ainsi accessibles au grand public des pans de l'Histoire de notre pays , est tout à fait salutaire et à encourager. Mes félicitations à Mil Lorang pour ce travail journalistique bien documenté, qui a certainement requis de très nombreuses journées de recherches. J'espère qu'il continuera dans cette voie, quitte à déranger. On ne peut décidément pas plaire à tout le monde....

Claude Clemens
19. Januar 2018 - 20.41

"sous le titre racoleur": êtes-vous vraiment sérieux messieurs les ministres??? - "Le long article n’apporte rien de neuf": donc vous connaissez les faits, et ils sont exacts, sinon vous auriez dit le contraire dans cette phrase? - "l’écrasante majorité": 264 sur plus de 400, ce n'est pas une majorité écrasante ... - "Nous tenons pour une évidence que la recherche scientifique doit continuer (...) et n’exclura bien sûr pas ceux qui s’étaient portés volontaires pour entrer dans la Wehrmacht ou même dans des compagnies SS. Nous ferons tout pour appuyer politiquement (...)": donc dans le premier paragraphe, l'article est quasiment "dénigré", en tout cas pas mis à faux, et voilà tout est dit, plus personne ne lit la suite ... suite dans laquelle vous assurez votre soutien quasiment maximal pour la recherche scientifique??? Le Luxembourg, et des ministres en tête malgré les excuses du gouvernement suite au rapport Artuso, semble toujours avoir peur de vérités qui pourraient blesser. On peut creuser, mais pas trop svp?? Ne serait-ce pas de l'hypocrisie? Les Stolpersteine, c'est bien, les politiciens se pressent aux inaugurations, mais la recherche alors? Donner des noms aux victimes est permis, mais surtout pas donner des noms bien luxembourgeois à d'éventuels auteurs de crimes? Je souhaite plein de courage et de persévérance à tous les Scuto, Artuso, Lorang, jeunes ou plus vieux chercheurs, professionels ou amateurs, ici au Luxembourg et ailleurs.