FranceLa bataille des retraites va-t-elle entrer dans une nouvelle phase?

France / La bataille des retraites va-t-elle entrer dans une nouvelle phase?
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Après deux semaines dominées par les traditionnelles fêtes de fin d’année – même si aucune trêve n’a été observée dans les grèves contre la réforme des retraites – l’actualité politique et sociale française a fait hier sa rentrée dans un climat d’attentisme anxieux, et cela de part et d’autre: tant le gouvernement que les syndicats mesurent que les jours qui viennent pourraient bien se révéler déterminants.

Étrange atmosphère que celle qui prévaut depuis hier à Paris. Formellement, les Français, quelle que soit leur opinion sur l’épuisante et coûteuse paralysie des transports qui leur est infligée depuis plus d’un mois (la SNCF en est à plus de 600 millions d’euros de pertes, que les contribuables devront combler), ont l’impression assez désespérante que rien ne bouge. Et la semaine qui s’est ouverte hier sera marquée par de nouvelles offensives des contestataires: dès ce mardi, la CGT va bloquer les terminaux pétroliers et les raffineries, puis entreront à leur tour en grève les avocats, les enseignants, d’autres encore …

D’ailleurs, globalement, les syndicats les plus à même de bloquer la circulation des trains, autrement dit la CGT et Sud-Rail, ainsi que des transports urbains, vont répétant qu’ils ne feront reprendre le travail que lorsque le gouvernement aura purement et simplement retiré son projet. De leur côté, le président Macron et son gouvernement réaffirment leur disponibilité à examiner des contre-propositions … mais aussi que leur réforme des retraites ira jusqu’à son terme, la seconde de ces propositions réduisant singulièrement la portée de la première.

„Jouer la montre“ …

En apparence donc, chaque camp joue la montre“, en escomptant que l’autre finira bien par craquer. Et cela sous la pression d’une opinion publique de plus en plus partagée sur les responsabilités du chaos actuel, la dégradation de son appui originel aux syndicats n’étant ni suffisamment rapide pour faire renoncer ces derniers, ni suffisamment lente pour décourager le pouvoir. Au jeu d’échecs, on parlerait de pat“: aucun des deux adversaires ne semble ni en mesure de l’emporter, ni acculé à la défaite. Pourtant, quelque chose pourrait bien avoir commencé à évoluer un peu.

Dans le camp syndical, l’unité scellée entre la CGT et ses alliés jusqu’au-boutistes d’une part, les centrales réformistes menées par le CFDT d’autre part, connaît à l’évidence quelques fissures. Sans doute est-on loin encore de la rupture tant espérée à l’Élysée et à Matignon, après que Macron a si maladroitement braqué contre sa réforme Laurent Berger, le secrétaire général cédétiste, qui était pourtant favorable à la retraite à points“ mais ne voulait pas entendre parler d’un âge-pivot“ qui en contredit en effet le principe. Du moins l’acharnement de son homologue cégétiste Philippe Martinez, enfermé dans son refus de toute concession, commence-t-il à exaspérer ceux qui ne seraient pas hostiles à tout débat.

Dans le camp gouvernemental aussi, on semble comprendre enfin, même s’il n’est évidemment pas question de l’avouer, que le tout ou rien“ ne mène, justement, à … rien. Certes, le pouvoir  a déjà concédé tout un chapelet de petits reculs sectoriels, pour différentes professions jugées particulières (policiers, militaires, infirmières, artistes …), sur le statut des femmes retraitées, ou encore le montant minimal des pensions fixé à mille euros, qui ont modifié l’image de réforme strictement unitaire sur laquelle il s’était d’abord engagé bien imprudemment. Mais ces concessions-là, sans être négligeables, n’ont à l’évidence pas suffi, et l’heure pourrait être venue, semble-t-on penser à Matignon, d’ouvertures plus larges.

… mais aussi l’ouverture

La journée d’hier, durant la matinée de laquelle se tenait le premier conseil des ministres de l’année 2020, a ainsi été marquée par deux initiatives qui pourraient amorcer – le conditionnel s’impose encore – si ce n’est la fin de cet affrontement si pénalisant pour les Français qui travaillent, du moins un retour à plus de dialogue.

Du côté du pouvoir, le président de l’Assemblée nationale, le très macroniste Richard Ferrand, a présenté dans la presse une proposition que l’on imagine fortement téléguidée par le ministère de l’Économie et des Finances, qui consisterait à rendre provisoire les effets de la pénalité subie par ceux qui prendraient leur retraite avant le fameux âge-pivot“ de 64 ans. Proposition que – quelle surprise! – le ministre concerné, Bruno Le Maire, a aussitôt jugée excellente“ … Tout comme le ministre de l’Économie s’est hâté de souscrire à la suggestion de Laurent Berger, au nom de la CFDT, de lancer une conférence nationale sur le financement des retraites. Une démarche qualifiée du côté du gouvernement de main tendue“ à saisir immédiatement“.

Il en faudra évidemment davantage que ces frémissements pour rassurer l’opinion, d’autant plus que les grèves s’appuient aussi, désormais, sur bien d’autres revendications sectorielles. Mais les partisans d’un dialogue même très circonspect semblent du moins reprendre un peu l’initiative.

 

 

 

 

Obèsix
8. Januar 2020 - 8.46

"Comment voulez-vous gouverner un pays qui produit plus de 400 sortes de fromages." (Charles de Gaulle) Il faudra que les syndicalistes proposent une alternative pour payer les pensions des générations à venir. Peut être le phantastique budget militaire que le gouvernement pulvérise chaque année pour jouer à la "grande Nation"?