Un éditeur poursuivi en Allemagne pour avoir publié d’anciens journaux nazis

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La publication de fac-similés de vieux journaux nazis par un magazine d'histoire a provoqué l'ire des autorités allemandes qui ont annoncé jeudi des poursuites à l'encontre de l'éditeur.

Le ministère des Finances de Bavière, qui détient les droits sur les journaux nazis et les écrits d’Adolf Hitler et qui refuse leur réédition au nom de la lutte contre la propagande nazie et l’antisémistisme, a annoncé qu’il portait plainte contre l’éditeur du magazine Zeitungszeugen (Témoignages de presse).
„Aujourd’hui nous avons porté plainte, notamment pour atteinte aux droits de reproduction“, a annoncé le ministère dans un communiqué. En outre le ministère veut obtenir des tribunaux l’interdiction de reproduire ces journaux „pour empêcher la publication future de brûlots nazis“. Le ministère avait déjà sommé le magazine, après la publication de son premier numéro, de retirer l’édition des kiosques et de renoncer à publier de nouvelles copies de journaux nazis. Jeudi toutefois, le second numéro de l’hebdomadaire, publié par une petite maison d’édition britannique, était en vente dans les kiosques, avec en cahiers séparés les fac-similés de trois journaux, dont le quotidien nazi Völkischer Beobachter en date du 1er mars 1933. „La coupe est pleine! On va maintenant sévir sans égards“, proclame en caractères gothiques le titre en Une du quotidien nazi à côté d’une photo du Reichstag (parlement) en feu. Cet incendie avait servi de prétexte aux nazis pour mettre en place des lois d’exception, dont l’interdiction du parti communiste.
En première page du quotidien figure également un éditorial de Joseph Goebbels, responsable de la propagande nazie, qui accuse „le parti des fanatiques“ de semer „meurtre, terreur, feu et destruction“. Le ministère bavarois a souligné qu’il était de son devoir „d’interdire la rediffusion de propagande nazie“. „Cette prise de position répond également au devoir de respect vis-à-vis des victimes de l’Holocauste car ces rééditions constituent toujours un affront aux victimes confrontées de nouveau à leurs souffrances“, a déclaré le ministère. La rédactrice en chef du magazine, Sandra Paweronschitz, a affirmé pour sa part qu’une telle décision constituait une atteinte à la liberté de la presse. „Affirmer que nous risquons de propager la propagande nazie par cette réédition est faux et représente un point de vue borné“, écrit-elle dans un communiqué. Le magazine contient également des articles écrits par des historiens reconnus qui mettent l’époque en perspective, souligne-t-elle. Le secrétaire général du Conseil des Juifs en Allemagne, Stephan Kramer, a apporté son soutien aux autorités bavaroises. Le magazine semble défendre „des interêts commerciaux, en suivant la maxime +Hitler fait vendre+“ plutôt que d’offrir un véritable outil pour des études historiques, a déclaré M. Kramer. Cette affaire fait suite à un débat l’an dernier sur l’opportunité de publier à nouveau l’ouvrage d’Hitler „Mein Kampf“ (mon combat), interdit en Allemagne depuis la fin de la guerre et dont les droits ont également été confiés par les alliés au ministère bavarois des Finances. L’an dernier, le Conseil des Juifs d’Allemagne s’était déclaré favorable à une réédition à condition que l’ouvrage soit accompagné de commentaires appropriés.
Il est probable que le ministère accepte bientôt une réédition du livre avec annotations car „Mein Kampf“ tombera de toute façon en 2015 dans le domaine public, 70 ans après la mort de l’auteur.