UE/Strasbourg privé plus longtemps que prévu du Parlement européen

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Le Parlement européen a décidé jeudi de transférer pour la deuxième fois de suite une session plénière de Strasbourg à Bruxelles, en raison de problèmes de sécurité, un coup dur pour la métropole alsacienne qui relance la polémique sur le double siège de l'institution.

 Le président du Parlement Hans-Gert Pöttering en a fait l’annonce sous les applaudissements d’une majorité d’eurodéputés, peu enclins à faire la navette entre deux lieux de travail. Ces derniers s’étaient déjà félicités de pouvoir effectuer exceptionnellement cette semaine leur rentrée à Bruxelles, après l’effondrement d’un faux plafond le 7 août qui a gravement endommagé l’hémicycle strasbourgeois.
„Ne vous réjouissez pas trop vite, il a également été constaté qu’il pleut à plusieurs endroits dans ce bâtiment à Bruxelles“, a ajouté M. Pöttering. Les plafonds strasbourgeois ont déjà été réparés et consolidés en un temps record. Mais un examen attentif vient de mettre en lumière de nouvelles malfaçons dans ces bâtiments achevés il y a à peine neuf ans. Et encore, seulement 45% du bâtiment a été à ce jour passé au peigne fin. La décision est „accueillie avec un grand soulagement par les députés et leurs collaborateurs“, s’est réjoui le social-démocrate allemand Jo Leinen pour qui les navettes vers Strasbourg „engloutissent trop de ressources financières et personnelles“.
Le coût des transhumances des 785 eurodéputés et 3.000 fonctionnaires, assistants et interprètes entre Bruxelles et Strasbourg est évalué à 200 millions d’euros annuels. L’existence de ce double siège, fixée par les traités, suscite régulièrement la polémique. Prise en concertation avec la présidence française de l’UE, qui -ironie du sort- s’était fixée pour objectif de rendre Strasbourg plus attractive aux yeux des eurodéputés en leur offrant une liaison ferroviaire à grande vitesse directe à partir de Bruxelles, la décision a été froidement accueillie dans la métropole alsacienne.
„Qu’une des sessions soit exceptionnellement tenue ailleurs en raison d’impondérables est acceptable mais l’exception ne saurait devenir la règle“, a réagi le maire de Strasbourg, Roland Ries, en demandant à Paris et au Parlement européen de faire „le nécessaire pour que les traités soient respectés dans la mesure du possible“. C’est „toute l’économie régionale qui est touchée: les taxis, les traiteurs, les métiers de bouche“, a relevé Patrick Diebold, président du Groupement des hôteliers et restaurateurs du Bas-Rhin. Alors que les partisans de Strasbourg, à l’instar de la socialiste française Catherine Trautmann, mettent en garde „contre toute tentation d’instrumentalisation politique qui viserait à détourner le Parlement européen de son siège“ strasbourgeois, d’autres estiment que le moment est venu de rouvrir le débat.
Le Parlement européen, dont les services administratifs sont en outre basés à Luxembourg, n’est pas la seule institution européenne à être écartelée. Avec une Cour de justice à Luxembourg et une Cour des droits de l’homme à Strasbourg, des banques européennes à Francfort et Londres, diverses agences européennes basées à Helsinki ou à Parme, ce sont aujourd’hui „la plupart des missions de l’UE qui sont dispersées et on pourrait en profiter pour tout remettre à plat“, estime le vice-président du Parlement. „Il y a un traité, il sera respecté. Ce n’est pas négociable. La France sera intransigeante“, a néanmoins averti le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet.