Dès le début de son intervention radio-télévisée, le chef de l’Etat a confirmé qu’il poursuivrait les réformes „au même rythme“. Mais il a fait un geste vers ceux, syndicats en tête, qui réclamaient un coup de pouce au pouvoir d’achat des salariés en promettant que les intérêts des prêts aux banques, soit 1,4 milliard d’euros, seraient consacrés aux plus démunis. „Nous avons mobilisé des moyens importants pour sauver les banques, pour l’instant“ ça n’a „pas coûté un centime d’euro“ aux Français, a-t-il expliqué sur TF1, France 2, M6 et RTL, répondant aux critiques qui ont suivi sa décision de refinancer le système bancaire mis à mal par la crise financière. „A la fin de l’année 2009, l’argent que nous avons prêté aux banques pour qu’elles fassent leur métier rapportera au budget de l’Etat 1,4 milliard d’euros (d’intérêts), que j’utiliserai intégralement pour financer des mesures sociales“, a expliqué Nicolas Sarkozy. Parmi les mesures susceptibles d’être financées par cette enveloppe, Nicolas Sarkozy a évoqué une suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu, une „augmentation des allocations familiales“, et un „chèque emploi service payé par l’Etat“ pour les personnes âgées et les mères de famille seules. Il a également assuré que l’Etat était „prêt à faire un effort“ pour „mieux protéger“ les jeunes en fin de CDD et qui ne retrouvent pas d’emploi, et suggéré qu’il fallait „aller plus loin“ sur l’indemnisation du chômage partiel, déjà passée en décembre de 50 à 60% du salaire brut à la suite d’un accord entre partenaires sociaux. Le président a précisé que ces „pistes“ seraient soumises aux partenaires sociaux le 18 février. Cette réunion sera consacrée au „partage du profit“, a-t-il décidé, évoquant le „sentiment d’injustice majeur“ suscité dans cette crise par „le comportement“ de certains banquiers. Forts du succès de leur journée d’action de la semaine dernière, les syndicats ont suspendu leurs prochaines initiatives au contenu de la prestation télévisée du chef de l’Etat, en lui faisant savoir qu’ils attendaient des gestes de sa part en faveur du pouvoir d’achat. Comme l’ensemble des formations de gauche, le patron de la CFDT François Chérèque a réclamé un „changement de cap“ de la politique gouvernementale, tandis que celui de FO Jean-Claude Mailly a prévenu que sans „relance par la consommation“, il y aura „remobilisation“. Afin de préserver l’emploi et de „garder des usines en France“, Nicolas Sarkozy a créé la surprise en annonçant la suppression de la taxe professionnelle dès 2010, court-circuitant les travaux de la commission Balladur sur la réforme des collectivités territoriales. „Je ne peux pas dire aux actionnaires pour le coup: +ne délocalisez plus, relocalisez+, et en même temps leur laisser des charges et des contraintes qui font qu’ils ne s’en sortiront plus“, a-t-il plaidé. Sur la question des paradis fiscaux, le chef de l’Etat a enfin souhaité, avant même la réunion du G20 à Londres le 2 avril, que la France revoie ses relations avec Andorre et Monaco. Il a par ailleurs assuré qu’il maintenait „totalement“ sa confiance à son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, mis en cause dans un livre où il est accusé de conflit d’intérêts.
Le grand oral de Sarkozy dans une ambiance sérieuse voire grave Dans une ambiance sérieuse voire grave, Nicolas Sarkozy a passé jeudi soir, dans une salle des fêtes de l’Elysée transformée en plateau de télévision, son grand oral face à quatre journalistes dans l’émission „Face à la crise“ diffusée sur trois chanes de télé et une radio. Pour cet exercice délicat d’une heure et demie visant à calmer la grogne croissante, le chef de l’Etat était assis à une large table blanche, cravate sur chemise blanche et costume bleu foncé, sur fond de drapeaux européen et français. En face, les journalistes Laurence Ferrari (TF1), David Pujadas (France 2), puis Guy Lagache (M6), relayé par par Alain Duhamel (RTL), l’ont soumis à un feu roulant de questions. Un grand plateau blanc futuriste a été installé, à l’instar de son intervention télévisée d’avril 2008, qui contrastait avec les lambris dorés et les épaisses tentures rouges. Un public restreint d’une vingtaine de personnes était sagement assis sur le côté, écoutant le chef de l’Etat. Après de petits reportages sur l’inquiètude des Français, qui ont rythmé le débat, Laurence Ferrari avait lancé le dialogue à 20H15 : „Voilà, Monsieur le président, vous avez entendu les Français, qu’avez-vous à répondre?“. Tenant ses mains jointes mais recourant à des gestes pour appuyer son propos, le président de la République s’est voulu concret, critiquant ainsi les „bonus invraisemblables“ des traders, s’attachant à convaincre et multipliant les annonces. Mais il a tenté de détendre l’atmosphère en évoquant le film de Frank Capra, „La Vie est belle“, où des gens affolés viennent reprendre leurs économies dans une banque en faillite. Parfois, d’un air de connivence, il a repris son intervieweur, „Comment vous avez dit +au pas de charge+?“, lance-t-il à l’un d’eux qui a ainsi qualifié le rythme de ses réformes. Il a affiché un regard sévère de désapprobation lorsqu’il s’est agi de l’usine ArcelorMittal : „Soyons précis, a-t-il asséné à l’un de ses interviewers…On m’a fait beaucoup de reproches dans la vie politique, pas de mentir“. |
Les principales réactions à l’intervention télévisée de Nicolas Sarkozy
Voici des réactions à l’interview radio-télévisée de Nicolas Sarkozy jeudi soir, „Face à la crise“: – Nathalie Arthaud et Arlette Laguiller de Lutte ouvrière (LO): „Ceux parmi les travailleurs, les chômeurs, les retraités, qui n’attendaient rien du discours de Sarkozy ce soir n’auront pas été déçus. Sarkozy n’avait rien à leur dire, si ce n’est quelques mots hypocrites de compassion“. |
Sie müssen angemeldet sein um kommentieren zu können