Référendum en Azerbaïdjan: vers une prolongation du règne d’Aliev

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

L'Azerbaïdjan votera mercredi sur une levée de la disposition limitant à deux le nombre de mandats présidentiels, ouvrant la voie à une prolongation indéfinie du règne de la dynastie Aliev sur ce petit pays riche en pétrole.

 Des groupes d’opposants ont appelé au boycott de ce référendum, qu’ils qualifient de farce, mais les analystes jugent certain que les amendements constitutionnels seront adoptés. Le président Ilham Aliev, 47 ans, a été élu en octobre à une forte majorité pour ce qui devait être son deuxième et dernier mandat de cinq ans. Avant lui, son père Heydar Aliev avait présidé aux destinées du pays presque en continu entre 1969 et 2003.
„Nous pensons que la limite constitutionnelle représente une limite des droits de l’Homme et du droit de vote des citoyens“, affirme Moubariz Gourbanly, secrétaire général adjoint du parti de M. Aliev, Yeni Azerbaïdjan, à l’initiative du référendum. „En la supprimant, nous aurons à l’avenir la possibilité de nominer à nouveau Ilham Aliev, une personne qui a fait beaucoup pour le progrès social et économique du pays et pour la présidence“, poursuit-il. Mais les détracteurs du régime, qui accusent depuis longtemps les Aliev de s’accrocher sans scrupules au pouvoir, sont d’un autre avis : „Ce référendum a pour objet de permettre à Ilham Aliev de devenir président autant de fois qu’il le veut“, critique Issa Gambar, l’une des figures de l’opposition, du parti Mussavat.
„Cela conduit notre pays à l’autoritarisme (…) et le rapproche de la liste des Etats arriérés, autoritaires comme ceux d’Afrique ou d’Asie“, selon lui. Les amendements prévus permettraient aussi de retarder les scrutins présidentiels ou législatifs en cas de guerre. Malgré un accord de cessez-le-feu, l’Azerbaïdjan est toujours en conflit avec l’Arménie voisine au sujet du Nagorny Karabakh, région que M. Aliev a promis de ramener sous contrôle azerbaïdjanais.
Nombre d’opposants ont appelé la population à rester chez elle mercredi, affirmant que les autorités, après avoir harcelé les militants et abusé de son pouvoir sur les médias nationaux, allaient quoiqu’il arrive manipuler le vote. Pourtant, le président est sûr de l’emporter dans ce pays musulman ex-soviétique de huit millions d’habitants, où beaucoup lui sont reconnaissants de la période de forte croissance que vient de connaître l’Azerbaïdjan, selon les experts.
„Même sans les traditions azerbaïdjanaises de fraude électorale, cette proposition serait soutenue par le peuple“, estime l’analyste politique Rassim Moussabekov, basé à Bakou. L’initiative n’a guère suscité de remous aux Etats-Unis et en Europe. L’opposition azerbaïdjanaise accuse depuis longtemps les gouvernements occidentaux de ménager Aliev pour s’assurer de leur accès aux immenses réserves d’hydrocarbures du pays et de leur influence sur le réseau stratégique de gazoducs et oléoducs de la région. Les observateurs européens, qui avaient estimé que la réélection de M. Aliev en octobre ne satisfaisait pas aux critères démocratiques, ne prévoient pas de mission de surveillance à grande échelle ce mercredi. Plusieurs dizaines d’autres modifications constitutionnelles sont proposées dans le cadre de ce référendum, dont des restrictions sur le droit à photographier, filmer ou enregistrer des gens sans leur assentiment, mais aussi une interdiction de faire preuve d“‚irrespect“ envers „les symboles de l’Etat“ et un pouvoir renforcé de ce dernier sur les administrations locales.