Recueillement pour Alexis II à Moscou, circonspection sur son successeur

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Des milliers de fidèles ont patienté des heures dimanche autour de la cathédrale Christ-Sauveur à Moscou pour s'incliner devant la dépouille du patriarche russe Alexis II, artisan du renouveau de l'orthodoxie, certains s'interrogeant avec circonspection sur son successeur.

Le patriarche de Moscou et de toutes les Russies est mort vendredi. Son corps est exposé dans la cathédrale qui restera ouverte jour et nuit, jusqu’aux funérailles mardi.
Pour y accèder, il faut marcher sous un ciel gris, le long d’impressionnants cordons de policiers. Mais pour ceux qui font la queue, l’attente a peu d’importance.
„L’orthodoxie, c’est l’essence de notre identité nationale. Le Saint patriarche a fait revenir l’orthodoxie en Russie„, dit Natalia Vlassova, une médecin d’une quarantaine d’année, qui s’était fait baptiser après la chute de l’URSS en 1991.
„Après tout ce qu’il a fait pour nous, c’est notre devoir de l’accompagner dans sa dernière demeure“, confie Olga Smirnova, une enseignante. „Il était courageux et malgré ses maladies, continuait à célébrer les liturgies. Nous sommes là pour lui dire un dernier adieu“, dit Oleg Tchoutchkine, juriste. Son épouse Nadejda, un gros bouquet de roses à la main, assure que „des figures comme Alexis II apparaissent une fois tous les 100 ans“. Le métropolite Kirill, „ministre des Affaires étrangères“ du patriarcat de Moscou est son successeur par intérim. „Il présente bien“, souligne Oleg Tchoutchkine. „Que serait-il capable de faire à ce poste suprême? Je ne peux pas le dire“, ajoute-t-il. Nina Kaufman, une économiste quinquagénaire a attendu près de cinq heures pour accéder à la cathédrale. „J’ai assisté à plusieurs services qu’il avait célébrés. J’éprouvais un immense respect pour lui“. „Quant à Kirill j’ai une attitude prudente. Sa sphère est la politique, là il était à sa place. Pour être patriarche, il faut avoir d’autres qualités. Alexis II répétait souvent qu’il était d’abord un serviteur religieux et ensuite un administrateur“, souligne Mme Kaufman. D’autres fidèles affichent cependant leur vénération à l’égard de Kirill, un des mieux placés pour succéder à Alexis II. „Kirill est un excellent homme. Je suis un simple petit fidèle qui ne peut juger de ses activités. Il doit être sur la bonne voie“ comme Alexis II „qui a fait renaître l’orthodoxie russe et uni le peuple“, assure Viktor Dobravé, un ouvrier.
„Kirill est un successeur digne. Ce n’est pas par hasard qu’il a été nommé +gardien du trône+“, affirme Mme Smirnova. Des contributeurs au portail russe spécialisé dans les questions religieuses Credo.ru (www.portal-credo.ru) se sont montrés très critiques vis-à-vis du métropolite Kirill et de sa désignation, l’un d’eux comparant le processus de nomination à celui des leaders soviétiques au moment des funérailles de leur prédécesseur.
Des experts estiment que les déclarations publiques de Kirill au cours des dernières années ont été de plus en plus empreintes de nationalisme. „Il est difficile d’imaginer qu’il sera conciliant avec les catholiques“, prédit Sergueï Filatov, de l’Académie russe des sciences. Ksenya Dennen, qui dirige l’Institut Keston à Oxford en Grande-Bretagne, voit peu de chance d’évolution majeure dans le règlement des différends entre le Patriarcat de Moscou et la hiérarchie de l’Eglise catholique à Rome. Irritée par l’antisoviétisme de Jean Paul II, qu’elle accusait de prosélytisme, l’Eglise orthodoxe n’a jamais accepté une visite du pape en Russie.