Rasmussen, un fidèle allié des Etats-Unis à la tête de l’Otan

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Homme politique chevronné sachant allier fermeté et sens du compromis, le Danois Anders Fogh Rasmussen est un des plus fidèles alliés de Washington au sein de l'Otan, au point d'avoir engagé le Danemark, pacifiste depuis 100 ans, en Irak et en Afghanistan.

Dès son élection au poste de Premier ministre en 2001, M. Rasmussen s’est rangé derrière George W. Bush, dont il est devenu un ami proche. „Un de ses boys“, ironisera l’opposition danoise de gauche, critiquant sa politique „calquée aveuglément“ sur celle de l’ex-président américain, et sa défense de la prison américaine de Guantanamo au nom de la lutte contre le terrorisme international. Rompant avec la tradition pacifiste du petit royaume scandinave, il a fait du Danemark un Etat combattant, parmi les premiers à s’engager en Afghanistan. Actuellement premier contributeur aux forces de l’Otan par rapport au nombre d’habitants, le Danemark est aussi le pays qui a enregistré à ce jour les pertes en soldats les plus élevées.

En mars 2003, M. Rasmussen a également engagé le Danemark dans la guerre en Irak, avec le soutien d’une étroite majorité au Parlement, en dépit d’une opposition hostile et d’une opinion divisée. Après plus de sept ans à la tête d’un gouvernement de centre-droit, cet homme de 56 ans, austère mais charismatique, à la stature svelte de marathonien, est reconnu comme „un bon organisateur et un tacticien émérite“, selon le commentateur politique Hans Engell. Il est notamment connu pour suivre de très près son programme afin de s’assurer qu’il soit appliqué à la lettre. Maniant aussi bien le français que l’anglais, il est réputé pour son sens du compromis autant que pour sa fermeté. Pour preuve, la façon dont il a défendu la liberté d’expression – „pierre angulaire de la démocratie“, selon lui – dans l’affaire des caricatures de Mahomet en 2005. Il avait alors apporté un soutien sans faille au quotidien danois Jyllands-Posten qui avait publié des dessins satiriques du Prophète, malgré les violentes protestations contre le Danemark qui s’étaient exprimées dans le monde musulman.

M. Rasmussen est le premier chef de gouvernement en exercice à avoir été choisi comme secrétaire général de l’Alliance. Il a démissionné pour ce faire de ses fonctions de Premier ministre. „Je suis avant tout un dirigeant politique. Je l’étais en tant que Premier ministre et je le suis aussi comme secrétaire général (de l’Otan). C’est pourquoi j’ai été choisi“, a-t-il déclaré fin juin au mensuel Berlingske Nyhedsmagasin.

Cet ultra-libéral devenu pragmatique a aussi été très actif en politique étrangère. Son grand succès international aura été l’élargissement de l’Union européenne aux pays de l’Est, décidé en décembre 2002 à l’issue de la présidence danoise de l’UE. Cette victoire diplomatique lui a permis de tisser „un réseau d’amitiés“ qui lui „sera très utile aussi“ à l’Otan, estime-t-il. Economiste de formation, M. Rasmussen était entré au Parlement en 1978, gravissant les échelons pour devenir plusieurs fois ministre dans le gouvernement du conservateur Poul Schlüter (1982-1993), puis président du parti libéral depuis 1998. A force de compromis, il a accédé au pouvoir en novembre 2001 et s’y est maintenu grâce au soutien du Parti du peuple danois (extrême droite). Marié et père de trois enfants, récemment devenu grand-père, il pratique la course à pied, le ski et le kayak.