Portugal: Recrudescence de l’émigration sur fond de crise économique

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L'émigration, phénomène étroitement lié à l'histoire du Portugal depuis le XVe siècle, connaît une recrudescence depuis le début des années 2000, correspondant à la fin du boom économique qui a suivi l'adhésion à l'Union européenne.

 „La hausse du chômage et des emplois précaires ces dernières années ont poussé des milliers de personnes à quitter le pays“, estime le député José Cesario qui travaille sur la question des flux migratoires depuis plusieurs années.
Selon lui, le nombre de Portugais ayant émigré depuis 2003 s’élèverait à près de 100.000 par an, soit un demi-million en cinq ans, pour un peu plus de 5 millions d’actifs.
„Aucune étude rigoureuse ne permet“ de confirmer ces données, affirme pour sa part le secrétaire d’Etat aux communautés Antonio Braga. Les chiffres exacts de l’émigration sont en effet difficiles à établir, et le gouvernement portugais, qui a mis en place en mai un Observatoire de l’émigration, préfère parler de „mobilité professionnelle intra-européenne“. Selon un rapport de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) sur les migrations portugaises à paraître prochainement, l’émigration a augmenté entre 2003 et 2006 de 18,7%. Un chiffre obtenu grâce au croisement de données consulaires, d’associations et d’autres organismes, explique son auteur Jorge Malheiros du Centre d’études géographiques. Les principaux pays de destination sont la Grande-Bretagne, la France, la Suisse, le Luxembourg et l’Espagne, où le nombre de Portugais a progressé de 25% en 2007 par rapport à 2006. Ils sont actuellement estimés à 101.818, selon les données du ministère de l’Emploi espagnol. Peuple de marins et d’explorateurs, les Portugais sont près de cinq millions à vivre à l’étranger, résultat de plusieurs vagues successives d’émigration, ce qui équivaut à environ à 40% des résidents du territoire national, d’après les chiffres officiels.
Après la révolution des Oeillets en 1974 qui a renversé la dictature salazariste, le Portugal avait accueilli sur son territoire de grandes communautés d’Africains originaires de ses anciennes colonies. Dans les années 90, cette tendance s’était encore accélérée. Après le boom économique qui a suivi l’adhésion à la Communauté économique européenne, le pays a vu arriver de nombreux Brésiliens, Ukrainiens, Russes, Roumains ou encore des Chinois.
Le Portugal compte aujourd’hui près d’un demi-million d’immigrants en situation régulière, soit près de 5% de sa population. Dans le même temps, l’émigration s’était tassée jusqu’au début du XXIe siècle. Ce phénomène, qui concernait jusque dans les années 80 surtout une main d’oeuvre peu qualifiée, revêt aujourd’hui des caractéristiques différentes. Il touche aussi les diplômés et n’a plus un caractère permanent. „L’émigration est aujourd’hui avant tout temporaire, explique M. Malheiros. Beaucoup de Portugais partent travailler la semaine en Espagne et rentrent le week-end, ou bien ils partent pour des périodes de un ou deux mois, puis ils reviennent“.