Ouverture du procès de l’ex-tortionnaire en chef du régime des Khmers rouges

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L'ex-tortionnaire en chef du régime des Khmers rouges a comparu mardi devant un tribunal cambodgien ... /Galeries photos Marc Schroeder <marc.p.schroeder@gmail.com>/

… à participation internationale pour le premier procès tant attendu d’un responsable présumé d’atrocités commises il y a trente ans au nom d’une révolution communiste.
 Kaing Guek Eav, 66 ans, plus connu sous le nom de „Douch“, a comparu pour une audience préliminaire devant cette cour spéciale, parrainée par l’ONU, où il est accusé d’avoir dirigé le principal centre de détention et de torture des Khmers rouges à Phnom Penh. Quelque deux millions de personnes, soit environ un quart de la population cambodgienne, ont trouvé la mort sous le régime de Pol Pot qui a fait régner la terreur de 1975 à 1979. Les Khmers rouges avaient été chassés du pouvoir par des forces vietnamiennes. „Cette première audience représente la réalisation d’efforts significatifs dans l’établissement d’un tribunal honnête et indépendant chargé de juger ceux qui occupaient des fonctions de direction“ dans l’appareil des Khmers rouges, a déclaré le juge Nil Nonn qui présidait la séance, mardi. „Douch“ commandait à l’époque la prison de Tuol Sleng, connue également sous le nom de S-21, un centre d’interrogatoires établi dans un ancien lycée où plus de 15.000 personnes ont été torturées avant d’être tuées dans des „killing fields“ voisins, dans le cadre de vastes purges organisées par l’équipe au pouvoir de Pol Pot.
„Douch“ est formellement accusé de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, de tortures et de meurtres avec préméditation. Selon son avocat François Roux, il a déjà assumé ses responsabilités et demandé „pardon“ aux victimes.
L’accusé –un ancien professeur de mathématiques converti au christianisme dans les années 1990– est arrivé au tribunal à bord d’un Land Cruiser blindé, aux vitres teintés.
Vêtu d’une chemise bleue, cet homme, maigre et petit de taille, s’est assis, le regard impassible et l’air maussade, dans le box des accusés installé sur une estrade derrière une immense vitre pare-balles. „C’est un jour très important pour moi“, a déclaré à l’AFP Chum Mey, un des rares survivants de Tuol Sleng. „Je serai témoin (au procès). Je veux voir Douch et lui demander pourquoi il m’a emprisonné“. Arrêté en 1999 par les autorités cambodgiennes après avoir été démasqué par un journaliste, „Douch“ est le premier ex-responsable Khmer rouge à avoir été transféré en 2007 vers le tribunal spécial de Phnom Penh. Il risque au maximum la réclusion à perpétuité, la Cour ayant exclu la peine de mort. Quatre dirigeants au profil plus politique du régime de Pol Pot, lui-même décédé en 1998, seront jugés à des dates ultérieures. Ils sont âgés de 76 à 83 ans et de nombreux Cambodgiens redoutent qu’ils ne meurent avant leur procès. Le tribunal de Phnom Penh s’est mis péniblement en place en 2006, après une décennie de tractations entre l’ONU et le gouvernement cambodgien de Hun Sen. L’audience préliminaire concernant „Douch“ est destinée à fixer certaines procédures, les débats au fond n’étant pas prévus avant la deuxième moitié de mars, selon des responsables de la Cour. Me Roux a rappelé aux juges que l’accusé avait été détenu sans procès pendant „neuf ans, neuf mois et sept jours“, une situation „inacceptable“. Le juge d’instruction français Marcel Lemonde a souligné que le processus judiciaire était crucial pour renforcer la réconciliation nationale au Cambodge, affirmant que le procès des Khmers rouges fournissait l’occasion „non seulement de se prononcer sur des responsabilités individuelles, mais aussi d’organiser un débat public“ sur cette page sombre de l’Histoire du XXe siècle.