Nicolas Sarkozy face aux difficultés des Français

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Pouvoir d'achat, chômage, retraite, délocalisations, taxe carbone: les thèmes de discussion ne manquaient pas, les points de friction non plus. A moins de deux mois des élections régionales, grand test de sa mi-mandat, Nicolas Sarkozy s'est employé lundi soir sur TF1 à défendre ses réformes face à onze citoyens peu épargnés par la crise, l'occasion...

Le décor convivial de l’émission „Paroles de Français“ -de petites tables rondes organisées en cercle- et les bons offices de l’animateur Jean-Pierre Pernaud n’ont pas empêché le chef de l’Etat d’être pris à parti par l’ouvrier automobile Pierre Le Ménahès, syndiqué à la CGT, blouson de cuir et boucles d’oreille, qui a dénoncé les choix gouvernementaux en matière d’industrie et de délocalisations.Voir l’interview intégrale sur TF1

Licenciements

„Quand j’entends parler de partage, aujourd’hui, les foyers français partagent essentiellement les licenciements“, a lancé cet employé d’un sous-traitant de Renault, saluant la „lutte exemplaire“ des salariés de Molex et Continental. „On peut me reprocher beaucoup de choses (…) mais on ne peut pas me reprocher de ne pas me battre“, s’est défendu M. Sarkozy. „Et on ne peut pas reprocher à la direction actuelle de Renault de corriger les erreurs des directions précédentes.“ Le ton est encore monté d’un cran lorsque le président a demandé à son interlocuteur de reconnaître que „le plan de soutien à l’automobile a protégé l’emploi“. Réponse du syndicaliste: „Non, ça n’a pas servi l’emploi, sinon ça se saurait. Et ça, c’est la France qui se lève tôt, M. Sarkozy!“

Echecs et attentes

En préambule à ces échanges, le président avait pourtant pris soin d’expliquer qu’il essayait de „rester en contact“ avec les „réalités“ de ses concitoyens: „la réalité des difficultés, des échecs, des attentes, je vous prie de croire, ça je le perçois bien tous les jours.“

Ces échecs et ces attentes, il les a entendus dans le récit de Nathalie Perriot, 26 ans, bac+5 sans emploi, à qui il promis un recul du chômage „dans les prochaines semaines“. Mais si les demandeurs d’emploi sont encore aussi nombreux, M. Sarkozy y voit le résultat de 35 heures „catastrophiques“. „Qu’il y ait la crise ou pas, Nathalie, nous avons fait un choix qui est celui de la relance de la croissance et pas du partage du travail“, a-t-il souligné. Et de pronostiquer un taux de croissance de „1,4%, peut-être plus“ cette année. Sophie Poux, productrice de lait dans le Tarn-et-Garonne, ne croit pas à cette croissance annoncée. „Je suis dans le lait, et là c’est la catastrophe“, a-t-elle résumé. „Cette année, la plupart de mes collègues n’ont pas pu se prendre de salaires.“ „Je ne laisserai pas mourir l’agriculture française“, lui a répondu avec force Nicolas Sarkozy, reconnaissant que „le système des quotas laitiers créé en 1984 a complètement explosé“.
Il faut, selon lui, mieux répartir la valeur ajoutée pour „peser davantage sur les distributeurs“. Face à Jimmy Bils, chef d’entreprise dans le transport routier, qui parlait de la taxe carbone comme d’un „impôt de plus“ et réclamait une exonération à l’instar des „pêcheurs“, le président a souhaité que la France „donne l’exemple pour lutter contre le réchauffement climatique“ en polluant moins. De fait, a-t-il poursuivi, „nous allons nous battre pour avoir une taxe carbone aux frontières de l’Europe“. Après avoir assuré, plus tôt lors du JT de TF1, que les décisions concernant la réforme des retraites seraient prises „avant la fin de l’année“, qu’elles concerneraient „tout le monde“ mais ne reviendraient pas sur le „système par répartition“, Nicolas Sarkozy a évoqué la question de pénibilité avec Martine Millet, infirmière dans un service d’urgence. „C’est vrai qu’il y a le problème de la pénibilité, on en reparlera avec les syndicats“, a-t-il relevé, notant que les infirmières diplômées seraient désormais „mieux payées“ mais devrait en contrepartie „travailler plus longtemps“.

Bail de cinq ans

Confronté également à une employée de la grande distribution vivant au smic avec son mari et leurs deux enfants, à un professeur d’économie de banlieue parisienne, à une auto-entrepreneuse et à un retraité, le président estimé que son mandat lui suffirait pour mener à bien ces réformes. „J’ai un bail de cinq ans, c’est à moi d’en faire le bail le plus utile pour la France. Et on verra à ce moment là s’il s’agit de faire un stop ou encore“, a-t-il conclu, se disant convaincu que „la stratégie économique, sociale, va porter ses fruits“. Parmi les premiers à réagir à cette émission, l’eurodéputé socialiste Harlem Désir a estimé que M. Sarkozy n’avait „certainement pas réglé la crise de confiance“ entre lui et ses concitoyens: „tout au long de ce dialogue, il a été confronté à des Français qui le renvoyaient à l’absence de résultats (…), et lui se décernait une sorte d’auto-satisfecit permanent“, a-t-il constaté.

Le Premier ministre François Fillon a pour sa part jugé que Nicolas Sarkozy avait „su expliquer que la réforme était la condition indispensable à notre redressement économique et au progrès social“.

AP