/ Municipales/Jérusalem: en boycottant, les Arabes \"votent\" contre l'occupation
Comme c’est le cas depuis le début de l’occupation de Jérusalem-est en 1967, les Palestiniens, qui avec 250.000 âmes représentent un tiers de la population de la ville sainte, suivront dans une indifférence quasi-totale le déroulement du scrutin, et les bureaux de vote dans les quartiers arabes ne devraient connaître aucune affluence.
Des dignitaires palestiniens ont multiplié les appels au boycott, expliquant que voter revenait à cautionner l’occupation israélienne du secteur arabe, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l’Etat auquel ils aspirent alors qu’Israël proclame la ville „unifiée“ sa capitale „éternelle et indivisible“. „Nos positions, religieuse et nationale, à ce sujet sont claires: elles interdisent la participation, que ce soit en votant ou en se portant candidat, à ces élections pour une autorité qui représente l’occupation israélienne“, a déclaré le mufti de Jérusalem et des territoires palestiniens Mohammad Hussein. Le gouverneur palestinien de Jérusalem, Adnane al-Husseini, dont l’occupation israélienne rend la fonction largement symbolique, a dénoncé la discrimination pratiquée par la municipalité contre les quartiers arabes où les services offerts sont largement inférieurs à ceux dont bénéficient les quartiers juifs.
„On n’entend parler de la municipalité qu’au moment des élections ou lorsque elle veut détruire nos maisons. Cette mairie ne fait qu’extorquer les gens“, a-t-il affirmé.
La municipalité n’accorde qu’au compte-gouttes des permis de construire aux Palestiniens et ses services démolissent régulièrement des maisons bâties sans autorisation.
A deux jours des élections, Israël a expulsé de son domicile de Cheikh Jarrah la famille al-Kurd, des réfugiés devenus le symbole du combat palestinien contre la colonisation israélienne de Jérusalem-est. La bataille pour la mairie de Jérusalem met notamment aux prises un candidat ultra-orthodoxe, Meïr Poroush, et un candidat laïc, Nir Barkat, défendant tous deux l’annexion de la partie arabe de la ville. Un troisième candidat, malmené dans les sondages, l’homme d’affaires d’origine russe Arcady Gaydamak, courtise l’électorat arabe potentiel, publiant des encarts dans la presse palestinienne avec la promesse de meilleurs services aux Arabes et multipliant les visites dans les quartiers palestiniens. M. Gaydamak, se présentant comme „un candidat d’un genre différent“, n’a pas hésité à qualifier M. Barkat de „raciste“ et souligner que M. Porouch employait dans sa campagne „des personnalités connues pour leur appartenance au mouvement raciste Kahana Haï qui préconise l’expulsion des Arabes“. Ne reculant devant rien pour rallier un hypothétique électorat arabe, le candidat aux accents populistes accuse ses rivaux „de promouvoir une idéologie raciste, corrompue et périmée“. Allant à contre-courant, certains intellectuels palestiniens préconisent une participation des Palestiniens au scrutin, estimant qu’ils pourraient ainsi avoir leur mot dans la gestion de la ville. „La position officielle consistant à boycotter les élections municipales signifie que nos droits resteront toujours tronqués dans notre ville. Nous payons des taxes et nous voulons obtenir des droits mais nous ne faisons que scander des slogans“, affirme Hanna Siniora, une des personnalités palestinienne de Jérusalem et ancien journaliste. Mais même parmi ceux qui divergent d’avec la position officielle, très peu d’entre eux brisent le boycottage de vigueur de crainte de se faire traiter de „collaborateurs“.
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