Moscou veut le report d’exercices de l’Otan en Géorgie, malgré la détente

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La Russie a demandé jeudi à l'Otan de reporter des exercices prévus en Géorgie en mai, témoin de sa détermination à s'opposer à toute présence de l'alliance dans cette ex-république soviétique malgré le réchauffement de ses relations avec les Occidentaux.

Un porte-parole de la mission russe auprès de l’Otan a déclaré jeudi que la mission allait faire une lettre au secrétaire général de l’organisation, Jaap de Hoop Scheffer, „pour demander que (les exercices en Géorgie) n’aient pas lieu pour l’instant“.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a jugé que l’annonce de ces exercices – prévus du 6 mai au 1er juin dans le cadre du programme de coopération de Partenariat pour la Paix auquel participe la Géorgie – pourrait nuire à la stabilisation du Caucase.
„La démonstration de complicité de l’Otan avec le régime géorgien n’enverra sans doute pas le bon signal à ceux qui veulent sincèrement parvenir à une stabilisation de la situation dans le Caucase“, a déclaré M. Lavrov d’Erevan. Huit mois après le conflit russo-géorgien dont Moscou impute l’entière responsabilité à Tbilissi, M. Lavrov a ajouté espérer que „les pays de l’Otan (…) éviteront des démarches qui pourraient pousser à nouveau le régime géorgien vers un sentiment d’irresponsabilité et d’impunité“. La Géorgie a immédiatement dénoncé „une nouvelle tentative de la Russie de s’ingérer dans (ses) affaires intérieures“ et de „suivre une politique de sphères d’influence exclusives“, une réminiscence de la Guerre froide. Les réactions à l’Otan étaient nettement plus modérées. Un porte-parole, Robert Pszczel, soulignant que Jaap de Hoop Scheffer n’avait encore reçu aucune demande de report de Moscou, a simplement fait valoir que les manoeuvres n’étaient „en aucun cas une surprise“, puisqu’elles étaient en préparation depuis le printemps 2008. Devant réunir 1.300 hommes de pays membres et non membres, elles sont essentiellement des exercices de coordination, n’impliquant „aucun équipement militaire lourd“, et n’ayant „aucun lien avec la situation en Géorgie ou dans la région“, a-t-il ajouté. Un diplomate occidental, sous couvert de l’anonymat, a estimé que la réaction de Moscou ne „portait vraisemblablement pas à conséquence“.
Ce geste de mauvaise humeur de Moscou vient néanmoins affecter un peu le climat de réchauffement s’esquissant entre la Russie et l’Otan. Gelées depuis le conflit géorgien, les réunions du Conseil Otan-Russie, censé empêcher les tensions entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide, doivent ainsi reprendre fin mai-début juin, aucune date précise n’ayant encore été fixée.
Le nouveau gouvernement américain a beaucoup contribué à ce réchauffement, en se disant prêt à remettre le compteur à zéro dans ses relations avec Moscou, où le président Barack Obama doit se rendre en juillet. Les relations Otan-Russie s’étaient profondément dégradées avant le conflit en Géorgie, avec notamment la promesse faite par l’alliance occidentale en avril 2008 d’intégrer un jour en son sein la Géorgie et l’Ukraine, une perspective perçue comme une menace par Moscou. Pour l’analyste Daniel Korski, du Conseil européen pour les relations étrangères à Londres, „la Russie essaie de pousser le plus possible l’alliance“, pour tirer parti des „ouvertures de l’administration Obama“. „Mais il n’est pas déraisonnable d’avoir une période de réflexion“ qui pourrait inclure un report de ces exercices, „pour repenser le dialogue avec la Russie et la Géorgie“, a-t-il jugé.