L’Unesco accusée d’inciter au vice avec un programme d’éducation sexuelle

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Un programme mondial de l'Unesco pour l'éducation sexuelle, dont une version provisoire vient d'être révélée, a soulevé l'ire des milieux conservateurs américains, qui l'accusent de promouvoir masturbation, contraception et avortement.

Présentées la semaine dernière, les „Lignes directrices internationales sur l’éducation à la sexualité“ sont le fruit d’un travail lancé en 2007 par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture. Elles visent à fournir un canevas pour une éducation sexuelle dans les écoles du monde entier.
Le programme, élaboré à partir de 87 études internationales, vise à donner aux enfants et aux jeunes gens de chaque pays les moyens de „faire des choix responsables dans leurs relations sexuelles et sociales“, pour lutter contre le sida, les abus divers et les grossesses non désirées, selon le document. Y sont détaillés, par tranche d’age, les thèmes et les connaissances à apporter, du droit à „l’auto-détermination“ et à dire „oui ou non“ en matière de pratiques sexuelles, à des enseignements sur la contraception, l’usage du préservatif et l’avortement. La masturbation y est décrite comme „une expression possible et sans danger de la sexualité“. Le document, dont une première version avait été rendue publique en juin, a suscité depuis de vives critiques. „Un rapport de l’ONU recommande d’enseigner la masturbation aux enfants de 5 ans“, a titré en août le site en ligne de la chaîne Fox News, proche des milieux conservateurs américains. L’Unesco veut „établir une bureaucratie enseignant la masturbation et la contraception“, et son programme d’éducation sexuelle „foule aux pieds la morale traditionnelle“, a notamment accusé un autre site conservateur, americanthinker.com. „Une fois de plus, le pire de l’idéologie radicale américaine est exporté à travers le monde“, a ajouté ce site. Les deux auteurs du document, deux experts américains, ont également reçu des messages électroniques menaçants, indique-t-on à l’organisation. La critique a essentiellement trouvé un écho en Amérique latine, relève-t-on à l’Unesco.
Simultanément, toute mention du soutien du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), initialement partie au projet, a disparu de la dernière version. Le FNUAP était devenu la „bête noire“ des conservateurs américains, indique-t-on au sein de l’organisation. L’Unesco se défend pour sa part des accusations qui la visent. „Ce n’est pas un programme scolaire, et il n’y a rien d’obligatoire, mais un travail fait à la demande des Etats membres et des organisations des Nations unies, qui consiste à mettre sur la table une compilation de ce qui est connu sur le sujet, sans tabous“, souligne Sue Williams, porte-parole de l’Unesco. „Toutes les possibilités y sont évoquées, de l’abstinence à l’avortement“, et „chaque gouvernement en fait ce qu’il veut, l’adapte selon les différents contextes culturels“, ajoute-t-elle. Concernant la masturbation le document propose, pour la classe d’âge 5-8 ans, d’expliquer aux enfants qu’il est „naturel d’explorer et de toucher des parties de son corps“, et que cette pratique „n’est pas dangereuse“. Le document prévoit aussi de „promouvoir le droit à un accès à un avortement sûr“, rappelle que „l’égalité des sexes est un droit humain“, et qualifie de „néfastes“ des pratiques comme le mariage forcé et la polygamie. Ce programme n’a paradoxalement suscité pratiquement aucune réaction dans d’autres pays du sud, notamment musulmans, observe-t-on à l’Unesco. On y assure que le document ne devrait recevoir que des modifications de forme et de langage avant sa présentation officielle prévue en octobre.