L’UE reste calme face au conflit gazier Russie/Ukraine

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Face au nouveau conflit gazier entre la Russie et l'Ukraine, les pays de l'Union européenne, forts de stocks de gaz importants, sont restés sereins pour l'instant, même s'ils espèrent que Moscou et Kiev arriveront rapidement à une solution durable.

 Le conflit entre Moscou et Kiev de l’hiver 2005-2006 avait ébranlé les Européens, qui ont pris subitement conscience de leur dépendance tant envers la Russie, qui leur fournit 40% de leurs importations gazières, qu’envers l’Ukraine, par laquelle transitent 80% des livraisons russes. Beaucoup d’Européens voyaient alors l’Ukraine comme la victime d’un bras de fer imposé par une Russie redevenue impérialiste. L’UE a fait depuis de sa „sécurité énergétique“, de la diversification de ses fournisseurs d’énergie et des pays de transit comme de la construction de nouveaux gazoducs une obsession, même si „très peu de choses concrètes ont été réalisées“, selon Philip Hanson, de l’institut Chatham House. Trois ans plus tard, l’UE n’est „plus prise par surprise“ par une dispute russo-ukrainienne devenue „rituelle“, souligne l’analyste Andrew Wilson, du Conseil européen pour les relations étrangères à Londres. Surveillant quotidiennement la pression dans les gazoducs à la frontière ukraino-slovaque, et malgré des accusations russes de „vol“ de gaz par les Ukrainiens, elle continuait vendredi „à croire aux promesses“ faites par Kiev et Moscou que ses livraisons ne seraient pas touchées et à appeler les deux parties à „une solution durable“, selon le porte-parole du commissaire à l’Energie Andris Piebalgs.
La retenue des pays de l’UE s’explique en partie par des stocks commerciaux importants, confirmés jeudi par plusieurs responsables privés et publics. L’UE, en contact régulier avec Kiev et Moscou, a aussi une approche „plus équilibrée“ qu’en 2005-2006, selon Andrew Wilson. Les Ukrainiens ne sont pas au-dessus de tout reproche aux yeux des Européens, car ils ont maintenu la société RosUkEnergo, un intermédiaire „corrompu“ mais toujours incontournable de la vente du gaz russe vers l’UE. L’influence de cette société, très critiquée par le Premier ministre Ioulia Timochenko et que des rumeurs disent proche du président Viktor Iouchtchenko, témoigne des divisions politiques qui secouent ce pays depuis deux ans, souligne l’analyste. Divisions qui ont déstabilisé cette ex-république soviétique et minent ses espoirs de devenir vite un partenaire privilégié de l’UE, en attendant une promesse d’adhésion. Conscient de ces critiques, Kiev cherche à rassurer: le président Iouchtchenko a envoyé une lettre à plusieurs dirigeants européens, et une délégation dirigée par le ministre de l’Energie a entamé une tournée dans l’UE. Avec la Russie, l’UE ne veut pas envenimer la situation après les tensions qui ont suivi le conflit géorgien d’août. Depuis la brève interruption des livraisons vers l’UE de janvier 2006, Moscou assure être un fournisseur „fiable“ et tient à garder cette réputation. D’autant que viennent de reprendre les négociations sur un partenariat renforcé UE-Russie où les Européens demandent plus de „transparence“ et de „prévisibilité“ russes en matière énergétique. Les efforts de Moscou pour augmenter les prix de ses livraisons à l’Ukraine sont de toutes façons affaiblis par la chute des prix mondiaux des hydrocarbures, souligne Andrew Wilson. La nouvelle présidence tchèque de l’UE, via un porte-parole, a estimé vendredi que Moscou et Kiev devaient régler leur différend „sans l’engagement de pays tiers“.
Mais le Premier ministre Mirek Topolanek avait reconnu jeudi que l’UE pourrait devoir „jouer un rôle de médiateur“. Pour Andrew Wilson, l’UE est „probablement le seul acteur capable de rassembler tous les intérêts divergents“. Elle pourrait notamment „relancer l’idée d’un consortium commun“ réunissant la Russie, l’Ukraine et l’UE pour gérer le transit du gaz russe via l’Ukraine.