L’UE durcit ses sanction contre le régime de Robert Mugabe

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L'Union européenne a durci lundi ses sanctions contre le régime zimbabwéen en s'en prenant pour la première fois à des sociétés basées sur le territoire européen, face aux violations des droits de l'Homme et à l'impasse politique dans le pays.

Lors d’une réunion à Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères ont allongé la liste des personnes et des entreprises proches du régime dont le séjour ou l’activité sont interdits dans l’UE, ont-ils dit dans un communiqué. La liste des personnes concernées, qui comporte depuis longtemps le président Robert Mugabe et sa femme Grace, passe de 177 noms à 203, et celle des entreprises interdites de 4 à 40. Parmi ces dernières, pour la première fois, 18 sociétés ayant leur siège en Europe, accusées d’être liées au régime zimbabwéen. Toutes ont leur siège social dans des territoires britanniques à la fiscalité avantageuse, les Iles Vierges britanniques, l’île de Man, l’île de Jersey notamment, selon les mêmes sources. La liste détaillée ne sera publiée que mardi. Mais selon des sources diplomatiques, les Européens ont repris à leur compte des entreprises figurant déjà sur une liste noire des Etats-Unis, publiée fin novembre par le département du Trésor américain. Il s’agit des groupes Breco, Corybantes, Echo Delta Holdings, Masters International, Piedmont, Scottlee, Timpani et Tremalt, avec pour certains d’entre eux diverses filiales éponymes. Ces sociétés ont pour point commun, selon le Trésor américain, d’être contrôlées par un homme d’affaire du Zimbabwe, John Bredenkamp, dont Washington a gelé les avoirs aux Etats-Unis et interdit toute transaction financière avec ses sociétés. L’homme est, selon les autorités américaines, „un proche bien connu de Mugabe, impliqué dans diverses activités commerciales, le négoce du tabac, les ventes d’armes, la vente de pétrole, le tourisme, les activités sportives et l’extraction de diamants“. „Grâce à un réseau sophistiqué d’entreprises, Bredenkamp a soutenu financièrement le régime et fourni des soutiens à un certain nombre de hauts dignitaires“, soulignait le Trésor américain fin novembre. Dans un texte adopté lundi, les chefs de la diplomatie européenne estiment que „la situation au Zimbabwe s’est détériorée d’une manière qui va nettement à l’encontre des devoirs et responsabilités qui incombent à un gouvernement“. L’UE dénonce „les violations des droits de l’homme“ et appelle une nouvelle fois à la constitution d'“un gouvernement démocratique véritablement représentatif“. Par ailleurs, les ministres soutiennent l’idée d’une enquête pour examiner si le régime du président Mugabe est financé par le commerce du diamant illicite, en particulier sur le site de Marange/Chiadzwa (Est du Zimbabwe). „Nous restons déterminés dans notre soutien“ à la population zimbabwéenne et „à sa volonté de changement“, a dit le ministre britannique David Miliband. „Il est important que Mugabe respecte l’accord de septembre dont il s’est éloigné“, a-t-il ajouté. Les Européens pressent Robert Mugabe de mettre en oeuvre l’accord de partage de pouvoir du 15 septembre conclu avec le Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) de Morgan Tsvangirai. Le MDC, qui a remporté les élections générales de mars 2008, accuse le régime de vouloir conserver tous les postes à responsabilité et refuse d’entrer dans un gouvernement qui ne lui laisserait qu’un rôle subalterne. Le régime de M. Mugabe a encore lancé lundi un ultimatum à son rival, à l’occasion d’un sommet régional convoqué à Pretoria, en menaçant de former un gouvernement sans l’opposition pour tenter de mettre fin à la crise politique au Zimbabwe.