L’opposition serbe cherche à rebondir après l’arrestation de Karadzic

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L'opposition serbe, marginalisée depuis la formation du gouvernement pro-européen, cherche à reprendre l'initiative après l'arrestation de Radovan Karadzic et son départ probable la semaine prochaine pour La Haye, même si les réactions de l'opinion restent limitées.

 Pour l’opposition nationaliste, „l’arrestation de Karadzic n’est pas le thème principal. C’est juste une occasion à saisir“, estime Dusan Janjic, spécialiste de la Serbie et responsable d’un institut de recherches non-gouvernemental.
„L’opposition a été marginalisée“ après la formation du gouvernement pro-européen de coalition et elle souhaite désormais cultiver un sentiment de „peur“ à l’aide d’une „minorité agressive“, explique cet analyste à l’AFP. Pour Slobodan Reljic, rédacteur en chef de la revue politique NIN, l’opposition veut utiliser l’hostilité de la population à l’encontre du Tribunal pénal international (TPI) de La Haye, une instance que les Serbes considèrent très majoritairement comme anti-serbe. Le nouveau gouvernement serbe a prêté serment le 7 juillet à la suite de longues tractations qui ont conduit à la formation d’une coalition regroupant les forces pro-européennes et les socialistes partisans du défunt Slobodan Milosevic.
Les socialistes d’Ivica Dacic, qui a été nommé vice-Premier ministre dans le nouveau gouvernement, avaient auparavant été activement courtisés par les forces nationalistes.
La réaction la plus violente du camp nationaliste serbe après l’arrestation de Radovan Karadzic est venue d’une députée du Parti Radical Serbe (SRS, ultra-nationaliste), Vjerica Radeta, qui a déclaré vendredi à l’adresse du président Boris Tadic que la „trahison n’est jamais pardonnée en Serbie“. Vjerica Radeta s’est défendue de proférer des menaces. Mais elle a lancé une mise en garde contre „la malédiction qui a accompagné tous les traîtres de l’histoire de la Serbie“, avant de citer notamment le nom de l’ancien Premier ministre serbe réformateur, Zoran Djindjic, assassiné en 2003. Les autres principaux ténors de l’opposition serbe, Tomislav Nikolic pour le SRS et l’ancien Premier ministre serbe, le nationaliste Vojislav Kostunica, ont évité une telle rhétorique depuis l’arrestation de Radovan Karadzic, se montrant au contraire fort discrets sur le sujet. Le Parti radical serbe prépare pour mardi à Belgrade une manifestation qu’il souhaite d’ampleur, au moment où Radovan Karadzic devrait être en instance de transfèrement vers La Haye. Les responsables du SRS se sont tenus en retrait des manifestations quotidiennes dans le centre de Belgrade depuis l’arrestation de Radovan Karadzic, qui n’ont jamais réuni plus d’un millier de personnes. Le Premier ministre serbe, Mirko Cvetkovic, s’est dit assuré samedi, dans une déclaration à l’agence Beta, que les manifestations contre l’arrestation de Radovan Karadzic ne représentaient pas de danger pour la stabilité politique du pays.
Les sentiments des Serbes à l’égard de Radovan Karadzic paraissent ambivalents mais ils sont une majorité (54%) à être opposés à son transfèrement au TPI, selon un sondage. 42% sont cependant favorables à son arrestation et 33% considèrent Karadzic comme un „héros“, selon ce sondage publié vendredi. Entretemps, Radovan Karadzic, 63 ans, qui est inculpé pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre pour son rôle pendant la guerre de Bosnie (1992-1995), attend l’issue du recours contre son transfèrement. La presse serbe estime que celui-ci devrait intervenir entre lundi et mercredi, même si l’avocat de l’inculpé entretient le suspense sur la défense de son client, optant manifestement pour une stratégie dilatoire. Les journaux indiquent que Radovan Karadzic a reçu la visite de son frère, qui lui a remis une Bible et une icône.