Les Turcs d’Allemagne refusent l’étiquette de cancre de l’intégration

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

La communauté turque d'Allemagne a protesté lundi contre une étude la présentant comme le cancre de l'intégration, rejetant toute interprétation concluant à un refus d'assimilation.

 Les 2,8 millions de Turcs ou personnes d’origine turque qui forment le deuxième plus grand groupe d’immigrés d’Allemagne sont à la traîne de l’intégration, révèle une étude de l’Institut de Berlin pour la Population et le Développement présentée officiellement lundi. „Pour toujours étranger“, titrait l’influent magazine Der Spiegel. „Allemand, non merci“, selon le quotidien à grand tirage Bild. La mauvaise intégration des Turcs n’est „pas un problème ethnique mais de société“, a réagi le président de la communauté turque d’Allemagne, Kenan Kolat, appelant à en finir avec „les accusations réciproques“ et „cette image qui met en rapport Turcs et problèmes“. „Pour apporter plus de lumière dans l’appréciation des problèmes“, les aspects socio-économiques comme les expériences de discrimination auraient dus, selon lui, être pris en compte dans ce recensement réalisé auprès de 800.000 personnes en 2005.
Cette enquête qui, pour la première fois, compare le degré d’intégration des différentes populations immigrées vivant en Allemagne, ne doit pas lancer „une sorte de compétition à l’intégration (…) empoisonner ainsi la cohabitation“, mettait aussi en garde le centre pour les études turques (Zft). Elle ne doit pas non plus être interprétée „comme une conséquence du manque de volonté d’intégration des personnes concernées“, poursuivait cette fondation chargée d’informer l’opinion allemande sur la Turquie. „Il est souvent plus facile de formuler de tels propos que de les vérifier dans les faits selon des critères scientifiques“, estimait Bekir Alboga, expert des questions islamiques, dans le quotidien Neue Osnabrücker Zeitung. „Il n’y a pas un secteur professionnel où vous ne trouviez des personnes d’origine turque exemplaires“, ajoute-t-il. Face à toutes ces critiques, la chancelière Angela Merkel a appelé à „ne pas se décourager“ par cette étude. Il est du „devoir“ des Allemands „de donner les mêmes chances à chacun“, a-t-elle commenté, ajoutant que la première économie de la zone euro, en manque de main d’oeuvre qualifiée, „ne peut pas laisser dormir le potentiel qui réside dans les immigrés“.
Comme les représentants de la communauté turque, elle n’a de cesse de répéter que la formation constitue la clé de l’intégration. Selon les statistiques de ce rapport intitulé „Potentiels inutilisés“, 30% des jeunes turcs ou d’origine turque sortent de l’école sans diplôme et seuls 14% obtiennent le bac, un pourcentage inférieur de plus de moitié à celui des Allemands décrochant ce diplôme. Des mauvais résultats pour lesquels M. Alboga a une explication: beaucoup d’enfants „ont eu à faire à des enseignants pratiquant la discrimination“. Au vu des aides „trop faibles“ de l’Etat, l’intégration des personnes d’origine turque est „très réussie“, selon lui. Pour une meilleure assimilation, la „Communauté turque d’Allemagne“ qui regroupe quelque 200 associations dans tout le pays, veut encourager l’acquisition de la nationalité allemande pour ses effets positifs sur la réussite économique des immigrés. Avec pour exemple l’intégration largement réussie des „Aussiedler“, les quelque 4 millions de personnes d’origine allemande d’ex-URSS qui forment le premier groupe d’immigrés et qui ont obtenu la nationalité allemande dès leur arrivée après la chute du Mur.