Les Nigériens aux urnes pour un référendum voulu par le président Tandja

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Les Nigériens votaient mardi, sans enthousiasme apparent, lors d'un référendum sur une nouvelle Constitution convoqué par le président Mamadou Tandja, qui souhaite rester au pouvoir après la fin de son mandat en dépit des critiques venues de toutes parts.

Après avoir donné le coup d’envoi de la consultation en votant à la mairie de Niamey, le chef de l’Etat, âgé de 71 ans, a demandé aux Nigériens de dire „oui“ massivement lors de ce scrutin, que l’opposition a appelé à boycotter. La participation semblait faible en début de matinée dans la capitale, où aucune file d’attente devant les urnes n’était visible, selon un correspondant de l’AFP, alors que la radio nationale multipliait les appels à aller voter. „J’ai voté moi-même. La satisfaction est totale. J’ai répondu à mes obligations de président de la République face à la demande du peuple nigérien“, a déclaré Mamadou Tandja, estimant qu’il s’agissait d’un „grand jour“. Près de six millions de Nigériens doivent se prononcer sur l’adoption d’une nouvelle Constitution devant permettre à M. Tandja – qui doit normalement se retirer en décembre au terme de deux quinquennats consécutifs – de rester au pouvoir jusqu’en 2012, puis de se représenter autant de fois qu’il le souhaite. Ce référendum controversé a plongé ce pays sahélien de près de 15 millions d’habitants dans une crise politique majeure. L’opposition a multiplié les manifestations et dénoncé un „coup d’Etat“ du président que la communauté internationale a tenté, en vain, de dissuader. Pour arriver à ses fins, M. Tandja a dissous le Parlement le 26 mai, puis fin juin la Cour constitutionnelle qui jugeait ce référendum illégal. Il gouverne depuis seul par décrets et ordonnances grâce aux „pouvoirs exceptionnels“ qu’il s’est arrogé. Les rues de Niamey étaient quasiment vides dans la matinée. Les commerces étaient fermés et très peu de véhicules circulaient, a constaté l’AFP. Les opérations de vote, prévues entre 08H00 et 19H00 (07H00 et 18H00 GMT) ont démarré avec un peu de retard dans la capitale en raison de livraisons tardives de matériel. Ainsi, au bureau de vote 101 de Niamey, à l’école primaire Sahel 4, sept votants sur 470 inscrits s’étaient présentés peu avant 10H00. „Nous avons reçu le matériel avant 08H00 et ouvert à 08H00, mais ce sont les électeurs qui ne viennent pas“, a déclaré à l’AFP un responsable de ce bureau de vote.

Alors qu’une coalition de partis d’opposition et de centrales syndicales a lancé dimanche un ultime „appel à la mobilisation pour faire échec“ au référendum, le ministre de l’Intérieur, Albadé Abouba, a mis en garde contre toute tentative de compromettre le scrutin. „Des instructions fermes ont été données à tous les niveaux pour prévenir et réprimer sévèrement tout acte qui viendrait perturber les opérations de vote“, a-t-il prévenu.

De nombreux observateurs estiment qu’en voulant rester coûte que coûte au pouvoir, Mamadou Tandja a „raté sa sortie“ après dix ans de stabilité et un redressement économique dont il peut se flatter. La France, ancienne puissance coloniale du Niger, qui est le troisième producteur mondial d’uranium, a dénoncé mi-juillet les „atteintes répétées à la démocratie“ de M. Tandja. L’Union européenne a menacé Niamey de „graves conséquences“. L’Union africaine, l’ONU et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest ont aussi tenté de dissuader le président d’organiser ce référendum. La commission électorale prévoit de proclamer le résultat dans les cinq jours. Il devra être validé puis proclamé par la nouvelle Cour constitutionnelle désignée par M. Tandja.