Les jeunes grecs restent dans la rue pour défendre leur avenir

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Les jeunes grecs sont descendus dans la rue pour exprimer leur colère après la mort d'un lycéen tué par un policier, ils y restent pour manifester leur inquiétude face à leur avenir et combattre leur manque de débouchés et le chômage qui les attend.

 Evoquant les violentes manifestations qui touchent la Grèce depuis plus d’une semaine, l’historien du domaine éducatif, Alexis Dimaras, affirme dimanche dans une tribune du journal de gauche Avghi que „la colère des jeunes est directement liée à leur détresse“. „Ils subissent un système éducatif qui fonctionne sur les principes du siècle dernier, et l’éducation leur semble absolument étrangère à leur besoins et aux problèmes qui les occupent“, ajoute M. Dimaras . En sortant de l’école, ils seront directement confrontés à un marché du travail étriqué qui les rejette. La tranche d’âge des 15-24 ans est la plus touchée par le chômage, avec un taux de 24,3% en septembre contre 23,3% en septembre 2007, selon les derniers chiffres officiels. Pour Manolis Hadzidakis, analyste économique de la société de courtage Pigasos, „le chômage des jeunes et leur difficulté à entrer dans le monde du travail s’ajoutent au bas niveau des salaires qui stagnent ces dernières années entre 700 et 900 euros“. Ces problèmes renforcent selon lui les „angoisses créées par la crise financière et la hausse des taux d’intérêt“. „Tous ces facteurs ont engendré l’inquiétude et l’insécurité, et ont constitué un mélange explosif que les derniers événements ont révélé“, a-t-il dit à l‘AFP. La situation de la jeunesse grecque, selon le dirigeant syndicaliste Stathis Anestis, de la puissante Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE, 600.000 adhérents) est „réellement angoissante“. „Les jeunes n’ont pas facilement accès au marché du travail, les conditions d’entrée sont pires que du temps de la génération précédente“, a-t-il déclaré à l‘AFP. Pour lui, ces difficultés viennent de „l’échec de la modernisation du monde du travail“, „la diversification de la demande“ et „la baisse du niveau des études“.
Leur proche avenir est très sombre en raison de la crise financière. Selon le syndicaliste, „une vague de licenciements massifs s’ouvrira après les fêtes de fin d’année. En 2009, d’après nos estimations, nous aurons affaire à une perte de 100.000 emplois, ce qui correspond à 5% de chômage supplémentaire“. Ces licenciements devraient, selon lui, toucher les secteurs du bâtiment, du tourisme et du commerce. Pour l’ancien ministre socialiste de l’Economie, Yannos Papantoniou, artisan de l’entrée de la Grèce dans la zone euro, le soulèvement des jeunes traduit „leur opposition à ce qui se passe dans notre pays … la crise a révélé d’une manière tragique des faiblesses accumulées et des impasses“. „La bureaucratie, la corruption, la pauvreté, les faiblesses de l’Etat social et particulièrement de l’éducation, le déficit de crédibilité des partis politiques s’accroissent“, a-t-il souligné dans les colonnes du journal économique Imerissia. Le sociologue réputé, Constantin Tsoukalas, relève de son côté, dans une interview au journal de gauche Elefthérotypia, que „ce qui se passe maintenant survient à un moment où la détresse est devenue endémique et où les partis politiques ne présentent aucune perspective crédible“. „L’absence d’issue est toujours la mère de la violence et de la transformation du peuple en foule déchaînée“, prévient-il.