Le mini-remaniement profite surtout à Brice Hortefeux … et Eric Besson

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Le gouvernement français a fait l’objet, hier, d’un léger remaniement, justifié principalement par le départ du ministre du travail, Xavier Bertrand, appelé à prendre la tête de l’UMP sous l’autorité du président Sarkozy. A ce fidèle de l’Elysée en succède un autre plus proche encore, Brice Hortefeux, cependant que deux secrétariats d’Etat changent de titulaires./...

Ce remaniement était attendu, annoncé jusque dans son contenu principal, et il n’a donc surpris personne hier lorsque le secrétariat général de la présidence de la République en a officialisé le contenu. A 50 ans, Brice Hortefeux peut se flatter d’être l’ami de Nicolas Sarkozy depuis près d’un tiers de siècle; il fut son chef de cabinet au ministère du Budget en 1993, puis son ministre délégué aux collectivités locales lorsque le futur chef de l’Etat était ministre de l’Intérieur à partir de 2005. „Ce qui, en moi, plaît à Nicolas, expliquait-il au journal ’Le Monde’ en 2005, c’est que je n’ai pas peur de cogner et que je n’ai rien à faire du monde politique.“
La seule surprise – modeste – que ce remaniement aura réservée aux observateurs concerne le sort de Nathalie Kosciusko-Morizet, jusqu’alors secrétaire d’Etat auprès du ministre chargé (notamment) de l’écologie, Jean-Louis Borloo, avec qui elle avait eu, semble-t-il, des rapports de travail parfois tendus, et qui est nommée à la Prospective et au Développement de l’économie numérique.
„NKM“, comme on l’appelle familièrement, surtout depuis qu’elle s’est fait remarquer par une attitude volontiers frondeuse à l’égard de son ministre de tutelle et du président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Jean-François Copé, remplace à ce poste Eric Besson, qui succède, lui, à Brice Hortefeux au ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale. Kosciusko-Morizet est une des (encore) rares femmes polytechniciennes, par ailleurs ingénieur du Génie rural et des Eaux et forêts, et elle passe pour être douée d’une intelligence scientifique très brillante. Son propre successeur n’est pas encore nommé.
Quant à Besson (que l’on voyait d’ailleurs plutôt remplacé par le sénateur de la droite „villiériste“ Bruno Retailleau), ce socialiste converti au sarkozisme actif entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2007 hérite d’un poste qui pourrait sembler particulièrement embarrassant, pour ne pas dire plus, pour un homme qui assure ne pas avoir renié ses convictions de gauche en ralliant … la droite.

Le ministèredes expulsions

Ce ministère, lorsqu’il a été créé en 2007, et même promis par Sarkozy dès avant le scrutin présidentiel, avait vu son intitulé même choquer nombre de représentants de la majorité modérés et gaullistes. Surtout dans sa référence à une „identité nationale“ évidemment placée là pour séduire l’électorat lepéniste. Il a en fait pour tâche essentielle de gérer les „reconduites à la frontière“ des immigrés clandestins, autrement dit les expulsions de „sans-papiers“. Et son titulaire sortant s’est récemment flatté d’avoir dépassé de plusieurs milliers le chiffre de 25.000 expulsions annuelles qui lui avait été assigné par Nicolas Sarkozy, tout en assurant qu’un bon tiers en était désormais fondé sur le volontariat.
On peut imaginer avec quelle gourmandise le chef de l’Etat s’est ainsi appliqué, en offrant à Eric Besson ce qui est incontestablement une réelle promotion dans la hiérarchie gouvernementale, à le discréditer davantage encore aux yeux de ses anciens amis socialistes, et à lui faire boire le calice jusqu’à la lie … Et cela d’autant plus que l’intéressé avait publiquement et très vivement critiqué la politique de Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, à l’égard des „sans-papiers“ peu avant la présidentielle.
On disait par ailleurs Christine Boutin, la ministre du Logement et de la Ville, menacée à l’occasion de ce remaniement, compte tenu du fait que son franc-parler et ses emballements humanistes de catholique sociale militante – très catholique, mais non moins ardemment éprise de justice sociale – lui avaient plus d’une fois valu de voir ses ardeurs rabrouées en plein conseil des ministres, et certaines de ses initiatives jugées intempestives à l’Elysée. Elle reste finalement au gouvernement, et, en gros, au même poste, mais le secteur de la Ville passe sous la houlette de Brice Hortefeux.
Comme la cérémonie des vœux, à Matignon, avait également lieu hier, on serait presque tenté de dire que c’est en définitive François Fillon qui a fait les frais de ce mini-remaniement, entièrement piloté par la présidence, bien entendu: son discours a été largement éclipsé, sur le plan médiatique, par l’annonce pourtant modeste et attendue de la nouvelle donne ministérielle. Il est vrai que le premier ministre a surtout mis en avant la continuité de l’action gouvernementale et la nécessité de poursuivre en 2009 les efforts entrepris précédemment: il n’y avait pas là de quoi, en effet, passionner l’opinion.