Le G20 réuni pour tenter d’apporter une réponse concertée à la crise

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Les dirigeants des grands pays industrialisés et économies émergentes (G20) se réunissent pour la première fois vendredi à Washington pour élaborer une stratégie concertée face à la pire crise financière depuis 1929, qui contamine rapidement l'économie mondiale.

Les Etats-Unis, puissance invitante très réticente au départ, vont proposer qu'“un plan d’action“ pour réformer le système financier international soit adopté lors du sommet qui débute vendredi par un dîner de travail à la Maison Blanche et se termine samedi. Les 20 participants tenteront de „jeter les bases de réformes pour empêcher qu’une telle crise ne se reproduise à l’avenir“, a expliqué le président américain George W. Bush. Sa propre marge de manoeuvre est étroite car il était jusqu’à récemment un adepte de la dérégulation. En outre, il est sur le départ, mais son successeur démocrate Barack Obama ne prend ses fonctions que le 20 janvier. La Maison Blanche a confirmé vendredi des informations de presse selon lesquelles le G20 réfléchirait à la création d’un „collège de superviseurs“ pour surveiller les 30 plus grandes banques du monde et repérer toute prise de risque excessive. Les Etats-Unis ont à l’esprit plusieurs organismes pour un tel rôle: le Forum de stabilité financière (FSF), la Banque des règlements internationaux (BRI) et l’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV), qui regroupe 191 régulateurs de marchés. Les participants au sommet pourraient également s’entendre sur l’instauration d’un système de prévention précoce des crises financières. Un porte-parole de la Maison Blanche a souligné „le rôle important“ que peut jouer le FMI „pour mettre en exergue les risques qu’il perçoit pour l’économie mondiale“. Le FMI et le FSF ont envoyé une lettre au G20 pour se mettre à leur disposition afin de créer un tel mécanisme. Du côté des Européens, on reconnaît que la réunion ne sera qu’un coup d’envoi et ne débouchera pas sur un Bretton Woods II, du nom des accords ayant donné naissance en 1944 à l’architecture financière actuelle. Le président russe Dmitri Medvedev a apporté jeudi son soutien à l’idée de son homologue français Nicolas Sarkozy d’organiser un deuxième sommet dès février.
Les Etats-Unis ont fait savoir à plusieurs reprises qu’ils n’acceptaient qu’une coordination de la surveillance financière et rejetaient l’idée d’un régulateur unique supranational des marchés et établissements financiers. Faisant preuve de bonne volonté, le président américain a tracé des pistes de réflexion sur l’entente qui pourrait émerger du G20: améliorer la gestion des risques par les banques, combattre l’opacité et les malversations sur les marchés et améliorer les règles comptables de chaque pays concernant les titres financiers.
Les Américains sont également favorables à une réforme du FMI et de la Banque mondiale pour y accroître le poids des pays émergents. Parmi ceux-ci, la Chine a indiqué vendredi qu’elle était prête à soutenir davantage l’économie mondiale. D’abord elle s’est engagée à éviter les ventes panique des importants actifs chinois à l’étranger alors que la Chine finance la moitié de la dette américaine. En outre, selon des experts, elle semble prête à faire plus, en prêtant par exemple des fonds aux organisations multilatérales comme le FMI, pour les aider à soutenir des économies en détresse. Le Japon — qui finance l’autre moitié de la dette américaine — a proposé vendredi de prêter jusqu’à 100 milliards de dollars au FMI pour renflouer les pays les plus touchés. La crise a éclaté il y a un an aux Etats-Unis sur le marché immobilier avant de se propager à tout le secteur financier miné par des produits sophistiqués, devenus brutalement sans valeur. Avec des banques en panne de liquidités et ne se faisant plus confiance, le marché du crédit s’est asséché, les entreprises ont eu du mal à se financer et les bourses mondiales ont dégringolé. Plusieurs produits et institutions financières sont peu ou pas du tout réglementés actuellement: les fonds spéculatifs (hedge funds), les CDS (Credit default swaps, contrats d’assurance sur le non remboursement d’un emprunteur) et les agences de notation. La France, très en pointe pour exiger une surveillance accrue de la finance internationale, aimerait que les paradis fiscaux soient ajoutés à la liste.
„Ces entretiens vont être difficiles“, a estimé la chancelière allemande Angela Merkel, tout en soulignant l’urgence de mettre en oeuvre les premières réformes „dans les prochains mois“. Le sommet du G20, groupement né en 1999 après les crises asiatique et russe, regroupera le G8 (Allemagne, France, Etats-Unis, Japon, Canada, Italie, Royaume-Uni et Russie), l’Union européenne et 11 pays émergents (Argentine, Australie, Arabie Saoudite, Afrique du sud, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Turquie). La France a cédé à l’Espagne l’un des deux sièges dont elle dispose en tant que présidente en exercice de l’UE et a invité les Pays-Bas.