/ Le dissident chinois Liu Xiaobo bientôt fixé sur son sort
Liu a été placé en détention il y a un an, juste avant la publication d’un appel à la libéralisation politique, intitulé Charte 08, dont il est l’un des auteurs. Plus de 300 personnalités, dont des intellectuels chinois de premier plan, ont signé cet appel avant sa sortie. Liu est poursuivi pour incitation à la subversion du pouvoir d’Etat. Ce motif juridique vague est couramment utilisé à l’encontre des dissidents pour les emprisonner.
La charte demande notamment l’abolition de ce texte. „Nous devrions cesser de considérer les mots comme des crimes“, indique la pétition. Le beau-frère du dissident, Liu Hui, a précisé que le procès avait duré environ deux heures et que le parquet l’avait accusé de crimes „graves“. Selon lui, le verdict sera annoncé vendredi. Liu Xiaobo a reconnu avoir „exercé son droit à la liberté d’expression, mais n’a pas admis avoir tenté de renverser le pouvoir“, a ajouté son beau-frère. „Il n’y a aucune activité ou action violente qui puisse alimenter une (telle) accusation“, a-t-il observé.
Des diplomates d’une quinzaine de pays se sont vu refuser l’accès au procès, d’après un représentant européen en Chine, le premier secrétaire de l’ambassade de Suède Nicolas Weeks. La femme du dissident, Liu Xia, qui n’a plus revu son mari depuis mars dernier, n’a même pas été autorisée à assister à l’audience.
Selon son beau-frère, Liu Xiaobo semblait en bonne santé et avoir le moral. Pour les défenseurs des droits de l’Homme, ce procès organisé au moment des fêtes de fin d’année est une nouvelle preuve de la volonté des autorités de mener ces audiences en toute discrétion. „Le seul objectif de ce procès est d’habiller juridiquement la répression politique“, a estimé la directrice de l’organisation Human Rights Watch pour l’Asie, Sophie Richardson.
Liu Xiaobo est le seul poursuivi parmi les signataires de la Charte 08, même si d’autres ont fait l’objet d’un harcèlement.
Zhang Boshu, un économiste, a perdu lundi dernier son poste au comité de réflexion de l’Académie chinoise des sciences sociales, pour ses articles appelant à la réforme constitutionnelle. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont demandé aux autorités chinoises la libération de Liu, en vain, et ont tenté d’envoyer des diplomates au procès. „On nous a dit que tous les laissez-passer avaient été distribués.
Nous en concluons que personne ne rentre“, a précisé Gregory May, un attaché politique à l’ambassade américaine. „Nous demandons au gouvernement chinois de le libérer immédiatement, et nous demandons que toute action judiciaire à son encontre soit menée de manière équitable et transparente“. Liu avait été condamné à deux ans de prison après les événements de la place Tiananmen. Plus de 300 écrivains du monde entier, dont Vaclav Havel, Salman Rushdie et Umberto Eco, ont demandé à ce qu’il soit libéré.