L’avenir institutionnel de l’UE suspendu au référendum irlandais

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L’Europe se prépare à une rude compétition, si le „oui“ l’emporte en Irlande, pour le poste emblématique de la présidence de l’UE prévu par le traité, alors qu’un rejet bloquerait l’élargissement du bloc des 27 et provoquerait une crise profonde./ Alain Jean-Robert, Bruxelles

Le texte censé faire mieux fonctionner l’UE élargie prévoit de mettre fin au processus compliqué de présidence tournante du bloc. Elle est aujourd’hui confiée à tour de rôle tous les six mois à un nouvel Etat, ce qui rend difficilement audible la voix de l’Europe dans le monde. Les 27 se doteraient d’un „président“ stable avec un mandat de cinq ans maximum, et d’un Haut représentant pour la politique étrangère, sorte de chef de la diplomatie, aux prérogatives renforcées, qui serait aussi vice-président de la Commission européenne.
C’est pour cela que le référendum irlandais est crucial, estime Antonio Missiroli, expert du European Policy Center de Bruxelles. „Après Lisbonne, il n’y aura plus de révolution institutionnelle“, dit-il. Certes „l’Europe ne s’écroulera pas si le non l’emporte mais elle subira une perte de crédibilité internationale colossale“, ajoute-t-il, mais „en cas d’échec, il ne pourra y avoir à l’avenir que des solutions au rabais“. Dominik Hierlemann, expert des questions européennes à la fondation allemande Bertelsmann, estime lui aussi qu’un „non“ irlandais briserait „l’élan politique européen“. Une des premières conséquences serait de bloquer le processus d’adhésion de nouveaux pays, à l’exception peut-être de la Croatie et l’Islande.
Un rejet fermerait pour longtemps toute perspective d’intégration aux pays des Balkans, „au risque de rallumer des tensions dans la région“, déplore Hugo Brady, expert du Centre for European Reform basé à Londres. „La frustration de la Turquie, née de la lenteur des négociations d’adhésion, pourrait se transformer en colère à l’encontre de l’UE“, ajoute l’expert britannique.

Tractationsen coulisse

Mais les dirigeants européens, confortés par les sondages, font plutôt le pari d’une victoire du „oui“. Ils ont entamé de discrètes tractations pour nommer les titulaires des deux postes emblématiques prévus par Lisbonne. Et aimeraient boucler leurs marchandages d’ici fin octobre. Le nom le plus souvent cité pour le poste de président du Conseil européen est celui de l’ex-premier ministre britannique Tony Blair. Mais sa candidature souffre de son engagement aux côtés de George W. Bush durant la guerre en Irak, et le rejet dont il fait l’objet dans sa „famille“ politique, les socialistes européens.
Parmi les autres prétendants supposés figurent des premiers ministres en activité, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker ou le Néerlandais Jan Peter Balkenende. Le journal britannique The Daily Telegraph a même avancé celui du chef du gouvernement français François Fillon, en cas d’échec de Tony Blair. La même incertitude pèse sur le choix du futur „ministre des Affaires étrangères“.
L’ex-premier ministre social-démocrate finlandais Paavo Lipponen est sur les rangs. L’actuel ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, malgré ses dénégations, semble aussi intéressé, tout comme le conservateur finlandais Olli Rehn, commissaire européen chargé de l’Elargissement. Si les Irlandais votent „oui“, le traité de Lisbonne, qui doit être ratifié par les 27 pays de l’UE pour pouvoir entrer en vigueur, ne sera pas pour autant tiré d’affaire.
Le très eurosceptique président tchèque Vaclav Klaus est soupçonné de vouloir utiliser tous les recours possibles avant de signer le traité, en attendant le retour attendu au pouvoir au printemps 2010 des conservateurs britanniques, qui veulent soumettre le texte à un référendum. Ce qui signerait son arrêt de mort.