Lait: des producteurs français appellent à une grève européenne

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Des producteurs français de lait ont appelé jeudi, aux côtés de leurs collègues européens, à une grève "dès ce soir", pour dénoncer, après plus d'un an de crise dans le secteur, l'effondrement du prix du lait et la dérégulation du marché décidée par Bruxelles.

 „J’appelle tous les producteurs français et européens à suspendre leur livraison de lait dès la traite de ce soir“, a déclaré Pascal Massol, président de l’Association des producteurs de lait indépendants (APLI), une organisation qui a beaucoup recruté ces derniers mois parmi les éleveurs français mécontents des prix du lait négociés par le syndicat majoritaire, la FNSEA. M. Massol s’exprimait devant plusieurs centaines de producteurs français et européens rassemblés sur l’esplanade des Invalides à Paris, au milieu de vaches en résine aux couleurs des 14 pays membres de la Fédération des producteurs européens de lait (EMB). Née en 2006, l’EMB revendique quelque 130.000 adhérents, soit plus de 30% des producteurs européens, selon Sonja Korspeter, directrice de l’EMB. „On est en train de décapiter la production laitière européenne. Je ne peux pas croire que l’Europe n’entende pas notre appel“, a ajouté M. Massol, assurant que le lait serait donné aux consommateurs pour ne pas être jeté. Les éleveurs réclament un prix minimum entre 350 et 400 euros les 1.000 litres, contre 260 à 280 euros actuellement en France, le pays où le prix est le plus élevé. D’autres membres de l’EMB, les Allemands et Néerlandais, ont dit soutenir ce mouvement, ne pouvant officiellement appeler à la grève dans leur pays sous peine d’être sanctionnés par les autorités chargées de la concurrence. „Nous sommes solidaires des Français“, a affirmé à l’AFP le président de l’EMB, Romual Schaber, également à la tête de la Confédération des producteurs laitiers (BDM) allemande. „Ce sont les producteurs, que l’on réunit ce soir, qui vont décider“, a expliqué pour sa part Erwin Schöpges, président du MIG, organisation belge membre de l’EMB. „On a été bien déçu que la France ne participe pas à la grève du lait en juin 2008 (qui a eu lieu dans d’autres pays européens, ndlr) et, pour nous, c’est très important qu’elle commence afin de motiver les gens chez nous“, a affirmé Fredy de Martines, président de l’organisation luxembourgeoise LDB. Les producteurs ont mené ces derniers mois des actions de protestation, parfois violentes, notamment en France, en Allemagne et à Bruxelles, fustigeant la décision européenne de supprimer les quotas de production d’ici 2015, la surproduction étant selon eux à l’origine de l’effondrement des prix. Cet appel intervient après l’échec d’une réunion lundi à Bruxelles où les pays européens ont affiché leurs divisions entre les partisans d’une libéralisation du marché (les pays nordiques notamment, ndlr) et ceux, comme la France et l’Allemagne, qui soutiennent une régulation afin d’assurer une stabilité des prix. „Je suis prêt à tenir le temps qu’il faut. On ne nous écoute pas. Tous nos syndicats sont plus politiques qu’autre chose“, a dénoncé Jean-François Duriel, 31 ans, de Fresville (Manche) qui brandissait une pancarte où était écrit „Agriculture libérale, faillite radicale“. „Les éleveurs ne peuvent pas s’en sortir. En tant que fournisseurs d’aliments du bétail, nous ne sommes plus payés et c’est toute la profession qui en pâtit“, a renchéri une agricultrice de 26 ans. Mais cette grève ne fait pas l’unanimité. Le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, opposé à la grève, a immédiatement affirmé que ce mouvement serait „peu suivi“.