La Turquie et l’Arménie tentent de surmonter à Zurich un passé sanglant

La Turquie et l’Arménie tentent de surmonter à Zurich un passé sanglant

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La Turquie et l'Arménie vont signer samedi après-midi à Zurich des accords historiques en vue de normaliser des relations hantées depuis près d'un siècle par le souvenir des massacres d'Arméniens, qualifiés de génocide par Erevan.

 

Ce rapprochement entre Ankara et Erevan se heurte à de profondes résistances dans les populations des deux pays ainsi que dans la diaspora arménienne, particulièrement influente en France et aux Etats-Unis.

Au souvenir douloureux des massacres et déportations d’Arméniens en 1915-1917 (plus d’un million et demi de morts, selon l’Arménie, 300.000 à 500.000 selon la Turquie qui récuse l’idée de génocide), s’est ajouté au début des années 1990 le conflit du Nagorny-Karabakh.

Au terme d’une guerre de six ans (de 1988 à 1994), Erevan a pris le contrôle de cette enclave peuplée d’Arméniens en Azerbaïdjan, allié de la Turquie qui a fermé sa frontière avec l’Arménie en guise de représailles.

C’est pourquoi la médiation de la Suisse a bien eu besoin du renfort des Etats-Unis, des Européens et de la Russie.

En avril dernier, le président américain Barack Obama s’était entretenu à Istanbul avec les ministres des Affaires étrangères turc et arménien, les appelant à trouver „rapidement“ un accord. Moscou, forte de son rôle géostratégique dans la région, a également soutenu activement le processus.

Malgré tout, le passé continue de peser sur les deux pays et plusieurs milliers d’Arméniens sont encore descendus dans la rue vendredi pour protester contre le rapprochement avec la Turquie. Une certaine incertitude a même régné sur la réussite du processus jusqu’à vendredi soir, lorsque le médiateur suisse a officiellement annoncé l’événement.

Les ministres arménien et turc des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian et Ahmet Davutoglu, doivent signer les accords à 17H00 locales (15H00 GMT) samedi après-midi à l’Université de Zurich en présence de la ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey.

La cérémonie sera également parrainée par la secrétaire d?Etat américaine Hillary Clinton, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, le ministre slovène des Affaires étrangères et président du Comité des Ministres du Conseil de l?Europe Samuel Zbogar, ainsi que le chef de la diplomatie de l?Union européenne Javier Solana.

La Turquie et l’Arménie ont beaucoup à gagner d’une réconciliation: la Turquie espère faire avancer ses négociations d’adhésion avec l’Union européenne, tandis que l’Arménie, enclavée et sans ressources pétrolières, sortira de l’isolement.

Pour devenir effectifs, ces protocoles prévoyant notamment l’établissement de relations diplomatiques et la réouverture de la frontière devront cependant être ratifiés par les deux parlements et cela pourrait traîner en longueur en raison de l’hostilité des députés des deux pays.

En marge de la signature de l’accord, Mme Clinton profitera de son séjour en Suisse pour avoir des entretiens bilatéraux avec MM. Kouchner et Solana avant d’entreprendre une tournée qui doit la mener ensuite à Londres, Dublin et Moscou.

Les difficiles négociations avec Téhéran sur le programme nucléaire iranien seront au menu de ses conversations avec ses homologues français et de l’Union européenne, a indiqué un responsable du département d’Etat s’exprimant sous couvert de l’anonymat.