La tension monte d’un cran au quatrième jour de la crise en Thaïlande

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Des heurts ont éclaté vendredi à Bangkok entre policiers et manifestants qui occupent le siège du gouvernement thaïlandais, faisant monter d'un cran la tension au quatrième jour d'une crise aux allures d'insurrection.


Le mouvement de protestation a commencé à s’étendre et les autorités ont dû fermer temporairement trois aéroports, dont celui de l’île touristique de Phuket (sud), où des opposants avaient envahi les pistes en signe de solidarité avec les manifestants de Bangkok. Des débrayages ont été signalés dans les chemins de fer et un appel à la grève a été lancé par le syndicat de la compagnie aérienne Thai Airways. Dans la nuit, les manifestants à Bangkok ont contraint un millier de policiers à quitter l’enceinte de „Government House“ qui abrite les bureaux du Premier ministre Samak Sundaravej, dont ils continuent d’exiger la démission. Les heurts se sont produits lorsque les opposants ont tenté de repousser des policiers, armés de matraques et de boucliers, qui tentaient d’entrer de nouveau dans le complexe, selon une journaliste de l‘AFP. Les forces de sécurité ont utilisé leurs matraques pour empêcher d’autres opposants de pénétrer dans „Government House“ et six manifestants ont été blessés, ont indiqué des témoins. La police a fait état de deux blessés dans ses rangs. En début de soirée, les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser quelque 2.000 manifestants rassemblés près du quartier-général de la police pour exiger qu’on leur remette les officiers responsables des heurts à „Government House“.
Trente-cinq personnes ont été blessées dans cet incident, selon un centre médical.
Les autorités ont déclaré avoir trouvé une cache d’armes comprenant des machettes et des clubs de golf dans le vaste périmètre du siège du gouvernement où les protestataires -dont le nombre a été estimé à 25.000 par la police- ont édifié de nombreuses barricades. La police a indiqué que 3.000 policiers étaient positionnés „à l’extérieur“.
Des représentants de la justice ont tenté de pénétrer dans le complexe, munis d’une injonction aux manifestants à quitter immédiatement les lieux, mais ces derniers leur ont interdit l’accès et le document a été collé sur un réverbère.
M. Samak, 73 ans, qui n’est pas sur place, a réaffirmé vendredi qu’il n’avait aucunement l’intention de recourir à la force. „La police s’en tient à mon ordre précédent. Ils sont allés sur place seulement pour délivrer l’injonction, non pour disperser les manifestants“, a-t-il dit.
Plus tard, le Premier ministre a déclaré: „Je ne démissionnerai pas. A ce stade, je ne déclarerai pas l’état d’urgence. Je verrai demain“. Le chef de l’armée a affirmé qu’il n’y aurait pas de nouveau putsch à Bangkok. „Il n’y aura pas de coup d’Etat parce qu’un coup d’Etat ne pourra pas régler les problèmes“, a dit le général Anupong Paojinda. La crise, qui a éclaté mardi lorsque les manifestants ont pris d’assaut le siège du gouvernement et une chaîne de télévision publique, constitue un sérieux défi pour M. Samak devenu Premier ministre il y a à peine sept mois. Les manifestants appartiennent à l’Alliance du peuple pour la démocratie (PAD), coalition hétéroclite de nationalistes, de royalistes et de militants sociaux. Vendredi soir, le porte-parole de la PAD, Suriyasai Katasila, a affirmé que le mouvement de protestation allait „s’intensifier“. La PAD, qui a organisé de nombreuses manifestations depuis mai, accuse M. Samak d’être un „homme lige“ de l’ancien homme fort de la Thaïlande, l’homme d’affaires Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d’Etat en 2006 et réfugié en Grande-Bretagne.
En 2006, la PAD avait contribué, par ses manifestations, à déstabiliser M. Thaksin avant son renversement par des généraux royalistes. Le parti de M. Samak, dominé par des lieutenants de M. Thaksin, avait largement remporté en décembre les premières élections depuis le putsch. Outre le départ de M. Samak, les manifestants exigent le maintien de la Constitution, élaborée sous la précédente junte militaire.