La tension monte après des échanges de tirs entre Américains et Pakistanais

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Pakistanais et Américains ont échangé des tirs jeudi à la frontière pakistano-afghane après des tirs pakistanais sur deux hélicoptères américains, faisant monter d'un cran la tension entre Islamabad et Washington, accusé de multiplier les attaques contre les insurgés en territoire pakistanais.


Le président pakistanais Asif Ali Zardari, dont l’armée assure avoir réagi à une incursion sur ses terres, a tapé du poing sur la table jeudi à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU en affirmant que „de la même manière que nous ne laisserons pas les terroristes utiliser le territoire pakistanais pour nous attaquer nous et nos voisins, nous ne pouvons permettre que notre territoire et notre souveraineté ne soient violés par nos amis“. Selon Gregory Smith, porte-parole du Commandement américain en charge du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, des soldats pakistanais d’un poste-frontière ont ouvert jeudi le feu sur deux hélicoptères américains OH-58 Kiowa suivant une patrouille de soldats afghans et américains, qui se trouvait à plus de deux kilomètres de la frontière avec le Pakistan. „Les troupes au sol ont alors tiré vers le flanc de colline proche du poste de contrôle pour attirer leur attention“, a-t-il expliqué. „Malheureusement, l’unité pakistanaise a décidé de tirer sur nos forces, qui ont retourné les tirs“.
La force de l’Otan et l’armée pakistanaise s’accordent sur le fait que des tirs pakistanais ont visé des hélicoptères américains de l’Alliance, sans faire de dégâts ni de victimes. Mais les versions diffèrent ensuite sur la cause de l’incident, la force multinationale et les Etats-Unis assurant qu’ils étaient en territoire afghan et n’avaient jamais franchi la frontière, Islamabad jurant qu’ils étaient au Pakistan.
„Deux hélicoptères ont franchi la frontière et sont entrés sur notre territoire dans la zone de Ghulam Khan, dépassant notre poste-frontière, alors nos troupes ont effectué des tirs de sommation“, a assuré à l’AFP à Islamabad le porte-parole de l’armée pakistanaise, le général Athar Abbas. „Les hélicoptères ont répliqué en ouvrant le feu mais nous n’avons eu aucun dégât“, a-t-il dit.
A New York le président pakistanais a quant à lui assuré, au cours d’un entretien avec la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, que ses forces armées avaient tiré des „fusées éclairantes“ pour signaler la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan aux hélicoptères de l’Otan. „Je suis convaincue que le président Zardari est fermement engagé dans la lutte contre les insurgés“, a déclaré Mme Rice après cette rencontre. „Il a perdu sa femme et le Pakistan une grande dirigeante avec Benazir Bhutto“, a-t-elle ajouté.
Cet incident intervient dans un contexte de vives tensions entre les Etats-Unis et le Pakistan, pourtant son allié-clé dans sa „guerre contre le terrorisme“, ce dernier accusant les forces américaines en Afghanistan de lancer des incursions sur son territoire contre les talibans et des combattants d’Al-Qaïda.
Les Etats-Unis, qui estiment que les insurgés ont reconstitué leurs forces dans les zones tribales frontalières entre Afghanistan et Pakistan, y multiplient ces derniers temps les tirs de missiles par des avions sans pilote (drones).
Washington n’a jamais officiellement confirmé ni démenti les accusations d’Islamabad.
Toutefois, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates, interrogé sur ce point par des parlementaires mardi, a implicitement reconnu que ces raids avaient bien lieu, en affirmant que les Etats-Unis avaient le droit d’auto-défense, mais avait insisté sur l’importance d’avoir en Islamabad un „partenaire volontaire“. L’armée pakistanaise enquêtait toujours, jeudi, sur le crash présumé d’un drone américain la veille dans les zones tribales pakistanaises.