La Géorgie inquiète du coût économique des manifestations anti-Saakachvili

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L'économie géorgienne, déjà durement touchée par la guerre avec la Russie et la crise financière mondiale, risque d'être de nouveau secouée par les manifestations à répétition réclamant le départ du président Mikheïl Saakachvili.

Chaque jour depuis le 9 avril, des milliers de personnes manifestent à Tbilissi à l’appel de l’opposition. Un mouvement qui, selon les autorités, fait douter les investisseurs étrangers de la stabilité économique et politique du pays.
„La situation politique dans le pays entrave les investissements“, a déclaré le Premier ministre Nika Guilaouri. L’opposition géorgienne accuse le président Saakachvili d’avoir mal géré le conflit avec la Russie et d’être devenu de plus en plus autoritaire depuis son arrivée au pouvoir en 2003, à la suite de la Révolution de la rose, démocratique et pro-occidentale.
Ce dernier a pour sa part exclu de démissionner, proposant en revanche des négociations sur des réformes démocratiques, mais l’opposition rejette tout dialogue.
Selon le conseiller économique du Premier ministre géorgien, Vato Lejava, les manifestations ont déjà provoqué l’ajournement de plusieurs centaines de millions de dollars d’investissements étrangers. „Les manifestations ont été pacifiques et n’ont pas suscité de vrais problèmes dans les rues“, a-t-il reconnu. „Mais plus ça dure, plus le climat des affaires en souffre“, a-t-il souligné. L’économie géorgienne a déjà subi un ralentissement brutal en 2008, en raison de la guerre contre la Russie et la crise financière mondiale, enregistrant une croissance de 2,1%, contre 12,4% en 2007. Les investissements étrangers dans le pays ont de leur côté diminué de façon drastique, passant de 525 millions de dollars (394 M EUR) au deuxième trimestre 2008 à 150 millions de dollars (112 M EUR) au troisième. Ils ont légèrement augmenté ensuite, pour atteindre 188 millions de dollars (141 M EUR) au quatrième trimestre. Le gouvernement prévoit une remontée des investissements étrangers à 400 millions de dollars (300 M EUR) au quatrième trimestre de cette année. La communauté géorgienne des affaires redoute toutefois aussi que le climat politique ne nuise à l’afflux des capitaux. „Bien sûr, cela a un impact négatif. Quand on diffuse une image d’instabilité au monde entier, les investisseurs s’abstiennent“, dit Fadi Asli, responsable de la branche locale de la Chambre de Commerce internationale. Peu avant le début des protestations, l’agence de notation financière Fitch avait annoncé qu’elle abaissait à „négative“ la perspective de la note de la dette souveraine à long terme de la Géorgie (actuellement à B+) en raison de l’instabilité politique. De leur côté, les leaders de l’opposition démentent que leurs manifestations menacent l’économie, rejetant la responsabilité de la situation sur M. Saakachvili.
„Une des raisons principales pour lesquelles l’opposition se bat contre les autorités est que leur politique a un impact catastrophique sur l’économie“, a déclaré à l’AFP Salomé Zourabichvili, ancienne ministre des Affaires étrangères passée à l’opposition. „L’instabilité politique et l’isolement se poursuivront aussi longtemps que ces autorités seront au pouvoir“, a-t-elle affirmé.