La France annonce son retour complet dans l’Otan mais se veut indépendante

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La France a défendu mercredi son retour controversé dans le commandement intégré de l'Otan, après 43 ans d'un statut particulier voulu par le général de Gaulle, clamant sa volonté de rester indépendante à l'égard des Etats-Unis et de renforcer l'Europe de la défense.

 „J’entends dire que si nous étions dans le commandement intégré de l’Otan cela remettrait en cause notre indépendance, soit c’est de la mauvaise foi, soit c’est de l’incompétence“, a lancé le ministre français de la Défense, Hervé Morin, lors d’un colloque de la Fondation sur la recherche stratégique (FRS) à l’Ecole militaire à Paris. „Cette volonté d’indépendance demeure et notre pleine participation à l’Alliance ne représente nullement une menace pour notre liberté de choix“, a renchéri le chef de la diplomatie, Bernard Kouchner.
Ce colloque devait être clôturé en fin d’après-midi par un discours du président Nicolas Sarkozy consacrant le retour de la France dans l’Alliance. „Nous participons quand nous voulons (aux opérations de l’Alliance), avec le niveau de forces que nous voulons“, a précisé M. Morin. „Notre participation (…) permettra d’accroître notre influence et de renforcer le point de vue européen au sein de l’Alliance“, a ajouté M. Kouchner. Pour le chef de la diplomatie européenne Javier Solana, l’Europe a besoin „d’une Otan forte et d’une PESD (politique européenne de sécurité et de défense) forte à l’intérieur de l’Union européenne“. Ex-secrétaire général de l’Otan, Javier Solana a salué le retour français tout comme le Premier ministre britannique Gordon Brown. „C’est une bonne chose pour la défense du monde“, a dit ce dernier.
L’Alliance atlantique reste „une école de stratégie sous influence de la pensée américaine“, a affirmé pour sa part l’ex-ministre socialiste de la Défense, Alain Richard. Le choix de la réintégration „n’est pas sans conséquences“ et aura „un coût diplomatique“, a-t-il estimé. L’abandon de la posture „d’allié indocile“ de l’Otan suscite une vive polémique en France. Certains, dans la majorité de droite, affirment que l’héritage gaulliste est bradé, tandis que l’opposition dénonce une initiative susceptible de provoquer un alignement sur Washington.
 Pour la dirigeante socialiste Martine Aubry, rien ne justifie ce retour complet dans l’Otan. „Il n’y a ni d’urgence, ni raison fondamentale, si ce n’est un atlantisme qui devient une idéologie“, a-t-elle déclaré. „Nous étions des alliés fiables et fidèles, mais nous avions cette part de liberté que nous assumions“, a regretté François Bayrou, l’opposant centriste, parlant d’une „amputation“. Après le discours de Nicolas Sarkozy, la „normalisation“ de la place de la France dans l’Otan passe encore par un vote de confiance du Parlement mardi, avant un sommet de l’Alliance organisé les 3 et 4 avril à Strasbourg (France) et Kehl (Allemagne).
Les Français semblent majoritairement favorables à l’initiative du président Sarkozy, à 58%, selon l’institut de sondage Ifop, et à 52%, selon son confrère LH2.
Membre fondateur de l’Otan en 1949, la France ne l’a jamais quittée politiquement, renforçant même son implication militaire après la chute du mur de Berlin. Depuis 1995, des milliers de soldats français ont combattu sous les couleurs de l’Otan dans trois grandes opérations: en Bosnie, au Kosovo et en Afghanistan.