La crise financière en Ukraine, un danger mis en avant à des fins politiques

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Le Premier ministre ukrainien Ioulia Timochenko et le président Viktor Iouchtchenko ont trouvé une nouvelle arme dans la lutte de pouvoir qui les oppose: la crise financière mondiale qui secoue aussi le pays.

 L’imbroglio politique qui mine l’Ukraine depuis septembre s’est encore épaissi lundi et mardi, le président reportant d’une semaine, du 7 au 14 décembre, des législatives anticipées, sans pour autant signer de décret en ce sens.
Si le blocage du scrutin par le gouvernement, qui refuse d’allouer des fonds pour ce vote, a forcé M. Iouchtchenko à retarder l’élection, le chef de l’Etat justifie aussi ce report par la nécessité d’adopter au Parlement „quelques dizaines de lois anticrise“. Le Premier ministre, soucieuse de montrer que sa priorité était les intérêts nationaux et non l’intrigue politique, appelait, elle, à l’annulation du scrutin et à l’union nationale pour lutter contre la crise. Mais mardi, le travail du Parlement ré-institué était bloqué par les députés du Bloc Ioulia Timochenko qui réclament que le plan „anticrise“ soit adopté avant un vote sur le budget des législatives anticipées. „Les éléments de concurrence politique prévalent dans le débat sur la crise économique (…) A chaque fois qu’un problème pourrait bénéficier d’une approche commune, il n’y pas de solution à cause du conflit“ entre les têtes de l’exécutif, remarque Iouri Iakimenko, du centre de recherches Razoumkov. L’analyse est encore plus sévère pour Anton Khmelnitski du fonds d’investissement Polar Capital. Iouchtchenko et Timochenko „ne sont pas des pragmatiques. Ils utilisent la crise à des fins politiques et ne savent même pas tellement ce que veut dire la crise financière“, assène-t-il. „L’instabilité politique ajoute un élément d’incertitude et ce n’est vraiment pas quelque chose dont on veut dans la situation actuelle“, poursuit M. Khmelnitski.
En effet, alors que l’économie ukrainienne est malmenée, aucune mesure de long ou moyen terme n’a été adoptée. Le pays est handicapé par la crise des liquidités et la chute des cours de l’acier, qui compte pour 30 à 40% des exportations, tandis que dans ce contexte les investissements risquent de baisser fortement en 2009. „Le secteur qui souffre le plus est la métallurgie à cause de la chute des cours. Le secteur financier souffre de la fuite des capitaux et ces secteurs entraînent avec eux les autres“, souligne Viacheslav Guérassimov, analyste au Centre pour la recherche sociale et économique. Et afin d’éviter la panique dans la population, la Banque centrale se concentre sur la défense du cours de la monnaie nationale, la hryvnia, conduisant à une baisse des réserves de devises. Dès lors, le succès des négociations avec le Fonds monétaire international pour l’octroi d’un crédit de 3 à 14 milliards de dollars est essentiel pour disposer d’argent frais, insistent les experts. Car déjà, confrontés à une situation économique imprévisible et aux tâtonnements des politiques, de nombreux habitants de Kiev préfèrent assurer leurs arrières et retirent leurs économies des banques où les queues s’allongent, a constaté une journaliste l’AFP. „Le crédit (du FMI) est essentiel pour couvrir une grosse partie des déficits l’année prochaine“, remarque Khmelnitski qui appelle de ses voeux l’adoption par les autorités „de mesures préventives car la situation sera pire dans quelques mois“. „Le FMI n’a pas besoin de grandes déclarations politiques, il a besoin de motifs, de savoir quelles sommes vont être utilisées et pour quoi, et comment cela aura un effet positif sur l’économie du pays“, souligne M. Guérassimov.