La crise au Cachemire s’envenime: 13 musulmans tués par l’armée et la police

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Treize manifestants musulmans ont été tués mardi par les forces de sécurité indiennes dans la partie indienne du Cachemire, l'un des pires incidents ces dernières années dans cette région divisée entre l'Inde et le Pakistan, et sous tension depuis deux mois entre hindous et musulmans

Treize manifestants musulmans ont été tués mardi par les forces de sécurité indiennes dans la partie indienne du Cachemire, l’un des pires incidents ces dernières années dans cette région divisée entre l’Inde et le Pakistan, et sous tension depuis deux mois entre hindous et musulmans. Il s’agit de l’une des plus graves crises dans ce territoire himalayen depuis le lancement en 1989 d’une insurrection séparatiste anti-indienne, récupérée par des islamistes, et qui a fait au moins 43.000 morts. D’après des policiers, médecins et habitants, treize musulmans, dont une femme, ont été abattus par l’armée et la police dans plusieurs districts de l’Etat indien du Jammu-et-Cachemire, notamment dans la capitale d’été Srinagar où un couvre-feu diurne a été imposé. Les tirs à balles réelles des policiers ou des soldats ont également fait 100 blessés, ont indiqué la police et des sources hospitalières. Les forces de l’ordre indiennes „aiment tuer des musulmans“, a dénoncé un étudiant, Showket Ahmed, du seul Etat indien où les musulmans sont majoritaires.
La veille, un chef séparatiste cachemiri, Sheikh Abdul Aziz, ancien militant islamiste reconverti en homme politique modéré, et trois manifestants étaient tombés sous les balles des militaires alors qu’ils participaient à une manifestation de 100.000 personnes près de la Ligne de Contrôle, la frontière qui sépare de facto depuis 1949 le Cachemire indien du Cachemire pakistanais. Le Pakistan, qui a repris un laborieux dialogue de paix avec l’Inde en janvier 2004, a immédiatement accusé New Delhi d’usage „excessif et injustifié“ de la force.
Le ministère indien des Affaires étrangères a répondu à son homologue pakistanais qu’il „s’ingérait clairement dans les affaires intérieures d’une partie intégrante de l’Inde“. Le Cachemire est divisé entre le Pakistan et l’Inde et les deux puissances nucléaires militaires d’Asie du Sud se le disputent depuis 1947. Deux des trois guerres qui les ont opposées ont eu trait à cette question. Les deux pays ont conclu en novembre 2003 un cessez-le-feu le long de la Ligne de Contrôle. Mais „nous voulons la liberté et nous poursuivrons notre lutte jusqu’à ce que nous soyons libres“, a déclaré à l‘AFP le chef séparatiste et dignitaire musulman, Mirwaiz Umar Farooq. Il participait à Srinagar, avec 50.000 personnes, aux funérailles de M. Aziz dont le corps était porté aux cris de „nous voulons la liberté!“ et „nous ferons couler le sang pour le sang!“. Pour des analystes cachemiris, ce brusque regain de violences est une manifestation du ressentiment local face à l’absence d’avancée sur la question du Cachemire dans le cadre du processus de paix indo-pakistanais. Mais, fait nouveau, la partie indienne est le théâtre depuis deux mois de violences interconfessionnelles entre hindous et musulmans. Tout a commencé à la mi-juin lorsque le gouvernement du Jammu-et-Cachemire a alloué des terrains à des dizaines de milliers d’hindous qui affluent chaque année pour l’Amarnath Yatra, un grand pèlerinage vers une grotte à 3.800 mètres d’altitude sur les contreforts de l’Himalaya et réputée être une demeure du dieu Shiva.
Face à la colère des musulmans, les autorités étaient revenues sur leur décision, déclenchant en conséquence le courroux des hindous dont certains ont attaqué des musulmans et bloquent la route entre Srinagar et Jammu, la capitale d’hiver du Cachemire indien.