Karadzic accuse les grandes puissances d’avoir orchestré la guerre de Bosnie

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Les "grandes puissances" ont orchestré la guerre de Bosnie pour "réaliser leurs objectifs impérialistes", a affirmé à l'AFP Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie bientôt jugé par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie.

La guerre de Bosnie (1992-1995) est un „exemple de la façon dont certains pays ont usé et abusé d’une petite nation à leurs propres fins pour mettre en oeuvre leurs propres alliances militaires et réaliser leurs objectifs impérialistes“, a répondu M. Karadzic, incarcéré à La Haye, à des questions écrites de l’AFP. „L’éclatement de la Yougoslavie et la guerre en Bosnie ont été envisagés par les grandes puissances bien avant que j’entre en politique. Elles ont alors déclenché ces événements en utilisant leurs services de renseignement et militaires“, a-t-il ajouté.

„J’ai l’intention de révéler tout ceci durant mon procès“ qui devrait commencer en septembre, a-t-il assuré, sans nommer les grandes puissances qu’il visait : „le monde mérite de connaître la vérité et ce que la communauté internationale a fait à ses dépens“. M. Karadzic a demandé au TPI d’ordonner à une quinzaine de pays, dont les Etats-Unis, la France et l’Allemagne, de lui transmettre des documents qui prouvent selon lui son innocence. Certains documents des services de renseignement de ces pays font état, selon lui, de livraisons d’armes – en violation d’un embargo – par des soldats de l’ONU aux Musulmans de Bosnie avec lesquels il était en guerre. „J’exprime ma compassion aux victimes de la guerre en Bosnie, Serbes, Croates et Musulmans, pour leurs souffrances“, a poursuivi M. Karadzic.

„Certaines de ces personnes découvriront que ceux qui en sont responsables étaient leurs propres dirigeants, qui ont rejeté toutes les occasions qui se sont présentées pour éviter la guerre, et certains de leur amis étrangers qui se sont servis d’eux“, a-t-il accusé. M. Karadzic, 64 ans, assure seul sa défense devant le TPI, comme l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic, mort en mars 2006 avant la fin de son procès. Il est assisté par une équipe d’avocats spécialisés en droit international.

„Je travaille à temps plein, sept jours par semaine“, a-t-il expliqué : „j’espère que le procès ne commencera pas avant que je n’aie eu le temps de me préparer, sinon ce serait simplement un procès spectacle et une parodie de justice“. M. Karadzic affirme qu’il doit lire „plus d’un million de pages“ de documents de l’accusation et étudier une par une les dépositions de témoins à charge sur des vidéos notamment, ce qui prendrait 350 jours, selon lui. Ces témoins „seront la meilleure preuve de mon innocence s’ils disent la vérité“, assure-t-il.

„Si je me défends moi-même, j’aurais la parole tous les jours. Ceci me permettra de forcer les témoins à décrire ce qui s’est vraiment passé en Bosnie et qui en est responsable“, a-t-il expliqué, ajoutant : „je connais les faits mieux que n’importe quel avocat“. L’accusé, qui avait été arrêté le 21 juillet à Belgrade après 13 ans de cavale, a réaffirmé qu’il était protégé de toute poursuite en vertu d’un accord signé selon lui avec le négociateur américain de la paix en Bosnie Richard Holbrooke, ce que le TPI refuse de reconnaître. Radovan Karadzic est accusé de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité pour son rôle dans la guerre de Bosnie qui a fait 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés. Il plaide non coupable. Son procès devrait durer jusqu’en 2013.