Juncker reste à la tête de l’Eurogroupe, avant peut-être celle de l’UE

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Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker a été reconduit vendredi pour deux ans au poste de chef de file des ministres des Finances de la zone euro, en attendant peut-être un jour celui de président de l'Union européenne, si le traité de Lisbonne sort de l'ornière.

 „Il vient d’être renouvelé à l’unanimité des membres de l’Eurogroupe pour une période de deux ans“, a déclaré devant la presse la ministre française des Finances Christine Lagarde, dont le pays préside l’UE, à l’occasion d’une réunion à Nice (sud de la France) de ce forum informel des quinze ministres des Finances de la zone euro. „Il a été jusqu’à présent un excellent président de l’Eurogroupe“ et „je me réjouis qu’il soit là pendant les deux prochaines années“, lui a fait écho le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia. Vétéran des réunions européennes — il est ministre des Finances au Luxembourg depuis 1989 et cumule depuis 1995 ce poste avec celui de Premier ministre –, Jean-Claude Juncker était devenu le 1er janvier 2005 le premier président permanent de l’Eurogroupe. La fonction était assurée auparavant de manière tournante, par le ministre des Finances du pays présidant l’UE. Et l’idée, avec un poste permanent, a été de donner une meilleure visibilité à l’Eurogroupe. Certains espéraient aussi créer un contrepoids politique face à la toute puissante Banque centrale européenne, une position toutefois peu consensuelle et qui ne s’est pas traduite jusqu’ici dans la réalité. En attendant, Jean-Claude Juncker a fait son cheval de bataille de la nécessité pour l’Europe de parler d’une seule voix dans les instances internationales.
Mercredi encore, il a qualifié de „proprement ridicule“ l’émiettement de la représentation de la zone euro dans les grands forums économiques, tels le G7 des sept principaux pays industrialisés ou le Fonds monétaire international. „L’Eurogroupe devrait parler d’une seule voix et ne pas offrir le spectacle incessant de venues et arrivées“ de ses responsables lors des rencontres internationales, a-t-il estimé devant le Parlement européen. „Les autres se moquent de nous“, a-t-il dit en faisant référence à des conversations en privé avec les responsables américains. „Mais comme le ridicule ne tue pas en Europe…“ Le sens de l’humour, un caractère de bon vivant et l’expérience de l’homme de 53 ans, qui affiche aussi une longévité rare chez les ministres des Finances, ont convaincu ses homologues de le reconduire. Ils ont même pour cela révisé une règle qui voulait que le président de l’Eurogroupe ne fasse pas plus de deux mandats de deux ans. Jusqu’à peu, M. Juncker lui-même disait n’être „pas demandeur“ pour un troisième mandat. Il était plutôt considéré comme favori pour le poste de président de l’Union européenne, prévu par le traité de Lisbonne. C’est la raison pour laquelle le ministre belge des Finances, Didier Reynders, s’était dit en juin „disponible“ pour la présidence de l’Eurogroupe. Les noms de ses collègues espagnol Pedro Solbes et néerlandais Wouter Bos ont aussi été cités.
Mais avec le rejet du traité par l’Irlande en juin, la mise en place du poste de président du Conseil de l’UE est en suspens. Si le texte devait quand même au bout du compte être ratifié par les 27 pays de l’UE, via un nouveau référendum organisé l’an prochain par exemple en Irlande -en échange de concessions ou garanties offertes à Dublin-, M. Juncker pourrait revenir dans la course à la présidence de l’UE à l’horizon 2010. Et ne pas aller au terme de son nouveau mandat à l’Eurogroupe.