„Je suis ici pour annoncer que moi-même et la dirigeante du parti social-démocrate (Ingibjorg Solrun Gisladottir, également ministre des Affaires étrangères sortante, ndlr), avons décidé de ne pas poursuivre la coalition“, a déclaré M. Haarde lors d’une conférence de presse. Le parti de l’Indépendance, formation de centre-droit du Premier ministre, partageait le pouvoir avec le parti social-démocrate depuis mai 2007 pour un mandat de quatre ans. M. Haarde a précisé qu’il ne pouvait pas accepter la demande du parti social-démocrate de prendre la tête du gouvernement car ce n’était pas le terme de l’accord passé à l’issue des dernières législatives où le parti de l’Indépendance avait remporté 36,6% des suffrages et le parti social-démocrate 26,8%. Il a ajouté qu’il souhaitait former une nouvelle coalition avec tous les partis et être reconduit comme chef du gouvernement. „Je resterai en retrait le mois à venir et je suggère que M. Haarde en fasse de même“, a commenté de son côté Mme Gisladottir, estimant qu’il serait arrogant de la part de M. Haarde de ne pas adopter la même attitude. Plus tard dans la journée, Geir Haarde devait rencontrer les députés des différents partis pour former une nouvelle coalition. L’annonce de la démission du gouvernement intervient quelques jours après la décision d’organiser des élections anticipées en mai au lieu de 2011. Sous la pression de la population qui multiplie les manifestations, Geir Haarde avait annoncé vendredi la tenue de ces élections le 9 mai et avait en outre dévoilé qu’il ne se représenterait pas pour des raisons de santé. Mais cela n’a pas suffi à calmer les esprits. Près de 5.000 personnes étaient encore dans la rue samedi pour réclamer une démission immédiate du gouvernement. Le même jour, le ministre social-démocrate du Commerce avait annoncé sa démission pour prendre ses propres responsabilités alors qu’un sondage montrait que la cote de popularité de la coalition était au plus bas (20,3% contre 31,6% en novembre et 71,9% en février 2008) au profit du parti Gauche-Verts (32,6%). Le chef du gouvernement s’était entretenu tout le week-end avec Ingibjorg Solrun Gisladottir, pour discuter de l’avenir de cette coalition, celle-ci ayant fait savoir quelques jours plus tôt qu’elle souhaitait sauvegarder l’alliance. Mais elle avait conditionné le maintien de la coalition sortante au départ du ministre des Finances Arni Mathiesen et du gouverneur de la Banque centrale David Oddsson, deux proches du Premier ministre très influents. Elle avait prévenu qu’elle mettrait fin à la coalition en cas de refus pour s’allier au parti Gauche-Verts, selon des sources proches. L’Islande, petite île de 320.000 habitants non membre de l’Union européenne, qui avait basé sa prospérité sur un secteur bancaire hypertrophié, a vu son économie terrassée par la crise internationale à l’automne. En octobre, le gouvernement a été contraint de prendre le contrôle à la hâte des trois premières banques du pays, à court de liquidités, suscitant la colère des habitants dont nombre ont perdu leur emploi et vu leurs économies partir en fumée. Le pays des geysers, l’un des Etats les plus prospères de l’OCDE ces dix dernières années, va voir son Produit intérieur brut se contracter de 9,6% cette année. Enfin, le chômage, jusqu’alors quasi inexistant, devrait toucher 7,8% de la population active.
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