Irak: le lanceur de chaussures doit être libéré

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Mountazer al-Zaïdi, devenu célèbre après son lancer de chaussures contre l'ancien président américain George W. Bush en décembre 2008, doit recouvrer la liberté mardi, après neuf mois de prison.

Les autorités irakiennes n’ont jusqu’à présent donné aucune indication ni détails sur sa libération qui devait avoir lieu lundi, mais a été reportée d’un jour en raison de procédures administratives, selon sa famille. „Il sera libéré au cours des deux prochaines heures“, a affirmé à l’AFP Dourgham al-Zaïdi, un des frères du journaliste irakien emprisonné. Lundi, la famille et des dizaines de journalistes s’étaient rassemblés devant la base militaire de Mouthanna, dans l’ouest de Bagdad, où le journaliste passait les dernières heures de sa détention. „Il m’a appelé de la prison et m’a dit qu’il ne serait pas libéré aujourd’hui. Il m’a dit +Ils me libéreront demain+ (mardi)“, avait indiqué à l’AFP Dourgham.
Le frère a fondu en larmes quand il a appris la nouvelle, devant sa famille qui était venue pour accueillir Mountazer en héros. Ses soeurs, ses neveux et nièces brandissaient des photos du journaliste et des drapeaux irakiens devant une horde de journalistes irakiens et internationaux venus couvrir l’évènement. Selon sa famille, Mountazer al-Zaïdi „fera un voyage à l’étranger, en particulier dans les pays arabes, pour remercier toutes les personnes qui l’ont soutenu“ après sa sortie de prison. Interrogé pour savoir s’il retournerait travailler à la chaîne de télévision Baghdadia, son ancien employeur, Oudaï, un autre de ses frères, a répondu: „Il n’y retournera pas car la chaîne s’est servie de son nom pour se faire de la publicité“.
Il souhaite au contraire créer un centre pour les orphelins et les veuves, auxquels il avait dédié son geste lors de la conférence de presse, avec l’argent promis par ses admirateurs, a précisé sa famille. Mountazer al-Zaïdi était devenu célèbre le 14 décembre 2008 lors d’une conférence de presse à Bagdad de George W. Bush, qui réalisait sa dernière visite dans le pays envahi par ses troupes en 2003. Le journaliste avait lancé ses chaussures, pointure 43, à la tête de Bush, qui les avaient évitées de justesse, en criant: „C’est le baiser d’adieu, espèce de chien“.
Condamné en première instance à trois ans de prison pour „agression contre un chef d’Etat en visite officielle“, sa peine avait été réduite en appel à un an. Il sera libéré au bout de neuf mois pour bonne conduite. Depuis son geste, diffusé par les télévisions du monde entier, Mountazer al-Zaïdi est célébré dans les pays arabes et au-delà comme un héros qui s’est opposé aux Etats-Unis, et de nombreuses manifestations ont été organisées de Rabat au Caire en passant par Gaza et Londres lors de son jugement. Mais beaucoup d’Irakiens n’ont pas apprécié l’acte du journaliste, contraire aux traditions d’accueil d’invités, fussent-ils des ennemis, dont ils sont très fiers.
Dans la culture arabe, jeter ses chaussures à la tête de quelqu’un et le traiter de „chien“ est considéré comme une grave insulte. Lors de la chute de Saddam Hussein en 2003, les manifestants avaient également exprimé leur colère et leur mépris en frappant la statue du dictateur avec leurs chaussures. A sa sortie de prison, le journaliste devrait être couvert de présents, a selon Dourgham al-Zaïdi. „Nous avons reçu des promesses d’argent. L’émir du Qatar a promis un cheval en or, le colonel Mouammar Kadhafi va le décorer et d’autres personnes veulent lui envoyer des voitures de sport“, a-t-il assuré récemment.