Hamid Karzaï, ex-protégé de l’Occident, en crise de légitimité

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Hamid Karzaï, investi jeudi pour un nouveau mandat de cinq ans à la tête de l'Afghanistan, après avoir remporté par défaut une élection marquée par des fraudes massives, est un ancien protégé de l'Occident tombé en disgrâce en raison d'un bilan controversé.

Porté au pouvoir par les puissances occidentales fin 2001, après la chute des talibans, il a été réélu après le retrait de son adversaire Abdullah Abdullah du second tour de la présidentielle, après un premier tour calamiteux le 20 août, entaché de fraudes massives en faveur du sortant, entraînant l’annulation d’un quart des bulletins de vote. Mais, même avant l’avalanche de critiques sur ces fraudes, ses partisans au sein de la communauté internationale donnaient des signes d’impatience, face à un gouvernement et des proches de M. Karzaï soupçonnés de corruption. Aussitôt réélu, Karzaï a été fortement incité par Washington et Londres à s’attaquer sérieusement à ce fléau qui gangrène le pays. Barack Obama a prévenu que „la preuve ne se ferait pas sur les paroles, elle sera faite sur les actes“, liant cette question à l’envoi de nouveaux renforts américains. „Nous devons apprendre de nos erreurs et de nos échecs au cours des huit dernières années“, a reconnu Hamid Karzaï au cours de son discours d’investiture. „La culture de l’impunité doit prendre fin“ en Afghanistan, a-t-il promis.
Lors de la campagne, l’homme au caftan vert et violet et à la toque d’astrakan, réputé pour son élégance et sa politesse, originaire d’une famille de pouvoir, n’a fait que quelques meetings sous haute protection, tout en menant des négociations en coulisses qui lui ont apporté le soutien de leaders ethniques et religieux et de chefs de guerre influents. Il a surtout choqué la communauté internationale par son choix comme candidat à la vice-présidence de Mohammad Qasim Fahim, ancien chef de guerre tadjik soupçonné de crimes de guerre et de trafic de drogue. „Aux Etats-Unis, durant leur guerre de libération, leur guerre civile et après, beaucoup de gens étaient fêtés en héros. L’Afghanistan aussi a ses héros, comme l’Europe a ses héros“, a-t-il répondu. Mais les conditions calamiteuses du premier scrutin, dont les résultats définitifs n’ont été publiés que deux mois après l’élection et la longue réticence de Hamid Karzaï à accepter sous la pression internationale un second tour, ont encore terni sa réputation. Sa réélection par défaut, en raison du retrait d’Abdullah Abdullah, qui se fait le champion de la justice, fragilise la légitimité de Karzaï. Pachtoune du clan des Popalzaï, né le 24 décembre 1957 dans le village de Karz, près de Kandahar, la grande ville du Sud, berceau des talibans, il a étudié à Kaboul puis en Inde, où il s’est spécialisé en sciences politiques. Marié à Zenat, médecin à la présence très discrète, il a eu un fils en 2007.
Entre 1982 et 1994, il passe la majeure partie de son temps en exil, au Pakistan notamment.
En 1994, il entretient des liens avec les talibans mais rompt définitivement lorsque son père meurt en 1999 à Quetta (Pakistan) dans un attentat attribué aux étudiants en religion. Rentré clandestinement en Afghanistan en octobre 2001, ce leader tribal est, après la chute des talibans, désigné président en décembre à la conférence de Bonn, chargée de constituer un gouvernement „intérimaire“ protégé par les Occidentaux.
Confirmé en juin 2002 par une loya jirga (grand conseil tribal), il remporte fin 2004 la première présidentielle au suffrage universel direct de l’histoire du pays avec 55,4% des suffrages. Hamid Karzaï a survécu à au moins quatre tentatives d’assassinat, dont la dernière en avril 2008 à Kaboul.