Gül à Bagdad, première visite d’un chef de l’Etat turc depuis 33 ans

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Le président Abdullah Gül est arrivé lundi à Bagdad pour la première visite d'un chef de l'Etat turc en plus de trente ans en Irak où il doit discuter de la question de l'eau et des séparatistes kurdes du PKK.


M. Gül est arrivé en début d’après-midi et a été accueilli, avec son épouse, par le couple présidentiel irakien, le Kurde Jalal Talabani et sa femme, dans la résidence du chef de l’Etat irakien à Bagdad. Geste rare entre responsables turcs et kurdes, les deux hommes se sont donnés l’accolade et embrassés. „M. Gül discutera avec le président Jalal Talabani et le Premier ministre Nouri al-Maliki, de la question du PKK, de l’eau et des relations économiques“, a annoncé la télévision publique irakienne Iraqiya. La présidence irakienne a précisé que la visite s’achèverait mercredi. Selon une source kurde, le Premier ministre du Kurdistan irakien, Nechirvan Barzani, a également fait le déplacement d’Erbil à Bagdad pour rencontrer M. Gül.
Le dernier président turc à effectuer une visite en Irak avait été Fahri Korutürk en 1976. Il avait rencontré le président Ahmed Hassan al-Bakr, prédécesseur de Saddam Hussein à la tête de l’Irak. Le président irakien s’était rendu il y a un an à Ankara où il avait discuté avec son homologue turc de la présence au Kurdistan irakien des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ankara a accusé les Kurdes irakiens, qui jouissent d’un statut d’autonomie vis-à-vis de Bagdad, de tolérer, voire d’aider le PKK. Mais les relations bilatérales se sont améliorées récemment, et les autorités kurdes d’Irak ont manifesté la volonté d’aider la Turquie à lutter contre le PKK. Des centaines de militants du PKK sont installés dans le Kurdistan irakien, d’où ils lancent des attaques en territoire turc. L’aviation turque mène régulièrement des raids contre ces bases arrières. Mercredi, en marge du 5e Forum mondial de l’eau à Istanbul, M. Talabani avait indiqué que des partis kurdes d’Irak, de Syrie, d’Iran, de Turquie et d’Europe allaient lancer un appel commun au PKK pour qu’il cesse la lutte armée.
Le PKK a commencé sa guerilla en 1984 dans le sud-est de la Turquie, pour obtenir l’indépendance de la région. Le conflit a fait environ 44.000 morts. MM. Gül et Talabani doivent également s’entretenir de la question de l’eau. La construction par les autorités turques de barrages sur le Tigre et l’Euphrate réduisent considérablement leur débit en Irak. Selon l’ONU, „la construction de nouveaux barrages et de réservoirs dans les pays voisins de l’Irak pourrait conduire à une baisse des eaux qui représentent 76% du débit annuel des fleuves Tigre et Euphrate“. „L’Irak et ses pays voisins sont confrontés à plusieurs défis pour s’assurer que les ressources en eau soient équitablement partagées. Le succès de ce processus dépendra de la coopération, de la tolérance et du respect mutuel“ entre ces pays, estimait dimanche Mohammed Djelid, le directeur de l’Unesco en Irak.
Les responsables turcs et irakiens devraient également évoquer le sort de Kirkouk, cette province irakienne riche en pétrole et divisée entre Kurdes, Turcomans et Arabes. Les Turcomans, un groupe ethnique de près de 600.000 personnes, sont concentrés autour de Kirkouk. Pour leur part, les Kurdes de Kirkouk demandent le rattachement de la province aux trois provinces kurdes du nord de l’Irak. La Turquie est opposée à cette idée. Le porte-parole du Front turcoman d’Irak, Ali Hashim Oglo, a qualifié la visite de M. Gül de „journée historique“.