Géorgie: grande manifestation jeudi pour la démission de Saakachvili

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L'opposition géorgienne organise jeudi une grande manifestation pour réclamer la démission du président Mikheïl Saakachvili, en perte de vitesse depuis la guerre avec la Russie du mois d'août.


Les leaders de l’opposition ont promis de mobiliser au moins 100.000 personnes le 9 avril, 20 ans jour pour jour après une manifestation anti-soviétique à Tbilissi violemment réprimée, qui avait fait 20 morts. Ils menacent de manifester tant que leurs exigences ne seront pas satisfaites. „Les manifestations vont durer plusieurs jours“, a déclaré à l’AFP Salomé Zourabichvili, ancien chef de la diplomatie géorgienne et l’une des principales organisatrices de l’événement. „Les autorités ne sont pas légitimes. Nous n’avons qu’une chose à demander à ceux qui détruisent notre pays: ils doivent démissionner“, a-t-elle poursuivi. Le mécontentement contre le président Mikheïl Saakachvili ne cesse de croître depuis la guerre éclair avec la Russie pour le contrôle de l’Ossétie du Sud en août, qui a entraîné la reconnaissance par Moscou de cette république ainsi que de l’Abkhazie, un autre territoire séparatiste pro-russe. Ses détracteurs, dont plusieurs anciens alliés, reprochent au chef de l’Etat sa mauvaise gestion du conflit. Ils l’accusent aussi de persécuter des opposants, de contrôler les médias et de ne rien faire contre la pauvreté. Unis dans leur volonté de faire tomber Saakachvili, les opposants sont toutefois profondément divisés et n’ont pas de programme commun. Le principal parti de l’opposition siégeant au Parlement, les Chrétiens démocrates, a refusé de prendre part à la manifestation. Les partisans du président géorgien saluent de leur côté les réformes de M. Saakachvili, et jugent que les appels aux élections anticipées ne sont pas raisonnables.
M. Saakachvili a été réélu lors d’une présidentielle anticipée en janvier 2008 et son parti est majoritaire au Parlement depuis les législatives de mai. „On ne peut pas changer les résultats des élections simplement parce qu’ils ne plaisent pas à certaines forces politiques“, souligne David Bakradzé, président du Parlement et proche allié de Saakachvili, tout en mettant l’opposition en garde contre le recours à la violence. „La confrontation avait déjà eu des conséquences catastrophiques pour le pays, qui a été confronté à une guerre civile au début des années 1990. J’espère que les leaders de l’opposition comprennent qu’il faut éviter un tel scénario“, ajoute-t-il.
Plusieurs membres du parti de l’ex-présidente du Parlement Nino Bourdjanadzé, passée dans l’opposition, ont été arrêtés ces dernières semaines, accusés de recel d’armes et de préparation d’une attaque armée, ce qui alimente les craintes des troubles. Les opposants disent de leur côté que seules les autorités pourraient déclencher des violences comme en novembre 2007, lorsqu’une manifestation anti-Saakachvili a été dispersée avec des balles de caoutchouc et du gaz lacrymogène.
„Les chances de l’opposition (d’obtenir la démission du président) sont minimes parce qu’il n’y a pas de fort sentiment anti-gouvernemental dans la société“, souligne l’analyste politique indépendant Guia Nodia. Selon un sondage mené en mars par l’International Republican Institute, seuls 28% des Géorgiens soutiennent la démission de Saakachvili, tandis que 51% pensent que le pays a besoin d'“unité et de patience“. „On ne peut cependant pas exclure des troubles si une partie de l’opposition provoque une escalade et si les autorités commettent une erreur“, estime toutefois M. Nodia.